INTERVIEWGuy Forget: «Depuis Belgrade, je sais comment certains se comportent»

Guy Forget: «Depuis Belgrade, je sais comment certains se comportent»

INTERVIEWLe capitaine de l'équipe de France a beaucoup appris de l'échec en finale de la dernière Coupe Davis...
Le capitaine de l'équipe de France de Coupe Davis, Guy Forget, lors de la finale de la Coupe Davis, le 4 décembre 2010 à Belgrade, contre la Serbie.
Le capitaine de l'équipe de France de Coupe Davis, Guy Forget, lors de la finale de la Coupe Davis, le 4 décembre 2010 à Belgrade, contre la Serbie. - D.Dilkoff/AFP
Propos recueillis par Romain Scotto

Propos recueillis par Romain Scotto

Près de trois mois après la défaite des Bleus à Belgrade, Guy Forget peine encore à trouver le sommeil quand il se repasse ce mauvais film. Le capitaine de l’équipe de France compte pourtant sur ce premier tour en Autriche pour effacer définitivement ses pensées parasites. Entre deux interventions en entreprises, quelques matchs du circuit sénior et des commentaires pour Canal+, il n’a pourtant jamais coupé avec le tennis. Rencontre avec celui qui entamera vendredi à Vienne sa 13e campagne de Coupe Davis…


Comment jaugez-vous votre groupe en l'absence de Tsonga, Monfils et Gasquet?
On sait que nos chances sont beaucoup plus faibles, il faut s'en servir comme d'un atout. J'essaie de voir le verre à moitié plein. Simon jouera le premier simple et c'est lui qui sera le leader. Mais tous les autres joueurs ont leur spécificité. Chardy aime la terre battue. Llodra a des références sur cette surface, il a fait deux huitièmes à Roland-Garros, il doit jouer le double. Benneteau, c'est pareil, il a fait un huitième et un quart à Roland mais il va jouer le double. Aujourd’hui, je n’ai pas en tête mon deuxième joueur de simple.

Comment jaugez-vous votre groupe en l'absence de Tsonga, Monfils et Gasquet?
On sait que nos chances sont beaucoup plus faibles, il faut s'en servir comme d'un atout. J'essaie de voir le verre à moitié plein. Simon jouera le premier simple et c'est lui qui sera le leader. Mais tous les autres joueurs ont leur spécificité. Chardy aime la terre battue. Llodra a des références sur cette surface, il a fait deux huitièmes à Roland-Garros, il doit jouer le double. Benneteau, c'est pareil, il a fait un huitième et un quart à Roland mais il va jouer le double. Aujourd’hui, je n’ai pas en tête mon deuxième joueur de simple.


Jérémy Chardy a confié son malaise il y a quelques semaines. Votre choix est-il raisonné ou est-ce plutôt un choix par défaut?
C'est une question piège... Je fonctionne en termes de joueurs compétitifs, capables de ramener un point à notre équipe. De toute évidence, Jérémy fait partie de ces joueurs-là, même s'il n'a pas joué sur ces derniers mois son meilleur tennis.

Jérémy Chardy a confié son malaise il y a quelques semaines. Votre choix est-il raisonné ou est-ce plutôt un choix par défaut?
C'est une question piège... Je fonctionne en termes de joueurs compétitifs, capables de ramener un point à notre équipe. De toute évidence, Jérémy fait partie de ces joueurs-là, même s'il n'a pas joué sur ces derniers mois son meilleur tennis.


La finale de Belgrade remonte à près de trois mois. Entre deux rencontres, les coupures vous semblent-elles longues?
Oui. Le principal défaut de notre sport, c’est qu’on est trop centrés sur nous-mêmes. Les joueurs ont parfois des égos un petit peu forts. Et ces moments où on se retrouve, où on partage, je les trouve magiques. Certains sont comme moi. D’autres moins, plus individualistes. Mais bon, ils font quand même des efforts. Moi, lors des mises au vert, j’aime beaucoup si les gars ont envie de partager des choses. Entretemps, je les vois sur quelques tournois. A l’Open d’Australie, à Marseille. Je commence à bien les connaître et beaucoup de leurs coachs sont des copains. Je sais toujours où ils en sont, ce qu’ils font. Certains passent à Genève, où ils résident, comme moi. On s’entraîne aussi dans le même club. En tournoi, chacun fonctionne avec sa structure. Mon rôle est assez limité en fait.

La finale de Belgrade remonte à près de trois mois. Entre deux rencontres, les coupures vous semblent-elles longues?
Oui. Le principal défaut de notre sport, c’est qu’on est trop centrés sur nous-mêmes. Les joueurs ont parfois des égos un petit peu forts. Et ces moments où on se retrouve, où on partage, je les trouve magiques. Certains sont comme moi. D’autres moins, plus individualistes. Mais bon, ils font quand même des efforts. Moi, lors des mises au vert, j’aime beaucoup si les gars ont envie de partager des choses. Entretemps, je les vois sur quelques tournois. A l’Open d’Australie, à Marseille. Je commence à bien les connaître et beaucoup de leurs coachs sont des copains. Je sais toujours où ils en sont, ce qu’ils font. Certains passent à Genève, où ils résident, comme moi. On s’entraîne aussi dans le même club. En tournoi, chacun fonctionne avec sa structure. Mon rôle est assez limité en fait.



Est-ce que vous craignez la «remise en route» de l’équipe, pour une longue campagne?
Je ne la redoute pas parce que je les connais bien. Ce sera un nouveau challenge. Cette rencontre sera dure parce qu’à l’extérieur, c’est vraiment plus difficile qu’à domicile. Elle sera plus dure que la précédente. Il y a une pression particulière. Si on gagne, on peut être amené à jouer la Croatie, puis l’Espagne à l’extérieur. Les jouer chez eux, dans une arène de 18.000 personnes, qui hurlent dès que tu rates une balle, c’est beaucoup plus pénible que chez nous.

Est-ce que vous craignez la «remise en route» de l’équipe, pour une longue campagne?
Je ne la redoute pas parce que je les connais bien. Ce sera un nouveau challenge. Cette rencontre sera dure parce qu’à l’extérieur, c’est vraiment plus difficile qu’à domicile. Elle sera plus dure que la précédente. Il y a une pression particulière. Si on gagne, on peut être amené à jouer la Croatie, puis l’Espagne à l’extérieur. Les jouer chez eux, dans une arène de 18.000 personnes, qui hurlent dès que tu rates une balle, c’est beaucoup plus pénible que chez nous.



Battre l’Autriche, cela revient à faire tomber Melzer, qui a la particularité d’être dans les tops 10 du simple et du double. Est-ce un joueur qui peut gagner la rencontre à lui tout seul?
(Songeur) Non, puisqu’il ne joue que 50% du double. Ce point sera crucial pour nous. Melzer a la capacité de gagner ses deux simples. Il sera devant son public, sur une surface qu’il a choisie. S’il gagne ses deux simples, nous, on est condamnés à gagner les trois autres.

Battre l’Autriche, cela revient à faire tomber Melzer, qui a la particularité d’être dans les tops 10 du simple et du double. Est-ce un joueur qui peut gagner la rencontre à lui tout seul?
(Songeur) Non, puisqu’il ne joue que 50% du double. Ce point sera crucial pour nous. Melzer a la capacité de gagner ses deux simples. Il sera devant son public, sur une surface qu’il a choisie. S’il gagne ses deux simples, nous, on est condamnés à gagner les trois autres.


Que vous inspire l’idée de jouer dans un hangar à Vienne?
Ce ne sera pas extraordinaire. On sera à l’hôtel sur les pistes de l’aéroport, mais on ne va pas passer une semaine de vacances. Il n’y aura pas de sifflets. Par rapport à la Serbie, ce sera de la rigolade.

Que vous inspire l’idée de jouer dans un hangar à Vienne?
Ce ne sera pas extraordinaire. On sera à l’hôtel sur les pistes de l’aéroport, mais on ne va pas passer une semaine de vacances. Il n’y aura pas de sifflets. Par rapport à la Serbie, ce sera de la rigolade.


Depuis le début de saison, l’absence de résultats des Français est-elle le contrecoup de cette finale perdue en Serbie?
Je crois que la défaite de Belgrade n’a rien à voir avec les parcours moyens, entre guillemets, des Français depuis le début de la saison. Quand on voit nos résultats sur les Masters 1.000 ou les tournois du Grand Chelem, on n’a pas gagné de titres, on n’a pas fait beaucoup de demies. Il y a eu quelques quarts. La Coupe Davis, c’est une opportunité pour tous de montrer leur vrai visage. Depuis un an et demi, ils sont tous relativement bons, quand ils sont épargnés par les blessures. C'est toujours le même problème.

Depuis le début de saison, l’absence de résultats des Français est-elle le contrecoup de cette finale perdue en Serbie?
Je crois que la défaite de Belgrade n’a rien à voir avec les parcours moyens, entre guillemets, des Français depuis le début de la saison. Quand on voit nos résultats sur les Masters 1.000 ou les tournois du Grand Chelem, on n’a pas gagné de titres, on n’a pas fait beaucoup de demies. Il y a eu quelques quarts. La Coupe Davis, c’est une opportunité pour tous de montrer leur vrai visage. Depuis un an et demi, ils sont tous relativement bons, quand ils sont épargnés par les blessures. C'est toujours le même problème.
Coupe Davis
Depuis le début de saison, l’absence de résultats des Français est-elle le contrecoup de cette finale perdue en Serbie?
Je crois que la défaite de Belgrade n’a rien à voir avec les parcours moyens, entre guillemets, des Français depuis le début de la saison. Quand on voit nos résultats sur les Masters 1.000 ou les tournois du Grand Chelem, on n’a pas gagné de titres, on n’a pas fait beaucoup de demies. Il y a eu quelques quarts. La Coupe Davis, c’est une opportunité pour tous de montrer leur vrai visage. Depuis un an et demi, ils sont tous relativement bons, quand ils sont épargnés par les blessures. C'est toujours le même problème.


Que vaut vraiment le tennis français aujourd’hui? Etes-vous d’accord avec Gilles Simon qui affirme qu’on en fait un peu trop autour de cette équipe…
Ça c‘est un truc typiquement français. Quand des joueurs se mettent à bien jouer, on les encense, on les survend alors qu’ils n’ont rien demandé. Ce ne sont ni Nadal, ni Federer. Et à l’inverse, quand ils ont une baisse de régime et que ça marche moins bien, on se demande comment ils peuvent tomber si bas. Aujourd’hui leur valeur est, pour certains, au mieux dans le top 10. Les autres, dans le top 20. Du mois, ils ont le potentiel pour y revenir.
tennis
Que vaut vraiment le tennis français aujourd’hui? Etes-vous d’accord avec Gilles Simon qui affirme qu’on en fait un peu trop autour de cette équipe…
Ça c‘est un truc typiquement français. Quand des joueurs se mettent à bien jouer, on les encense, on les survend alors qu’ils n’ont rien demandé. Ce ne sont ni Nadal, ni Federer. Et à l’inverse, quand ils ont une baisse de régime et que ça marche moins bien, on se demande comment ils peuvent tomber si bas. Aujourd’hui leur valeur est, pour certains, au mieux dans le top 10. Les autres, dans le top 20. Du mois, ils ont le potentiel pour y revenir.
Gilles Simon
Que vaut vraiment le tennis français aujourd’hui? Etes-vous d’accord avec Gilles Simon qui affirme qu’on en fait un peu trop autour de cette équipe…
Ça c‘est un truc typiquement français. Quand des joueurs se mettent à bien jouer, on les encense, on les survend alors qu’ils n’ont rien demandé. Ce ne sont ni Nadal, ni Federer. Et à l’inverse, quand ils ont une baisse de régime et que ça marche moins bien, on se demande comment ils peuvent tomber si bas. Aujourd’hui leur valeur est, pour certains, au mieux dans le top 10. Les autres, dans le top 20. Du mois, ils ont le potentiel pour y revenir.

Que vaut vraiment le tennis français aujourd’hui? Etes-vous d’accord avec Gilles Simon qui affirme qu’on en fait un peu trop autour de cette équipe…
Ça c‘est un truc typiquement français. Quand des joueurs se mettent à bien jouer, on les encense, on les survend alors qu’ils n’ont rien demandé. Ce ne sont ni Nadal, ni Federer. Et à l’inverse, quand ils ont une baisse de régime et que ça marche moins bien, on se demande comment ils peuvent tomber si bas. Aujourd’hui leur valeur est, pour certains, au mieux dans le top 10. Les autres, dans le top 20. Du mois, ils ont le potentiel pour y revenir.


En tant que capitaine depuis 12 ans, les critiques concernant vos choix vous affectent-elles encore?
J’explique toujours mes choix. La pire chose à faire est de mentir. Après Belgrade, j’ai assumé mes choix. Sur le moment, oui c’est un peu agaçant d’être critiqué. J’estime avoir fait les choix les plus cohérents. Ce n’est pas parce qu’un joueur perd que le choix n’est pas cohérent. Je suis obligé de prendre du recul, faire en sorte que ça ne m’affecte pas trop. Qu’il y ait des critiques, c’est normal. Il faut l’accepter. Mais j’en ai tiré des enseignements. J’ai observé des choses. Je sais comment certains se comportent dans certaines situations. Je sais ce que certains peuvent faire et ne pas faire. Il y aura d’autres occasions. Pour certains de confirmer ce qu’ils ont fait. D’autres qu’ils sont capables. Une sélection, c’est une responsabilité. Il faut assurer…

En tant que capitaine depuis 12 ans, les critiques concernant vos choix vous affectent-elles encore?
J’explique toujours mes choix. La pire chose à faire est de mentir. Après Belgrade, j’ai assumé mes choix. Sur le moment, oui c’est un peu agaçant d’être critiqué. J’estime avoir fait les choix les plus cohérents. Ce n’est pas parce qu’un joueur perd que le choix n’est pas cohérent. Je suis obligé de prendre du recul, faire en sorte que ça ne m’affecte pas trop. Qu’il y ait des critiques, c’est normal. Il faut l’accepter. Mais j’en ai tiré des enseignements. J’ai observé des choses. Je sais comment certains se comportent dans certaines situations. Je sais ce que certains peuvent faire et ne pas faire. Il y aura d’autres occasions. Pour certains de confirmer ce qu’ils ont fait. D’autres qu’ils sont capables. Une sélection, c’est une responsabilité. Il faut assurer…


Si vous aviez gagné cette finale, seriez-vous encore capitaine?
Je ne voulais pas me poser cette question avant la finale. Aujourd’hui, on ne l’a pas gagnée. Je suis un peu frustré de ne pas avoir ramené ce trophée en France, mais au-delà de cette défaite, plein de bonnes choses ont été faites. Continuer un bout de chemin avec eux, j’en suis ravi. Si on pouvait le faire dès cette année, ce sera extraordinaire. Ce qui est sûr, c’est que je m’approche de la fin.

Si vous aviez gagné cette finale, seriez-vous encore capitaine?
Je ne voulais pas me poser cette question avant la finale. Aujourd’hui, on ne l’a pas gagnée. Je suis un peu frustré de ne pas avoir ramené ce trophée en France, mais au-delà de cette défaite, plein de bonnes choses ont été faites. Continuer un bout de chemin avec eux, j’en suis ravi. Si on pouvait le faire dès cette année, ce sera extraordinaire. Ce qui est sûr, c’est que je m’approche de la fin.


L’Autriche, c’est aussi le pays de Thomas Muster. Vous croyez en son retour?
Non je n’y crois pas. Je trouve ça sympathique, il peut gagner un ou deux matchs. Il est sérieux. Malheureusement, quand on a 43 ans, on ne peut pas lutter contre des garçons qui en ont 25 et ont plus d’automatismes. Moi j’ai joué cotre Muster l’an dernier et je l’ai battu. Je connais ma valeur… Je dirais que c’est courageux qu’il essaie.

L’Autriche, c’est aussi le pays de Thomas Muster. Vous croyez en son retour?
Non je n’y crois pas. Je trouve ça sympathique, il peut gagner un ou deux matchs. Il est sérieux. Malheureusement, quand on a 43 ans, on ne peut pas lutter contre des garçons qui en ont 25 et ont plus d’automatismes. Moi j’ai joué cotre Muster l’an dernier et je l’ai battu. Je connais ma valeur… Je dirais que c’est courageux qu’il essaie.