RUGBYGuy Novès: «On ne devient pas un grand entraîneur en quatre ans»

Guy Novès: «On ne devient pas un grand entraîneur en quatre ans»

RUGBYLe manager général du Stade Toulousain évoque la situation du XV de France et de son entraîneur, Marc Lièvremont...
L'entraîneur toulousain Guy Novès, en mai 2010.
L'entraîneur toulousain Guy Novès, en mai 2010. - DAMOURETTE/SIPA
Propos recueillis par N.S à Toulouse

Propos recueillis par N.S à Toulouse

L’entraîneur le plus titré du rugby français estime que la fédération française n’aurait pas dû choisir un sélectionneur sans expérience en 2007.

Comment réagissez-vous à cette défaite en Italie (22-21)?
Je suis désolé du résultat, comme tout le monde. Même si le résultat aurait pu être inversé car les Italiens auraient dû être pénalisés sur les dernières mêlées.

La situation de Marc Lièvremont est-elle fragilisée?
Ce n’est pas mon problème, je n’ai pas à m’exprimer sur ce genre de choses. La responsabilité incombe à ceux qui l’ont mis en place. Quand ils l’ont fait, ils devaient être compétents pour dire que c’était l’homme de la situation. Quand je choisis un collaborateur, je me demande s’il va m’apporter quelque chose de plus. Les dirigeants, le président, le staff, les joueurs… tout le monde a sa part de responsabilité.

Le mode de nomination de l’entraîneur de l’équipe de France paraît relativement opaque…
Le président de la Fédération française de rugby choisit qui bon lui semble. Bernard Lapasset (prédécesseur de Pierre Camou, l’actuel président) avait déjà plus ou moins choisi le successeur de Laporte. On a pris des entraîneurs (Lièvremont et ses adjoints Retière et Ntamack) sans trop d’expérience à l’époque. C’était sans doute le bon choix pour eux. Ils avaient quatre ans pour acquérir l’expérience du haut niveau. Maintenant, ces gens doivent faire le bilan. Il y a aussi eu des choses positives. Mais à l’heure actuelle, il faut tous se resserrer autour de ce staff, pour retrouver de la sérénité.

Que pensez-vous des choix de Lièvremont dimanche, qui a évincé six joueurs, dont les Toulousains Clément Poitrenaud et Yannick Jauzion?
Chaque choix est discutable. Si vous interrogez les quatorze entraîneurs du Top 14, vous aurez quatorze équipes différentes. Je suis navré de voir Clément rentrer, mais il a participé à deux matchs du Tournoi, et n’a pas été extrêmement performant. En revanche, c’est un peu plus dur pour Yannick, à qui on a dit que sa carrière internationale était terminée. Peut-être que cet entraîneur est très proche de sa fin de carrière d’entraîneur, et que Yannick redeviendra international avec le suivant? Lièvremont est respectueux des hommes, mais sous l’effet de la colère, on dit parfois des choses qui dépassent la pensée. Il faut faire attention.

Quel regard portez-vous sur la situation du XV de France ?
Il faut faire le bilan des quatre ans. On a l’impression de découvrir ce qu’il se passe. Y a-t-il un fil conducteur entre la première, la deuxième, la troisième et la quatrième année? On ne sent pas de cohérence. J’ai vraiment vu cette équipe changer de direction car le staff était en train d’acquérir de l’expérience. Le vécu de l’entraîneur est en train de se construire, mais on ne devient pas un grand entraîneur en quatre ans. Quel était le vécu de ce staff avant de démarrer en équipe de France?

Il y a quand-même de quoi être inquiet à six mois de la Coupe du monde…
On est dans l’incertitude. Quand Marc Lièvremont dit qu’il repart à zéro, c’est ce qu’on ressent. On a l’impression que ce qui a été fait depuis trois ans et demi ne sert à rien. Si on fait un résultat à la Coupe du monde, il faudra arrêter de dire qu’on a besoin de quatre ans pour préparer cette compétition.