RUGBYSans la prime de finale de Coupe du monde, Marc Lièvremont aurait dû vendre sa maison

Sans la prime de finale de Coupe du monde, Marc Lièvremont aurait dû vendre sa maison

RUGBYUn peu moins d'un mois après la fin de la Coupe du monde, le sélectionneur s’est exprimé longuement sur l’épopée néo-zélandaise...
Marc Lièvremont, le 5 septembre 2011 à Takapuna.
Marc Lièvremont, le 5 septembre 2011 à Takapuna. - J.Naegelen / REUTERS
B.V.

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C’est «quand sa femme a eu le dos tourné» qu’il en a profité pour raser sa moustache. Comme pour tourner définitivement la page Coupe du monde. Près d’un mois après la finale perdue face à la Nouvelle-Zélande (9-8), Marc Lièvremont s’est confié au Monde.fr dans une longue interview pleine de sincérité, de fierté et aussi d’un peu d’amertume. Comme lorsqu’il avoue ne pas encore avoir revu la finale: «Ce match est le seul en quatre ans que je n'ai pas regardé, explique-t-il. J'ai peut-être envie de conserver le premier ressenti, à chaud. Et puis cela pourrait raviver des blessures. Il y a quand même un sentiment d'amertume. On est passé à côté de quelque chose d'énorme, certainement l'un des plus grands exploits du sport français.»

«Mon rôle d’être le Père Fouettard»

Toujours très classe quand il s’agit de parler de l’arbitre – «je pense que c’est un mec intègre [Craig Joubert] qui a été influencé, on pouvait se douter qu’on serait seuls contre tous» - le sélectionneur des Bleus (jusqu’au 1er décembre) alterne réponses sincères sur sa relation avec ses joueurs et anecdotes. «Je pense qu’on a été un groupe sain dans l’ensemble, et beaucoup de joueurs ont été irréprochables jusqu’à la fin de la compétition. Sur les trois dernières semaines, ils ont su donner le meilleur d’eux même et mettre de côté leurs problèmes d’ego. C’est mon rôle d’être le Père Fouettard, quitte à blesser les joueurs, parce que j’ai compris depuis longtemps qu’on ne peut attendre de leur part de la reconnaissance ou de la gratitude.»

En témoigne l’interview très rude donnée par Imanol Harinordoquy au Midi Olympique, dans lequel le numéro 8 de Biarritz estimait que Marc Lièvremont était «perdu» et «dépassé»: «Je ne veux même pas le citer. Il a été un grand joueur sur cette compétition. Je suis presque déçu pour lui. Qu'est-ce que ça apporte? Il a été donner au Midi olympique ce que ce journal avait envie d'entendre. Toujours pareil: ma soi-disant incompétence. C'est tellement éculé comme propos! Je le considère comme quelqu'un d'intelligent, avec un gros ego. J'ai été surpris par son manque de sincérité, parce que jusqu'au bout il m'a serré la main. Il aurait pu, même après la finale, me dire qu'il ne m'avait pas apprécié.»

Pas de fracture

Et de réfuter la thèse selon laquelle une fracture existait entre les joueurs et lui: «Cette rupture dont on a parlé dès les matchs de poule n’a pour moi jamais existé. Entendons-nous bien: j’ai toujours mis une barrière affective avec mes joueurs, parce que c’est dans ma nature.» Bref, enfin libéré du poids médiatique, de la pression, Lièvremont a enfin tourné la page. Et surtout, grâce à la prime de finale (140.000 euros), l’ancien coach de Dax va «pouvoir finir [sa] ma maison. Sinon, j’aurais peut-être été obligé de la revendre en rentrant.»