Primes de victoire: Quelle politique les présidents de Ligue1 adoptent-ils?
FOOTBALL•La pratique est courante dans les vestiaires des clubs de Ligue 1...Romain Scotto, avec nos correspondants locaux
Il y a d’abord des bouteilles d’eau et des chaussettes qui volent dans tous les sens. Des chants, des cris de ralliement, des joueurs qui dansent sur les tables. Puis le président débarque, bravant l’atmosphère de hammam. Dans l’euphorie de la victoire, les joueurs savent toujours accueillir le patron: «La double! La double!» ou «la triple!» est devenu le refrain classique des après-matchs de Ligue1. Certains présidents ont l’habitude de répondre favorablement à la demande. D’autres beaucoup moins…
Les généreux. Ils fonctionnent à la carotte. Pour eux, il est normal de récompenser leurs joueurs après une belle victoire. Louis Nicollin est l’exemple type du bienfaiteur instinctif. Le boss montpelliérain, qui revendique une «présidence à l’ancienne», n’est jamais avare quand ses hommes lui offrent son petit plaisir du week-end. Cette saison, Loulou a «triplé la prime» face à Lille. Il a aussi payé sa rallonge après la qualification en finale de la Coupe de la Ligue face à Paris. Le Nancéien Jacques Rousselot se classe aussi dans cette catégorie. A Marseille, où la prime de victoire tourne autour de 2.500 euros, Jean-Claude Dassier pioche également dans le porte-monnaie. «Cela fait plaisir aux joueurs, expliquait-il après la victoire à Nancy. Il faut considérer ce geste comme un signe de solidarité forte et d'encouragement». Quitte à ne pas respecter les recommandations de Margarita Louis-Dreyfus, qui prône un peu plus de rigueur. L’an dernier, dans un élan de générosité, il s’était un peu emballé après une victoire en Coupe de la Ligue à Toulouse, annonçant «la triple!», avant d’être calmé par Anigo. «Euh, Jean-Claude, la prime pour la qualification en finale, c'est très cher. Si tu la triples, ça risque de faire beaucoup.» Dassier s’était finalement ravisé, évitant une facture globale de 300.000 euros.
Les modérés. Ils ne cèdent pas facilement quand les joueurs quémandent. Pour la plupart de ces présidents, les primes de victoires sont définies en début de saison. Et il n’est pas courant de concéder des rallonges. C’est le cas dans les clubs dont la masse salariale est élevée et dont les primes sont indexées sur les séries de résultats positifs comme à Bordeaux, Lyon, Rennes ou Paris. Battus à Auxerre récemment, les joueurs du PSG seraient passés à côté d’une prime de 11.000 euros selon Le Parisien (Le butin prévu après quatre victoires consécutives). A Lille «on double quand il y a des performances qui sortent de l’ordinaire», indique le directeur général du club. Cela avait été le cas à Marseille, mais la démarche reste très ponctuelle. Enfin, à Lorient, Loïc Fery sait aussi se montrer grand seigneur de temps à autre. Ancien trader, le président des Bretons procède pourtant avec modération. Exemple après la victoire dans le derby face à Rennes: «On double la prime! (hurlements des joueurs) Je n’ai pas fini… (nouveaux hurlements) Si on fait un résultat à Lille la semaine prochaine…» Un stade où les Merlus en avaient pris six.
Les économes. Avec eux, gagner fait partie du métier. Rien de plus. La politique de primes est définie en début de saison et il n’est pas question de discuter d’un supplément. «Les doubles primes? Ce n’est pas du tout la politique du club, explique l’entraîneur toulousain Alain Casanova. Je partage entièrement l’avis du président. Lorsqu’un match est bien négocié et gagné, on a simplement fait notre travail. On trouve aussi que ça donne une mauvaise image vis-à-vis des gens en difficulté, qui ont peu de moyens.» Cette rigueur concerne aussi les clubs où il n’est pas possible de faire des folies comme à Valenciennes, Nice, Sochaux ou Arles-Avignon. Récompensés à hauteur de 800 euros (prime doublée) après leur unique victoire face à Caen, les Sudistes n’ont plus eu depuis l’occasion de demander «La double!». Pour faire pression sur son président, il faut déjà gagner des matchs.