JO 2024 : « J’ai déjà nagé dans pire que ça » … Ça y est, le tant redouté triathlon a eu lieu, et personne n’a été malade
jeux olympiques•Longtemps, des doutes planaient sur la faisabilité du triathlon de cette édition 2024, ce qui aurait fait tache dans le bilan. Mais heureusement, ce mercredi, tout a roulé pour les athlètes. Même la nage, oui !Jean-Loup Delmas
L'essentiel
- Cassandre Beaugrand a amené une sixième médaille d’or à la France ce matin en remportant le triathlon. Dans une épreuve qui a bien failli ne jamais avoir lieu, la faute à la qualité de la Seine.
- Cérémonie d’ouverture magistrale, sites d’épreuves tous plus majestueux les uns que les autres, razzia de médailles… Après un début en fanfare, on a eu peur qu’un surplus d’Escherichia Coli ne vienne gâcher la fête.
- Finalement, les deux épreuves de triathlon se sont bien déroulées, et les athlètes ne semblent pas traumatisées par la qualité de la flotte.
De notre envoyé spécial dans les bactéries,
« Ça aurait été dégueulasse qu’on soit privé de cette épreuve. Heureusement, elle a eu lieu. On a bien fait, au vu du résultat », sourit Cassandre Beaugrand, tout juste auréolé de son titre olympique sur triathlon. Un titre qui n’avait rien d’une évidence, au vu de la féroce concurrence d’une part… et de la météo. Mais malgré une pluviométrie loin d’être idéale ces derniers jours, c’est bon, les triathlètes se sont jetés dans la Seine mercredi matin. Ouf !
La fin d’une question qui aura agité le pays depuis des mois : sera-t-il possible, ou non, de se baigner dans le fleuve parisien ? Le feuilleton national avait pris une telle ampleur qu’Emmanuel Macron s’était senti obligé de dissoudre l’Assemblée nationale afin qu’on parle un peu d’autre chose.
« Impossible que ça se finisse comme ça »
Sur confiante, l’organisation n’avait pas prévu de plan B pour la natation. En cas de Seine impraticable, tant pis, l’épreuve se transformerait en duathlon. Une option à laquelle la néo-championne olympique préférait ne pas penser : « Pour moi, c’était impossible que ça se finisse comme ça et qu’on ne fasse pas les trois disciplines »
Le changement aurait constitué une première olympique et une sacrée tache noire sur le beau tableau des JO 2024. De quoi nous redonner une image de petit merdeux ayant eu les yeux plus gros que le ventre. « Ha, ces froggies, toujours à vouloir tout révolutionner au lieu de se contenter du monde comme il est », pouvait-on déjà vanner du côté de Londres.
« Je ne savais pas quel type de course on allait faire »
Pour ne rien gâcher au drama, on aura tremblé jusqu’au bout, puisque les pluies diluviennes de vendredi avaient rendu la Seine impraticable mardi, obligeant à décaler l’épreuve masculine. Et à entendre les orages jouer la cinquième symphonie toute la nuit, on s’est dit que les tests effectués aujourd’hui – heureusement ils mettent 15 heures à livrer leur verdict – devraient sans surprendre l’élire à nouveau « impraticable ». Une situation qui a pas mal perturbé les athlètes, admettait Taylor Spivey, triathlète américaine : « En me couchant hier, je ne savais même pas quel type de course on allait faire ce matin, ni si on allait pouvoir courir. En voyant le report des Hommes, j’essayais de garder espoir, de me dire que c’était 50/50 au niveau des chances. Et puis cette nuit, c’était terrible avec la pluie battante. »
C’est donc passé dans un trou de souris, mais c’est passé. Et une fois le départ validé, tout a roulé ou presque : la pluie qui avait fondu sur la ville s’est arrêtée pile avant le départ des athlètes, le ciel s’est dégagé, et finalement, c’est la partie vélo, clairement glissante avec toute cette flotte, qui a posé problème plus que la natation.
« L’eau était bonne »
Et alors, ça fait quoi de se baigner dans la Seine ? Flora Duffy, légende du triathlon et championne olympique à Tokyo, sortie largement en tête du fleuve, se montre synthétique : « L’eau était bonne. Il y avait juste du courant. Je suis contente que cette course a eu lieu, je n’avais juste pas les jambes aujourd’hui pour faire plus après ». La puissance de l’eau, renforcée par les pluies, a beaucoup plus marqué l’australienne Sophie Linn, qui admet avoir connu une nage difficile en raison du débit. Mais elle a quand même « vécu une belle course, dans un endroit magnifique. ». Tony Estanguet pourra encore nous blâmer, nous pauvres pêcheurs qui avons osé douter une nouvelle fois du génie de l’organisation.
Pour Cassandre Beaugrand, la nage n’avait rien de particulier : « J’avais déjà fait des tests dedans il y a un an, et puis, on a déjà nagé dans bien pire que ça ». Interrogée également, la chinoise Xinyu Lin avait « confiance dans le sérieux des Jeux olympiques et ne pas douter de la qualité de l’eau. » Elle rigole : « Je ne suis pas malade, et je ne vais pas mourir. Je vais bien, je vous rassure ».
À lire aussi