HANDBALLNina Kanto: «Depuis que je suis mère, je relativise plus les défaites»

Nina Kanto: «Depuis que je suis mère, je relativise plus les défaites»

HANDBALLEt il vaut mieux, vu l'état de forme de l'équipe de France au championnat d'Europe...
Propos recueillis par Romain Scotto

Propos recueillis par Romain Scotto

Pour les filles d’Olivier Krumbholz, l’Euro a aussi mal débuté que la phase préparatoire s’est terminée. Battue d’entrée face à la Norvège (33-22) mardi, la bande à Nina Kanto doit réagir dès mercredi soir face à la Hongrie. En cas de nouvel échec, la «maman» de l’équipe de France n’en ferait pourtant pas tout un drame. La naissance de son fil, en février dernier, lui a appris à relativiser.

Comment analysez-vous les défaites de l’équipe en ce moment?

On ne fait pas assez bloc. On compte trop sur des performances individuelles. Pas collectives. C’est l’erreur qu’on fait. On s’enflamme un peu et on oublie tous nos principes. Nos valeurs. Là, il faut se remobiliser et s’engager dans le combat physique sans relâche.

Le fait d’être maman n’est pas trop compliqué à gérer pour vous?

Non, ça se gère au jour le jour. Avec des coups de mou, mais j’essaye de prendre sur moi et me dire que puisqu'il faut un sacrifice, il faut qu’il y ait une médaille au bout. C’est difficile de ne pas montrer mes coups de mou aux filles. Il ne faut pas affecter le groupe. J’essaye de redynamiser, mettre de la joie. Mais les filles sont plus attentives vis-à-vis de moi. Siraba (Dembele) me connaît mieux que personne et sait ce qu’il faut faire quand ça ne va pas.

Etes vous surprise de revenir aussi vite au niveau international?

Très… Déjà, je n’ai pas eu une grossesse facile. J’ai eu des problèmes de santé qui m’ont fait perdre énormément de poids. C’était un combat. J’ai repris le hand au mois de juillet. Et encore je n’ai fait du handball pur qu’en août. Avant, c’était que de la préparation physique. Il y a eu la World Cup fin septembre. Tout est arrivé vraiment vite. C’était peu probable. Aujourd’hui, je me dit «sois fière», c’est un beau challenge.

Vous sentez-vous aussi en forme qu'avant la grossesse?

Pratiquement, mais pas au niveau de la confiance. J’ai beaucoup de déchet, il me faut du temps pour retrouver les fibres musculaires et me remettre du surmenage. Je n’ai pas eu le même rythme que les filles. Au niveau des repères, je n’ai pas tout retrouvé, mais je me sens bien. J’avais peur du contraire quand je suis revenue en septembre. Je n’avais pas envie qu’Olivier (Krumbholz) me reprenne parce que je suis une ancienne. Ça, je n’en avais pas envie.

Le fait d’être maman a-t-il changé votre conception de votre métier?

Je relativise beaucoup plus les choses. Après une défaite comme celle de la Norvège, j’aurais pleuré toute la nuit. Là, je vais un peu plus de l’avant. Le handball c’est ma passion mais ce n’est plus ma priorité dans ma vie. C'est mon fils.

Avez-vous pensé à arrêter après sa naissance?

Je me complaisais bien dans ce rôle de maman, surtout le premier mois. Ça me rend la tâche plus difficile. Je n’ai pas coupé le cordon. A l’origine, je pensais arrêter l’équipe de France. Mais pas le club. Je ne pensais pas être sélectionnable avant 2011. Et finalement pour ma première compète, il n’avait que 7 mois. J’avais la sensation de l’abandonner. Là, il n’en a que 9... Il a besoin de sa maman.

Vous avez quand même suivi vos coéquipières lors du dernier Mondial?

De loin. J’ai suivi ça par SMS et quelques appels, seulement. Ça me stressait et j’avais peur d’accoucher avant le terme. Et j'avais besoin de couper. Me concentrer sur ma vie de couple, me ressourcer auprès de mon homme, ma famille. Moi je suis une nerveuse, je n’aime pas regarder les matchs. Pour la finale, je demandais le score à mon homme de loin en faisant mon ménage.

Etes-vous plus maternelle avec vos coéquipières?

C’est ce qu’elles disent. Avant j’étais la folle. Aujourd’hui, je suis la maman folle. C’est inconscient mais j’ai un peu plus de recul. J’essaye de les faire positiver. Le fait d’être maman, cela m’épanouit.