Qatar: Aspire, la fabrique de champions
Le Qatar n'a pas encore de champion d'envergure mais si la future star du sport qatari est déjà née, elle ne peut raisonnablement échapper à Aspire, l'Académie de formation que le monde entier envie au petit Etat du Golfe.© 2011 AFP
Le Qatar n'a pas encore de champion d'envergure mais si la future star du sport qatari est déjà née, elle ne peut raisonnablement échapper à Aspire, l'Académie de formation que le monde entier envie au petit Etat du Golfe.
Deux cents garçons de 12 à 17 ans, dont trois quarts de footballeurs mais également des athlètes, pongistes et squasheurs, poursuivent leur scolarité dans le cocon de ce sport-études de luxe lancé, comme tous les projets sportifs du pays, dans la foulée des Jeux Asiatiques de 2006.
Ici, pas de dortoirs mais des chambres doubles moquettées, des cours dispensés sur ordinateur par la crème des enseignants, une cafétéria régie par une batterie de nutritionnistes avec vue, à travers la verrière climatisée, sur neuf terrains de football à l'herbe étonnamment verte bichonnée par une armée de jardiniers indiens. Vue plongeante aussi sur le reste des quelque 300.000 m2 de l'Aspire Zone, le parc sportif high-tech de Doha avec son grand stade, ses deux piscines olympiques, sa clinique, son hôtel 5 étoiles, son centre commercial...
L'Aspire Academy ne refuse rien à ses élus, dont le cursus est entièrement pris en charge. Ses entraîneurs dans les quatre disciplines principales sont tous des étrangers hautement qualifiés, et les "sparring-partners" de ses enfants sont triés sur le volet.
Le Bayern Munich, Manchester United et récemment le Paris-SG ont tous envoyé leurs équipes de jeunes à Aspire, avec un bilan mitigé, comme le rappellent les photos jonchant les allées. "Les résultats de nos équipes sont très bons contre les clubs européens", s'enorgueillit Stuart Hodge, le responsable, australien, de la communication d'Aspire.
"Il est trop tôt encore pour cueillir les fruits d'un tel programme au plus haut niveau, reprend-il. Le plus vieux des diplômés de l'Académie n'a que 21 ans". Un peu juste pour renforcer efficacement l'équipe nationale en quête de qualification pour le Mondial de football 2014.
En athlétisme, en revanche, le travail paie déjà. Le sauteur en hauteur Mutaz Essa Barshim, 20 ans, élève de la première promotion d'Aspire, champion du monde junior, champion d'Asie senior en titre, est l'un des très grands espoirs de la discipline.
Pour recruter ses élèves, Aspire a récemment lancé un programme multisport pour les enfants de six ans, après la classe, ouvert celui-là aux petites filles, contrairement à l'Académie. Les entraîneurs des quelque 25 fédérations sportives du pays viennent y dispenser les rudiments de leur sport et repérer précocement les talents. Une mission facilitée par l'étroitesse d'une population qatari (environ 500.000) qui n'a en revanche été sensibilisée que très récemment au sport et à ses bienfaits.
"On fait quasiment du repérage individuel, du cas par cas pour savoir quel sport convient à tel enfant, souligne Stuart Hodge. On a un élève qui fait de la voile par exemple. Mais un seul."
Cela suffit pour ramener une médaille.