Malgré la polémique, l’équipe de France de futsal va bien disputer le premier huitième de finale de Coupe du monde de son histoire, ce vendredi face à la Thaïlande (14h30). Un doute existait depuis le dépôt de plainte de la Libye et le Paraguay auprès de la FIFA pour conduite anti sportive de la France et de l’Iran (1-4), lors du dernier match de poule, mais la procédure ne devrait pas aboutir.

Ce qui ne fait pas du tout redescendre Miguel Rodrigo, le sélectionneur de la Thaïlande, joint par 20 minutes : « Pourquoi suis-je autant en colère ? En réalité nous le sommes tous. J’ai parlé avec l’entraîneur du Brésil, de l’Argentine, tout le monde est fâché. C’est une honte, s’énerve-t-il depuis l’Ouzbékistan, où se déroule le Mondial. C’est une situation honteuse pour le football parce que les deux équipes ont joué intentionnellement pour perdre le match afin d’éviter le Maroc ou le Brésil au prochain tour, et jouer contre la Thaïlande. C’était ridicule. »

« Pourquoi le gardien laisse le ballon entrer ? »

Les images du match parlent d’elles-mêmes. On y voit les joueurs des deux nations faire un nombre incalculable de passes illicites vers le gardien, provoquant des coups francs indirects. Des coups francs indirects ensuite joués d’une manière aussi maladroite qu’incompréhensible, pour un score de 0-0 à la mi-temps.

« Personne ne voulait tirer, parce que personne ne voulait marquer un but pour finir à la 2e position, afin d’avoir le tableau facile. Il faudrait aussi demander au gardien pourquoi il a laissé le ballon rentrer ? C’était ridicule, une honte. J’espère que les instances vont comprendre ce qu’il s’est passé parce que tout le monde a honte », ajoute auprès de 20 Minutes, Miguel Rodrigo. En début de seconde période, on voit le gardien remplaçant de l’équipe de France serrer les jambes avant de laisser une frappe facile lui passer sur sa droite et franchir la ligne de but.

Préparer la suite de la compétition

Dans son compte rendu, la Fédération Française de Football reconnaît d'ailleurs à demi-mot l’implication moindre de son équipe pour ce match que lors des deux premières rencontres remportées face au Guatemala (6-3) puis au Venezuela (7-3). « Déjà assurées de leur qualification pour les huitièmes de finale, les deux équipes n’avaient pas, à l’évidence, une folle envie de croiser le Maroc en huitième de finale, ni de figurer dans la partie basse du tableau final », écrit la Fédération.

L’entraîneur des Bleus, Raphaël Reynaud, avait pourtant tancé son groupe à la mi-temps, en lui demandant d’enfin se réveiller. Avant de reconnaître, après la défaite, que le niveau de son équipe n’était pas digne d’une telle compétition. « Je comprends la surprise et la frustration, poursuit-il sur le site de la FFF. C’est un match à oublier. Une très grosse contre-performance. On a l’image d’une équipe dynamique mais les joueurs avaient peur de perdre le bénéfice du travail accompli. Les éventuelles blessures, les cartons, tout ça entre aussi en compte. J’assume la stratégie de vouloir, aussi, bien se préparer pour la suite. Nous avions un plan de jeu mais notre adversaire ne voulait absolument pas jouer et ça nous a gênés. On voulait les attendre avec une stratégie pour les contrer. C’est dommage pour le futsal mais on va tout faire pour gommer ça », a-t-il préféré mettre sur le dos de la préparation.

« Le contenu ne nous a pas plu »

Malgré le dépôt de la plainte par la Libye et le Paraguay, la Fédération Française de Football est restée sur la même ligne de défense : « La phrase de groupe est terminée, le coach et le capitaine se sont exprimés après le match, ce n’était pas le match du siècle, le contenu ne nous a pas plu ». Tout en se félicitant d'« une première participation historique pour les huitièmes de finale d’une Coupe du monde très excitante », qui les rend forcément « heureux ».

En interne on estime surtout que les exploits réalisés lors des deux premiers matchs pour aller chercher une qualification historique leur a permis de jouer relâché ce troisième match, et que cette polémique n’entachera pas la préparation du match contre la Thaïlande, vendredi. Lâcher un match de poule pour figurer dans un meilleur tableau n'est pas nouveau, on l'a déjà vu en basket-ball ou en handball, même si les images sont aussi criantes que désolantes cette fois.

Polémique téléguidée ?

« Cela s'était déjà produit lors de la Coupe du monde au Brésil entre le Paraguay et l'Italie, où tout le monde avait vu ce qui s'était passé pour que les deux se qualifient pour la phase suivante, et maintenant la France fait de même pour éviter des rivaux plus coriaces, pointe sur ses réseaux sociaux l'ancienne star du Portugal, Ricardinho. Je ne sais pas jusqu'à quand les athlètes accepteront ces choses et quand nous créerons un concept pour qu'il y ait plus de choses comme ça lors du dernier tour. »

Chez les Bleus, on s’interroge aussi sur l’origine de la polémique, largement alimentée par le sélectionneur espagnol du futur adversaire des Bleus. « C’est une situation très délicate, ne pensez pas que j’ai peur d’affronter la France, ou l’Iran. Les Français ont été les premiers à laisser le ballon entrer dans leur but, pourtant c’est une grosse fédération, avec une bonne réputation, des valeurs. Et tout ça tombe à l’eau. Je ne suis pas en train de les condamner, ils se sont eux-mêmes condamnés avec cette situation honteuse », tranche Miguel Rodrigo. Ce premier huitième de final de l’histoire des Bleus en Coupe du monde contre la Thaïlande promet.