Twitter: Les sportifs français se lâchent enfin
INTERNET•A l'image de Sébastien Chabal ou d'Amaury Leveaux, ils sont quelques-uns à être devenus accros aux messages de 140 signes...Alexandre Pedro
Que retiendra-t-on de Lance Armstrong dans vingt ans? Ses sept victoires dans le Tour de France, son combat contre le cancer où que l’Américain a montré la chemin de Twitter aux sportifs du monde entier? Peut-être bien cette dernière option, tant le réseau social semble promis à marquer l'histoire du Web. Le sport tricolore, lui, a mis du temps avant de prendre la roue de @lancearmstrong.
En 2009, Sébastien Chabal est l’un des premiers à sauter la digue des 140 signes. Son conseiller en image, Pascal Irastorza, est à l’origine de la rencontre entre le rugbyman et le site de micro-blogging. «Il ne connaissait pas du tout à l’époque, avoue le patron de la société Laminak conseil. Je lui ai montré comme cela fonctionnait et il s’y est mis tout seul. Maintenant, on ne l’arrête plus. Il tweete selon son envie et répond aux internautes. Il n’est pas dans la communication mais dans le plaisir.»
«Je mets ce que j’ai envie de mettre»
Dans la foulée du joueur du Racing-Metro et de ses 85.000 followers (abonnés), Twitter tend à devenir un terrain de jeu pour d’autres sportifs français. Amaury Leveaux avoue son addiction. Le nageur balance du tweet (message) comme il aligne les longueurs de bassins. «Je tweete sur tout et n’importe quoi», prévient l’élève de Philippe Lucas. De la téléréalité aux grèves de la SNCF, Leveaux ne s’interdit rien et se contrefout de l’image qu’il renvoie. «Je mets ce que j’ai envie de mettre, comme je n’ai pas de partenaires je dis ce que je veux. Certains m’ont dit que je n’avais pas à commenter les primaires socialistes, je me suis fait traiter de sale bourge… Je m’en fous.»
Sur Twitter, il n’y a pas de cerbères à l’entrée pour virer les petits malins ou d’attachés de presse pour filtrer les questions dérangeantes. «C’est ce qui fait encore peur en France, avance Pascal Irastorza. A la différence des Etats-Unis, on est dans un pays où les champions ne sont pas habitués à parler ou alors souvent pour ne rien dire.»
Les clubs ne sont pas pour
Pour percer sur Twitter, le nom et le palmarès ne suffisent. Encore faut-il donner de sa personne. Le footballeur Romain Danzé l’a bien compris. «Je prends quelques minutes tous les jours pour répondre aux personnes qui m’interpellent, explique le défenseur du Stade rennais. C’est toujours assez drôle, il y a un mec par exemple qui me balance des messages seulement après les défaites.» Le Breton a aussi entrepris de convertir ses partenaires. «Vincent Pajot et Chris Mavinga s’y sont mis grâce à moi». Un prosélytisme que le club ne voit pas forcément d’un bon œil. «Ils ne sont pas trop pour, admet Danzé. Ils préfèrent quand on passe par eux.» En France, le match n’est pas encore gagné pour Twitter.