Christophe Bouchet: «Jean-Claude Dassier a eu les mains libres pour travailler»
FOOTBALL•L'ancien président de l'OM analyse la situation du dirigeant actuel...Propos recueillis par Romain Scotto
L’avenir de Jean-Claude Dassier à la tête du club olympien se joue ce jeudi après-midi à Paris. Au cours du conseil de surveillance du club, l’ancien boss de TF1 pourrait être poussé vers la sortie, moins de deux ans après son arrivée. Christophe Bouchet, ancien président du club (2002-2004), évoque la situation du président actuel de l’OM. Et l’instabilité de ce poste.
Vu le nombre de présidents qui se sont succédé à la tête du club depuis seize ans, ce poste n’est-il pas piégé?
Non, il n’est pas piégé, mais c’est un poste compliqué. Exposé. Tiraillé entre beaucoup de composantes locales, nationales, actionnariales. C’est quelque chose de toujours compliqué. Il faut gérer l’image. C’est la principale difficulté. Il faut à la fois défendre son club et ne pas se l’approprier. La limite entre les deux est extrêmement ténue. C’est un piège à éviter. Ce n’est pas facile. C’est un job compliqué.
Pourquoi une telle instabilité? Est-elle propre à ce club?
Non… Voyez ce qu’il se passe au PSG. C’est propre à la structure du club, avec un actionnaire et un président salarié. Le président est quelqu’un à qui on demande et on reproche beaucoup. La navigation n’est pas facile. Il faut respecter quelques usages. Moi du temps où j’y étais, j’étais à la fois actionnaire du club et à la fois dirigeant. C’est une solution plus simple. Là, c’est plus compliqué pour Jean-Claude Dassier. Il n’est pas actionnaire du système. Il y a quelques petites choses à maîtriser. On est dans un monde ultra-médiatisé.
Avec ce conseil de surveillance, a-t-il eu les mains libres pour travailler?
Oui, franchement, je pense qu’il a eu les mains libres. Comme Pape Diouf avant lui. Après, est-ce qu’il a bien suivi la feuille de route qui lui a été donnée? Pour connaître un peu le dessous des cartes, ils ont eu les mains libres. Vraiment. L’actionnaire avait deux objectifs importants. Etre à l’équilibre et conserver Didier Deschamps. J’ai l’impression que la manière de faire ne répondait pas aux attentes de l’actionnaire. Voilà, je ne peux pas en dire plus.
Les supporters ont demandé sa tête. Ont-ils le pouvoir à Marseille?
Il ne faut pas s’attarder là-dessus. Les supporters ne sont jamais contents. On peut dire ce qu’on veut sur Jean-Claude Dassier, en deux ans de présidence au club, il a remporté quatre titres. Il y a contribué, nécessairement. Les gens peuvent ergoter, évaluer sa contribution. Mais on ne peut pas dire qu’il n’y en a pas. On peut dire qu’un tel est trop parisien, trop comme ci, trop comme ça. Il faut voir les choses en face. Jean-Claude Dassier a été l’homme qui, peut-être, en étant discret dans sa gestion, a contribué aux titres de l’OM. Quand on est champion, les supporters veulent qu’on soit encore champion, qu’on joue bien, puis qu’on soit champion d’Europe. Mais les arbres ne montent pas jusqu’au ciel.
L’image du Parisien parachuté est-elle si difficile à gérer?
Pour les supporters, on est toujours quelque chose. Trop blanc, trop noir, trop gris, top parisien, trop marseillais. Il y a toujours quelque chose qui ne plaît pas. Ça arrange de dire que les gens sont parisiens. En même temps, Tapie était parisien.
Quel est le portrait robot du président idéal de l’OM?
Il n’y en a pas. C’est quelqu’un qui pense avant tout au club, pas forcément à l’équipe qui jouera la saison prochaine. Il doit penser à la stabilité, la valeur sportive étalée sur dix ans. Quelqu’un de patient.