FOOTBALLAntonio Pintus: «Un footballeur doit avoir une vie d'athlète»

Antonio Pintus: «Un footballeur doit avoir une vie d'athlète»

FOOTBALLLe préparateur physique de l'OM met les bouchées doubles pendant la trêve...
Propos recueillis par Sandrine Dominique à Marseille

Propos recueillis par Sandrine Dominique à Marseille

Arrivé cet été à l'OM, l'Italien Antonio Pintus a profité de la trêve internationale pour parler de son travail de préparateur physique.

On a vu les Olympiens beaucoup travailler le physique à l'entraînement. C'est un moment de la saison important pour vous?

En début de saison l'objectif est d'être prêt le plus tôt possible et de durer le plus longtemps possible. Mais c'est difficile d'avoir tout le monde au même niveau car il y a des joueurs qui jouent beaucoup, d'autres moins. Certains ont fait la Coupe du Monde, d’autres ont bénéficié de peu de vacances et de peu de temps de préparation. La trêve est pour nous l'occasion de faire un rappel de ce travail foncier. Même si on a que la moitié de l'effectif c'est important car quand les internationaux reviendront on va enchaîner ensuite des matchs tous les trois jours. Mercredi, on a travaillé la puissance aérobique pour améliorer la condition générale des joueurs et on fait beaucoup de travail de muscu pour les abdominaux et le dos. Jeudi, on fera un travail de force pour les jambes. Mais je suis content de l'état physique de tout le monde.

Faites-vous un travail «à l'italienne» comme dans les années 90?

Non car je trouve qu'en France, la préparation que l'on fait et que font d'autres équipes est très bonne. A mon avis c'est même la meilleure car la plus complète. On fait du foncier avant le championnat alors qu'en général en Angleterre ou en Italie où on faisait auparavant beaucoup de physique, de force, de densité aérobique, on ne le fait plus. On pense que le travail avec le ballon suffit pour mettre en forme un joueur. Il faut trouver un juste milieu. En plus en Italie la plupart des joueurs se plaignent tout le temps, ils n'aiment pas ça. On le sait. Les Olympiens, eux, sont restés silencieux même si peut-être qu’ils n’en pensent pas moins... [rire]

Le niveau physique en France s'est donc rapproché de celui à l'étranger?

Oui c'est presque pareil. L'Italie d'ailleurs a beaucoup appris de l'entraînement français. N'oublions pas que c'est en France qu'il y a le concours européen de préparation physique. J'ai fait ma maîtrise à Lyon et le professeur Cometti à Dijon a beaucoup apporté par son travail sur la biométrie. Après on peut avoir l'impression sur certains matchs que les Anglais courent plus. Mais c'est parce qu'il y a beaucoup d'engagement physique, de contacts. Mais une équipe comme Manchester United est une des formations qui court le moins en Angleterre.

Il vous arrive de reprendre un joueur qui ne donne pas le maximum?

Il m'arrive de demander pourquoi il n'a pas tout donné car il y a toujours des raisons. Ma façon de travailler c'est de comprendre le joueur, de faire preuve un peu de psychologie. Après on essaie de compenser le travail qu'il n'a pas fait. Mais je ne crie pas, j'essaie de faire passer des messages. Par exemple, je viens presque tous les jours à l'entraînement en courant de chez moi. Ça fait 20km par jour [30 en réalité]. Peut-être que les joueurs me prennent pour un fou mais j'aime ça. C'est un petit message que je leur fait passer. J'ai 48 ans et je m'engage physiquement à fond dans ce que je fais. C'est bien qu'eux le fassent aussi.

La préparation physique peut-elle faire la différence?

Non. Soyons honnête. En football, c'est encore la technique qui fait la différence. Le talent, c'est la base. Si on n'a pas de talent on ne peut pas être champion. On naît champion. Le problème c'est de le rester le plus longtemps possible et c'est là que le travail entre en jeu. Pour prendre l'exemple de Didier Deschamps, à 14 ans il avait déjà gagné le titre français du 1000 m. En tant que sportif, au niveau aérobique c'était un des meilleurs. Il avait des qualités incroyables! Mais quand il jouait, il arrivait plus tôt que les autres, il faisait un travail de musculation, de gainage et à la maison il appliquait le travail de posture Mézières pour prévenir les blessures. Aujourd'hui pour arriver à rester au très haut niveau il faut avoir une vie d'athlète.

Pensez-vous que dans le football, des joueurs peuvent avoir recours au dopage?

Je pense que le foot est avant tout un sport de technique et que le dopage ne va pas aider à améliorer ce genre de performances. C'est pourquoi on ne voit presque jamais de cas de dopage alors que les joueurs sont testés trés souvent.

Vous parliez de Deschamps. C'est pour lui que vous êtes venu à l'OM?

Je n'avais pas de contact avec l'OM, c'est Didier qui m'a appelé. Avec Didier on se connaît depuis 15 ans. J'avais envie de retravailler avec lui car on a la même vision des choses dans le football. Je suis lié à lui. Déjà à Chelsea [1999-2000], on avait parlé de travailler ensemble. Il m'avait dit qu'il voulait devenir entraîneur et du coup je lui avais répondu que lorsqu'il entraînerait je serais son préparateur physique. C'est quelqu'un je vois aller loin dans ce métier.