FOOTEquipe de France: Trois Réunionnais en bleu, une première

Equipe de France: Trois Réunionnais en bleu, une première

FOOTAvec Hoarau, Payet et Trémoulinas, les Réunionnais arrivent en force chez les Bleus...
Alexandre Pedro

Alexandre Pedro

Pour son premier jour avec les Bleus, Dimitri Payet ne va couper à un bizutage de rigueur. Echaudé après sa reprise approximative du rappeur Sinik lors de ses débuts avec les Espoirs, il a prévu de «chanter un truc réunionnais, comme ça, si je me trompe personne ne s’en rendra compte». Le meilleur de Ligue 1 avec Saint-Etienne oublie juste la présence des tympans de Guillaume Hoarau et Benoît Trémoulinas dans les salons de Clairefontaine.

Laurent Robert le pionnier

Trois Réunionnais en bleu, une grande première pour un département qui a surtout donné quelques-uns de ses plus grands noms au handball français avec les Richardson, Narcisse et Cazal. Pourtant, cette île de 800.000 habitants vit, respire et mange football. «Malgré Jackson Richardson, le foot reste le sport numéro un et de loin», constate Michael Payet, journaliste sportif pour le principal quotidien de l’île.

Le football réunionnais longtemps dans l’ombre de la Guadeloupe ou de la Martinique «savoure cette petite revanche», dixit Michael Payet. Ancien professionnel à Montpellier et au Celtic Glasgow, Didier Agathe rappelle que «la Réunion compte deux fois plus de licenciés que la Guadeloupe et la Martinique réunies». Aujourd’hui à la tête d’une académie qui porte son nom, Agathe explique cette réussite par les structures mises en place. «On récolte les fruits du travail de fond effectué par nos éducateurs. La base est là, on a plus de 50 garçons présents dans des centres de formation en métropole, mais on n’avait plus de mal à arriver au sommet de la pyramide à savoir l’équipe de France.» Il a fallu attendre 1999 et Laurent Robert pour voir un natif de l’île en équipe de France.

«Trop attaché au cocon familial»

Si Benoît Trémoulinas (Réunionnais par sa mère mais élevé en Gironde) voit dans la présence réunionnais surtout «une histoire de génération», Didier Agathe préfère parler d’un changement de mentalité. «La qualité a toujours été là, mais on n’avait pas assez travaillé sur l’aspect pédagogique. Les Réunionnais sont très attachés au cocon familial, observe-t-il. Ici, certains sont des petites stars dans leur club, il y a la plage et le soleil. A la première difficulté en métropole, ils peuvent avoir envie de rentrer chez eux.»

L’exemple de Dimitri Payet vient étayer ce raisonnement. Victime du mal du pays, Payet avait quitté le centre de formation du Havre pour revenir jouer à Saint-Pierre avant de retenter sa chance à Nantes. Conscient de ce problème, Didier Agathe incite les autorités politiques «à créer un vrai centre de formation à la Réunion». On n’a peut-être pas fini d’entendre chanter créole à Clairefontaine.