TENNISPourquoi Robin Söderling fait peur?

Pourquoi Robin Söderling fait peur?

TENNISOn ne bat pas Rafael Nadal et Roger Federer par hasard...
A.P.

A.P.

De notre envoyé spécial à Roland-Garros

Pour Björn Borg, le doute n’est plus permis: le coupeur de tête est appelé à régner dans les plus brefs délais sur le tennis mondial: «Robin Söderling sera no 1 mondial», prophétise le sextuple vainqueur de Roland-Garros interrogé par le quotidien suédois Expressen. Encore tout retourné par le niveau de jeu déployé par son compatriote pour terrasser Roger Federer, la légende suédoise le voit dégommer Tomas Berdych en demi-finale, puis lui succéder au palmarès dès dimanche: «Si Söderling parvient à jouer de la sorte pendant encore deux matchs, c’est lui qui soulèvera le trophée.»

La Suède s’est pourtant désespérée de voir ce talent brut prendre son envol. A 25 ans, le finaliste de Roland-Garros 2009 arrive à maturité et exploite enfin tout son potentiel. Du haut de son 1m94, Söderling balance des services à vous dégoûter un numéro un mondial. «Quand le joueur en face sert à 225 ou 230km/h, c'est très difficile de répondre», souffle Roger Federer.

A cette arme de dissuasion massive, le protégé de Magnus Norman ajoute une frappe de balle en coup droit et en revers à vous assommer un bœuf. Le Français Laurent Recouderc (victime de l’ouragan de Tibro au premier tour) évoque «une machine qui balance des obus dans tous les sens». Roger Federer himself n’a jamais paru pouvoir prendre la direction de l’échange tant le Suédois l’obligeait à évoluer loin de sa ligne de fond.

Encore plus dangereux sur terre battue

Le bras, Söderling l’a toujours eu. Il ne lui manquait qu’une tête qui aille avec. Ecrasé en trois petits sets, Recouderc a bien espéré que le lance-balles scandinave «dégoupille à un moment», sauf que Söderling ne dégoupille plus. Le joueur capable de se saborder et de s’écrouler à la première contrariété a laissé place à un tueur au sang-froid. Son entraîneur, Magnus Norman tient pour beaucoup dans cette révolution psychologique. «Cela m’a pris du temps pour le comprendre et pour changer son comportement, raconte l’ancien numéro deux mondial au Times. Au début, nous avons eu pas mal de conflits. Nous avons beaucoup parlé et il a fini par comprendre ce que je lui demandais. Il est venu me le dire la semaine avant Roland-Garros l’an dernier.»

Depuis, l’élève applique la leçon à la lettre avec une prédilection étonnante pour la terre battue. Plutôt catalogué joueur d’indoor à ses débuts, Söderling exploite tout son potentiel sur la plus lente des surfaces où il dispose de plus de temps pour ajuster des coups qui demandent beaucoup d’amplitude. «Maintenant, je préfère les surfaces un peu plus lentes aux surfaces très rapides, confirme l’intéressé. Quand je sers bien comme ça et que je joue comme ça, je pense que la terre battue est ma meilleure surface.» Comme Borg, mais dans un autre genre et sans bandeau dans les cheveux.