Le syndicalisme a la cote chez les footballeurs
FOOT•Avec 93% de syndiqués, la Ligue 1 affiche un taux record...Alexandre Pedro. avec N.S. et F.L.
Le footballeur n’est décidement pas un employé comme les autres. Alors que le taux des travailleurs syndiqués plafonne à 8% en France, il culmine à 93,25% chez les joueurs de Ligue 1 et de Ligue 2. Un score à rendre jaloux du côté de la CGT, de FO ou de la CDDT. Surtout que cette fièvre syndicale bénéficie à la seule UNFP (l’union nationale des footballeurs professionnels). «En entreprise, c’est parfois mal vu d’être syndiqué, en foot ce n’est pas le cas», explique David Ducourtioux milieu et représentant UNFP du club de Valenciennes. Christophe Jallet au PSG, Stéphane Mbia à Marseille ou Rémy Vercoutre à Lyon sont autant d’exemples de joueurs assurant le lien entre leurs coéquipiers et le syndicat.
Loin des odeurs de merguez des défilés du 1e mai, l’UNFP défend donc les intérêts de salariés perçus comme des privilégiés. Pour Philippe Flucklinger, délégué régional Sud-est de l’UNFP, les gros salaires peuvent aussi lever le doigt pour défendre leurs droits. «On est d’abord là pour aider les joueurs en cas de conflits avec leur club. Il peut s’agir de primes non versées ou d’amendes injustifiées. Mais on sait aussi faire la part des choses. Quand Sessegnon et Payet refusent de s’entraîneur, on ne peut pas les défendre car ils ne respectent pas leur contrat de travail», détaille cet ancien gardien passé par Strasbourg et Montpellier.
«La seule chose qui intéresse l’UNFP c’est d’organiser les Oscars du foot»
Fils de syndicaliste, David Ducourtioux ne voit que des bonnes raisons à payer les 150 euros de cotisation annuelle. «Souvent les jeunes joueurs sont un peu livrés à eux-mêmes et ne savent pas comment faire. Le syndicat est là pour les soutenir. Et puis, si tu es syndiqué, tu as accès aux stages UNFP réservés aux joueurs sans club, ce qui n’est pas le cas si tu n’as pas la carte.» Même son de cloche chez son alter-ego toulousain, Daniel Congré: «On est d'accord avec les causes défendues par l'UNFP, c'est donc tout à fait normal qu'on se syndique».
Plutôt bien acceptée par les clubs, l’UNFP assume une stratégie «allemande», basée sur la concertation plus que sur la confrontation. Pour Vikash Dhorasoo, le syndicat a choisi son camp et ce n’est pas celui des joueurs. L’ancien international n’a pas oublié l’absence de soutien de l’UNFP lors de son licenciement par le PSG en octobre 2006. «J’ai payé ma cotisation pendant dix ans et personne ne m’a soutenu à ce moment-là. De toute façon, la seule chose qui les intéresse c’est d’organiser les Oscars du foot.»
Pour la petite histoire, Sammy Traoré (alors représentant UNFP du PSG) n’avait pas jugé utile d’assister à l’entretien préalable au licenciement de son coéquipier: «Le plus important, c'est que le groupe continue à bien vivre même sans Vikash. On sait qu'on a un match important qui nous attend samedi», avait-il justifié alors. Le terrain d’abord, la solidarité après.