TENNISNicolas Mahut: la vie après le record

Nicolas Mahut: la vie après le record

TENNISSorti vaincu du match le plus le long de l’histoire, le Français savoure le moment unique vécu lors de ce premier tour de Wimbledon...
Propos recueillis par A.P.

Propos recueillis par A.P.

A 28 ans, Nicolas Mahut découvre les journées à la Roger Federer. Le Français enchaîne les interviews où il revient en détails et sans amertume sur cette défaite pas comme les autres face à l’Américain John Isner. Un record dont Mahut veut se servir pour rebondir, même s’il devine au fond de lui qu’il ne revivra jamais un tel moment d’émotion.

Une expérience impossible à revivre

«Je prends peu à peu conscience que ce match a dépassé le cadre du tennis. En tant que joueur, j’aurai la déception de cette défaite toute ma carrière. Je ne devrais pas dire ça, mais j’étais prêt à mourir sur le terrain. J’espère en revivre d’autres, mais c’était une expérience incroyable, l’expérience de ma vie. J’ai très hâte de rejouer (il s’envole vendredi pour le tournoi de Newport aux Etats-Unis), j’ai un tas d’objectifs en tête. En même temps, j’ai peur de tous les matchs que j’ai à jouer ne puissent atteindre le niveau d’émotion et d’intensité de cette rencontre. J’espère connaître la seconde semaine d’un tournoi du Grand Chelem et disputer la Coupe Davis. J’espère pouvoir vous dire alors si ces moments rivalisent avec ce que j’ai vécu à Wimbledon.»

Une découverte sur lui-même

«Au fur et à mesure de la rencontre, je suis entré dans ce que certains sportifs appellent la “zone”, c’est à dire un moment de concentration intense ou le mental prend le dessus sur le corps, sur la fatigue. Alors que je ne suis ne suis pas le champion du monde de la concentration, j’ai réussi à tenir sept heures dans ma bulle. J’aurais pu tenir le double s’il avait fallu. J’espère un jour retrouver cet état, mais j’en doute un peu. Je vais tous faire pour reproduire cet instant, je sais comment faire, j’ai visualisé les étapes.»

Une nouvelle notoriété

«Sur le court, je ne prenais conscience de l’ampleur médiatique à venir. J’ai commencé à comprendre quand il a fallu établir un planning pour répondre à toutes les demandes d’interviews… C’est une fierté d’entendre les gens dire que cela leur a fait du bien de voir un Français se battre jusqu’au bout. J’ai passé un mois à l’étranger où l’image de la France a été pas mal entachée après toutes les polémiques autour des Bleus. Mais je ne veux pas les enfoncer. Ils se sont oubliés et sont passés à côté de l’événement, ils doivent maintenant tous regretter leur comportement.»

Une seconde carrière qui débute

«Maintenant, je ne peux plus me permettre de me lamenter, d’avoir une mauvaise attitude sur un court. Les gens ne comprendraient pas… Quand je vois ce que je suis capable de faire, je me dis que je n’ai pas la carrière que je devrais avoir. J’ai trop eu tendance à rejeter la faute sur des éléments extérieurs. Mais la réalité d’aujourd’hui, c’est que je suis 140e mondial. J’ai envie de revenir dans les 50 premiers. Pendant trop longtemps, j’ai pensé que les grandes victoires n’étaient pas pour moi. J’ai failli arrêter le tennis à la fin 2009, je me suis complètement remis en question ces huit derniers mois. Si j’arrive à garder mon état d’esprit actuel, je ne me fais pas soucis pour l’avenir.»