H Cup: les clubs français défavorisés par l'arbitrage britannique?
RUGBY•Sur et en dehors du terrain...Bertrand Volpilhac
«On se fait voler le match. On va finir par penser qu'on ne peut pas gagner outre-manche avec un arbitre britannique. C’est un scandale». Il aura donc suffi d’un essai refusé aux Castrais du talonneur Matthieu Bonello face à Northampton lors de la première journée de H Cup pour relancer une polémique vieille comme le rugby: les Français sont-ils défavorisés par les arbitres britanniques? «C’est vrai que l’arbitrage est plus sévère pour les Français quand ils jouent à l’extérieur, tranche d’emblée Thomas Lombard, ancien centre de l’équipe de France. C’est une accumulation de facteurs: Il y a des problèmes de communication liés à la langue et encore des problèmes disciplinaire de la part des clubs français.»
Sans parler des différences d’interprétation des règles. Philippe Saint-André, entraîneur de Toulon, stigmatise un arbitrage où «les cartons jaunes giclent plus vite. Si, par exemple le plaqueur ne se sort pas de la zone plaqueur/plaqué, il sera directement exclu, explique «PSA».
Les Anglais n’ont plus les moyens de rivaliser
Une inégalité qui va au-delà du terrain. Cette semaine, le Clermontois Jamie Cudmore a écopé de dix semaines de suspension pour un mauvais geste peu évident à la vidéo et qui fait écho aux sanctions très sévères de 6 et 18 (!) mois de mise au ban prononcées l’an dernier par l’ERC (l’instance dirigeante européenne) à l’encontre de Julien Dupuy et David Attoub, du Stade Français. «C’est vrai que les sanctions sont disproportionnées, acquiesce Lombard, désormais consultant pour Canal+. Ce n’est pas équitable. La compétition est gérée par les Celtes… dès l’instant où on choisit de rentrer dans la compétition on accepte de faire avec et s’en protéger.»
Comment? En étant moins «naïfs». Pour l’ancien trois-quarts de Worcester, les équipes du Top14 français ne font en effet pas le contrôle nécessaire sur elles-mêmes pour éviter de tomber dans le piège. «Nous continuons de commettre des erreurs récurrentes d’indiscipline, de ne pas être assez vigilants, pragmatiques. Les Anglo-saxons n’ont plus les moyens de rivaliser économiquement ou sportivement – l’an dernier, la finale de la Hcup a opposé deux clubs français, Toulouse et Biarritz –, mais ils ont des idées et vont rechercher tous les moyens de nous mettre en difficulté. Du coup, un juge ou un arbitre va regarder davantage une équipe française.»
Jusqu’au jour où, peut-être, les clubs du Top14 en auront assez. «S’ils s’unissent tous d’une même voix et menacent de ne plus participer à la H Cup, l’ERC sera obligé de changer, conclut Lombard. Sans les joueurs français, la compétition est insignifiante.»