X-Games: De vrais athlètes dans l'univers du X
SKI EXTREME•L'épreuve qui débute le 16 mars à Tignes accueille des riders de plus en plus professionnels...R.S.
Entre la combi moulante et le blouson bouffant, Kévin Rolland et Xavier Bertoni ont choisi. Les deux skieurs français préfèrent se balancer dans un tube glacé, plutôt que de filer entre des piquets. Question d’état d’esprit. Leur univers est «plus fun, moins prise de tête» résument les deux riders, avant de prendre part le 16 mars aux X-Games de Tignes, le rendez-vous de l’année pour les champions des sports extrêmes. «En fait, ce sont un peu nos JO, même si on peut difficilement comparer, explique Bertoni. Les JO, c’est assez normé. C’est une super compète, mais c’est trop sérieux. Il n’y a pas beaucoup de rigolades. Les X-Games, c’est d’abord un gros show à l’américaine.»
Présents parmi les cadors de l’épreuve du Superpipe depuis trois ans, les deux Frenchies assument leur côté déconneur. Mais revendiquent aussi une rigueur d’athlètes de haut niveau. «Le mix des deux fait que ça marche bien pour nous, enchaîne Bertoni. Dans certains sports, ce n’est pas un reproche, mais il n’ya que de la rigueur et pas de plaisir. C’est dur de tenir.» Sans les citer, le skieurs à bouclettes songe aux cousins de l’alpin. Mieux encadrés, moins libérés. Du coup, à côté de Grange et Lizeroux, les stars des X-Games passent pour des fêtards invétérés, en froid avec les contraintes du haut niveau. Une vision très éloignée de la réalité, selon Kévin Rolland.
Deux fêtes dans l’année, pas plus
«Avant, on pouvait faire la fête, boire de l’alcool et aller rider le lendemain sans être mauvais. Aujourd’hui, ce n’est plus possible», explique l’athlète de 21 ans, qui vit au quotidien la professionnalisation de son sport. «Honnêtement, on doit faire deux fêtes dans l’année, enchaîne son compère. On traîne cette image de fumeurs de joints et les gens pensent que ce n’est pas un sport sérieux. Ceux qui disent ça, je les invite à se jeter dans le pipe pour faire une rotation de sept mètres de haut.» L’exercice est périlleux et vu l’emploi du temps des deux riders, il demande des heures d’entraînements. Eté comme hiver. Pour maîtriser leurs figures, ils travaillent en piscine ou sur airbags avant de les tester sur la neige.
«On a une autre manière de parler des sportifs de haut niveau, mais pour moi j’en suis un, clame Bertoni. Si je bois un café, je ne fais pas attention au sucre que je mets dedans, c’est sûr. Ça ne va pas changer quoi que ce soit à mes rides. Mais on a une rigueur dans le travail.» Avec parfois quelques égarements. Lors des derniers championnats du monde, Kévin Rolland a laissé filer le titre à cause de ses skis, mal préparés. Ce matin-là, son «farteur» a juste oublié de se réveiller. Le commis se nommait… Xavier Bertoni. Pour éviter tout nouvel imprévu aux X-Games, il a promis de se coucher tôt.