Nicolas de Tavernost: «Il n'y aura pas de session de rattrapage»
FOOTBALL•Les Girondins auront les moyens de se renforcer mais leur propriétaire leur met la pression...Propos recueillis par Rémi Bostsarron à Bordeaux
De passage à Bordeaux pour signer l'accord de construction du grand stade, le président de M6 confirme que son club, actuellement premier relégable de Ligue 1, sera actif lors du prochain mercato. Mais il estime que l'argent ne peut pas être la solution miracle.
Les Girondins vont recruter cet hiver. Doit-on en conclure qu’ils se sont trompés cet été?
Non. Je rappelle que Bordeaux a le quatrième ou cinquième budget français, fourni par son actionnaire. Ce n’est pas parce qu’on rajoute de l’argent en situation d’urgence qu’il faut dire qu’on aurait dû le faire avant. Ce serait faux et malhonnête. Nous sommes malheureusement obligés de faire un effort supplémentaire au-delà d’un déficit déjà important du club, mais ça ne remplacera pas l’examen rigoureux des causes de cette situation, qui devra être fait ultérieurement, quand le club sera remonté. Nous assumons notre part de responsabilité. Ce qu’on demande en échange, c’est qu’on ne se trompe pas une nouvelle fois, car il n’y aura pas de sessions de rattrapage multiples pour des recrutements. Donc nous demandons une réflexion extrêment précise et approfondie. Je ne veux pas qu’on nous dise "finalement, ce joueur, ça ne marche plus, il en faut un autre".
Quelle limite allez-vous fixer?
La limite, c’est de bien recruter. Moi, je me souviens que ce ne sont pas les joueurs qui ont été achetés ou payés le plus cher qui ont forcément été les plus performants à Bordeaux. Mettre tout sous l’angle financier me paraît une erreur profonde. Aujourd’hui, il y a plutôt un diagnostic sportif à opérer, et c’est trop commode de dire que si nous en sommes là, c’est à cause de l’argent. Si on avait mis le club à un budget équivalent à celui d’Arles-Avignon la saison dernière, je comprendais qu’on nous reproche cette situation. Aujourd’hui, on ne peut pas dire que le club n’ait pas le train de vie pour être à sa place. Il se trouve que c’est à cause de la situation exceptionnelle qu’on ouvre le portefeuille, mais ce n’est pas une bonne décision pour nous. C’est même une décision regrettable. On ne peut pas masquer par l’argent des insuffisances des sportives.
Allez-vous parler aux joueurs avant le déplacement très important à Ajaccio, demain?
Non, ce n’est pas prévu. Nous avons un entraîneur qui sait gérer ce genre de situation. Tous les matchs jusqu’à la 38e journée seront très importants. Si on commence à dire que le sort de Bordeaux se joue à Ajaccio, je pense que le club ne s’en sortira pas. L’important, c’est de gagner plus de matchs qu’on n’en perdra d’ici à la fin de la saison. La pression, les joueurs l’ont. Tout le monde est conscient de la situation, on ne peut pas leur dire à chaque fois qu’ils remettent leur vie en jeu. Ce n’est pas une solution.
Réfléchissez-vous à d’autres décisions si la situation ne s’améliorait pas?
Je ne m’inscris pas dans ce contexte, je ne veux pas rajouter du stress au stress. Mais évidemment qu’on y réfléchit. On fera l’examen de la situation à la fin de la première partie de saison, avec à la fois les possibles recrutements et l’état dans lequel nous serons après les prochains matchs. En fonction de ça, on sera peut-être effectivement amenés à prendre d’autres décisions. C’est clair?