Benfica, indétrônable champion du Portugal de la popularité
FOOTBALL•L'adversaire du PSG en Ligue Europa est une institution dans son pays...Alexandre Pedro, à Lisbonne
De notre envoyé spécial à Lisbonne
Vu de l’étranger, le grand club portugais s’appelle le FC Porto. Le palmarès de ses 20 dernières plaide pour le club du Nord du pays. Sauf que question popularité, le Sport Lisboa e Benfica ne craint pas la concurrence. Si l’adversaire du PSG dans ce huitième de finale aller de Ligue Europa n’a plus atteint la finale d’une coupe d’Europe depuis 1990, il peut bomber le torse et montrer ses 170.000 socios (membres), un record du genre – même Barcelone doit s’incliner – enregistré au Guiness Book depuis 2007. Benfica, une valeur refuge donc dans un pays empêtré dans la récession «Nous sommes la meilleure marque portugaise», ose même son président, Luis Felipe Vieira.
Adepte du grand écart, ce dernier introduit son club en bourse d’un côté et revendique de l’autre ses racines populaires, voire prolétarienne de l’autre. «Pff, je connais plein de patrons et de personnes aisées qui se baladent avec leur écharpe Benfica le jour des matchs. Des ‘’Benficistes’’, on en trouve partout maintenant», relativise Miguel un supporter «de classe moyenne» croisé dans les rayons de l’immense boutique officielle.
«Il n’y a que Benfica qui fait vendre»
Il n’empêche, la nostalgie fonctionne toujours. Dans l’imaginaire collectif, Benfica occupe toujours une place à part depuis les années 60 quand Eusébio et ses partenaires dynamitaient les défenses du vieux Continent. Pour José Manuel Delgado, gardien du club dans les années 70 «Benfica est l’équipe de tous les Portugais alors que Porto compte surtout ses supporters dans le Nord et que le Sporting reste l’équipe des classes aisées.» Mais les années dans l’ombre de l’ancienne formation de José Mourinho ont pourtant eu leur effet. «Un peu comme avec Lyon en France, la jeune génération a tendance à plus supporter Porto, observe Marco Martins, journaliste au quotidien sportif Record. C’est logique, ils ont toujours connu Benfica dans l’ombre de Porto.»
Mais quand il s’agit de vendre du papier, Os Encarnados (les rouges) restent le sujet préféré des médias portugais. Même quand Nelson Evora devient champion olympique de triple saut en 2008, il doit partager la une avec un match amical à l’intérêt relatif du club. «Exceptés Mourinho et Cristiano Ronaldo, il n’y a que Benfica qui fait vendre, constate Marco Martins. Tout le Portugal s’y retrouve quand Benfica est en une. La moitié du pays peut se réjouir de sa victoire. Et s’il y a défaite, la moitié qui supporte Porto, Sporting et les autres se ruent sur les journaux». Les joueurs du PSG savent ce qu’ils doivent faire pour donner le sourire à cette seconde moitié.