JO: Ce qu'il manque à Annecy 2018 pour convaincre le CIO
OLYMPISME•Après les révélations de la commission d'évaluation...Romain Scotto
L’élève avait raté son premier trimestre. Le voici relancé dans le deuxième. A entendre Denis Masseglia, le très optimiste président du CNOSF, il pourrait même créer la surprise de la fin d’année en réussissant son examen. Avant la désignation de la ville hôte des JO d’hiver de 2018, le 6 juillet à Durban, la commission d’évaluation du CIO a remis son rapport sur Pyeongchang, Munich et Annecy. La candidature française a une bonne cote. Seul problème, les autres aussi.
Une capacité d’hébergement plus importante
Sous le flot de compliments que Charles Beigbeder rabâche inlassablement, la commission d’évaluation du CIO pointe une lacune de taille. La capacité d’hébergement de la région savoyarde. Dans son cahier des charges, le CIO réclame 23.000 chambres, ce qui est dans les cordes d’Annecy. Seulement, la région est dépourvue de complexe hôtelier majeur, capable d’héberger les membres de la famille olympique, par exemple. «On n’a pas d’hôtel de 1000 chambres? Mais tant mieux, s’emporte Masseglia. A Vancouver, on était tous réunis, mais il n’y avait pas pour autant de vie de famille.» Annecy assume donc ses hébergements épars, «authentiques et au cœur de la montagne», ajoute Beigbeder. Autre inquiétude soulevée par le CIO, la dispersion des sites et des quatre villages olympiques. Les trajets à rallonge (jusqu’à trois heures pour rallier La Plagne et Chamonix) n’ont jamais été du goût du CIO.
Un peu de lobbying
C’est une règle tacite de toute attribution olympique. Sans un lobbying appuyé auprès des membres du CIO, inutile d’espérer organiser les Jeux. En février, Nicolas Sarkozy et François Fillon avaient lancé l’entreprise de séduction en recevant les représentants du CIO à Annecy. Il faudra le poursuivre activement jusqu’au 6 juillet. Sur ce plan, les adversaires d’Annecy sont aussi très bien placés. «Il faut établir un lien de confiance avec les membres du CIO. Les convaincre de croire en notre projet. Mais il faut du temps pour le faire», avance Masseglia. Dans son équipe, il compte maintenant sur d’anciens champions pour faire pencher la balance. Jean-Pierre Vidal, Guy Drut ou Jean-Claude Killy. Leur capacité de séduction sera mise à l’épreuve dès le 18 mai, lors du dernier grand oral à Lausanne.
Des adversaires bien armés
Si le verdict est encourageant pour Annecy, il l’est autant pour ses deux rivaux, Pyeongchang et Munich. Histoire de maintenir le suspense, les experts du CIO soulignent que les villes candidates «pourraient toutes trois accueillir les Jeux Olympiques d'hiver en 2018» et portent des projets «d'un niveau extrêmement haut». Pas très explicite, donc. Le rapport souligne tout de même l’expérience de Munich, une ville habituée à organiser des événements majeurs. Et apprécie les perspectives d’avenir qu’offre la candidature de Pyongcheang. Avec un budget conséquent, elle pourrait permettre au marché asiatique de s’ouvrir au sports d'hiver. Un argument qui avait pesé très lourd lors de la dernière attribution des JO à Sotchi.