Equipe de France: Raymond Domenech s'explique (enfin) sur le jeu
FOOTBALL•Dans une interview à paraître dans «So Foot»...R.S.
Six ans de mutisme tactique effacés en une interview. Pour la première fois, Raymond Domenech s’est livré sur le jeu, les schémas de l’équipe de France, ses choix tactiques et toute la philosophie qui l’a animé pendant son bail à la tête des Bleus.
Dans cet entretien assez dense (dix pages et beaucoup de références de matchs très précises) accordé à So Foot, l’ex-sélectionneur a même accepté d’ouvrir ses carnets à spirales. On y voit des schémas où des lettres et des ronds sont reliés par des flèches. La preuve matérielle que Raymond sait causer «jeu». D’ailleurs, il le faisait seulement «avec les joueurs cadres.»
Pas un entraîneur «défensif»
D’une manière générale, il explique n’avoir aucune marque de fabrique en terme de tactique («c’est vous qui m’en collez une…») et se défend d’être un entraîneur «défensif». Domenech se présente plutôt comme un coach privilégiant l’animation, «avec des joueurs qui arrivent lancés sur des situations en venant de derrière.»
Il regrette d’ailleurs qu’un joueur comme Florent Malouda lui ait fait ce reproche. Il s’appuie ainsi sur de multiples exemples de schémas mis en place entre 2006 et 2010, notamment lors des Coupes du monde, pour argumenter.
Les Bleus comme le Barça…
Du positionnement de Zidane aux transversales de Toulalan, en passant par la couverture de Sagnol, l’ancien sélectionneur brasse tous les sujets et ne se défile sur aucune question. Il a réponse à tout, quitte à verser par moments dans l’absurde. On y apprend que dans son esprit, l’équipe de France pouvait jouer comme le Barça, que Sidney Govou était son meilleur joueur de tête… Si tout n’a pas fonctionné comme il le souhaitait, il le doit à certains problèmes, indépendants de sa volonté.
A partir de 2006, Raymond Domenech n’aurait jamais pu travailler en paix. «Blessures, absences, problèmes des uns et des autres, suspensions. Ça a été compliqué. (…) Je n’avais aucune ossature sur laquelle m’appuyer en sélection.»
Le fossé générationnel
Après 2008, il n’a pas été capable de résoudre le problème entre jeunes et anciens. «Le fait que les cadres aient été moins bien a eu tendance à creuser le fossé générationnel et à créer des problèmes.»
Avec le recul, il se dit qu’il aurait peut-être dû partir en Afrique du Sud qu’avec des jeunes. «Mais ça aurait été injuste par rapport aux joueurs qui pouvaient jouer à ce moment-là.» Enfin, il aborde l’aspect psychologique des équipes qu’il a coachées. Un vaste chantier. «Toute l’organisation dépend de la confiance des joueurs, individuellement et les uns dans les autres.» A priori, c’est surtout là que quelque chose a cloché.