Pro A: Le baptême familial de la JSF Nanterre

Pro A: Le baptême familial de la JSF Nanterre

BASKETLe promu bâti autour de la famille Donnadieu découvre l'élite samedi soir au Mans...
Romain Scotto

Romain Scotto

Pascal Donnadieu a tout prévu pour motiver ses troupes samedi soir. Dans le vestiaire d’Antares, au Mans, il placardera une coupure de presse bien choisie, où figurent les prédictions de la prochaine saison de Pro A. Avec son budget dérisoire (2,4 millions d’euros) et son statut de promu, Nanterre figure logiquement à la dernière place, accueilli par un commentaire à la fois cruel et porteur d’espoir: «Théoriquement, la fin de la belle aventure est programmée… Mais ce club possède une foi à renverser des montagnes.» Pas la peine d’en rajouter, voilà l’histoire du club résumée en deux phrases.

«C’est vrai que c’est un peu le miracle permanent ici. Mais puisque tout le monde nous condamne, on a envie de montrer les dents et laisser deux équipes derrière nous», lance l’entraîneur, déjà ravi d’être aujourd’hui à la tête d’une équipe de Pro A. Quand il rembobine le film, jamais il n’aurait imaginé se retrouver là. Arrivé au club «quand il était gamin», c’est lui qui prit les rênes de l’équipe sénior, montée il y a vingt-six ans. «On était au plus bas niveau qui pouvait exister, en départemental.» A l’époque, le coach est également employé de banque, ce qui ne l’empêche pas de gravir dix échelons en quinze ans.

Batum, Parker et Sy dans la salle Maurice Thorez

Tout en grandissant, la JSF a toujours conservé son identité. «Celle du niveau d’en bas, avec de vraies valeurs humaines, où on respecte l’individu tout en étant ambitieux, détaille Donnadieu. C’est pour cela qu’on nous met dans un carcan, club de famille. Et c’est vrai.» Dans la petite PME familiale, il y a du monde autour de Pascal. Le papa, Jean, est président. La maman, Jeanne, s’occupe bénévolement de la billetterie. Le frère, Frédéric, chapeaute l’équipe espoir. Et les deux fils, Kévin et Lucas, portent les couleurs du club en sénior et en cadet. «Avec mon père, on a la même sensibilité, c’est un gain de temps. Dans beaucoup de clubs qui se disent structurés, il y a beaucoup de parasites. Nous au moins, quand on se trompe, on sait qui est fautif.»

Pour fêter l’accession au sein de l’élite, la petite troupe n’a pas consenti de folie. Pascal Donnadieu évoque quelques recrues (dont Stephen Brun), des prolongations de contrat (huit joueurs sur onze sont restés), un léger lifting de la salle et l’arrivée de quelques partenaires privés. «Pour moi, ça ne change absolument pas. C’est comme si on repartait pour une énième saison de Pro B. On n’a pas encore pris conscience de ce qui nous attend.» Il le réalisera peut-être mieux quand la salle Maurice Thorez et ses 1.500 places accueilleront Parker, Batum ou Sy. «On va considérer qu’ils seront là jusqu’à la fin du lock-out, en décembre. Eh bien nous sommes le seul club où les trois joueurs vont se déplacer. C’est un grand bonheur, on n’exclut pas l’hypothèse de s’exiler sur une rencontre.» A l’allure où grandit le club, il n’est pas dit que d’autres stars NBA ne débarqueront pas un jour à Nanterre. Avec le maillot de la JSF sur le dos, cette fois.