RugbyPrivés de magie, les Fidjiens vont-ils exploser contre les Anglais ?

Fidji - Portugal : Privés de magie, les Fidjiens vont-ils exploser en quart contre l’Angleterre ?

RugbyLevani Botia et ses coéquipiers ont livré une partie indigne de leur talent, dimanche à Toulouse face au Portugal (défaite, 24-23)
Nicolas Stival

Nicolas Stival

L'essentiel

  • Après avoir débuté la Coupe du monde en fanfare, les Fidjiens se sont qualifiés in extremis pour les quarts de finale de la Coupe du monde de rugby, après leur étonnante défaite bonifiée dimanche soir à Toulouse, contre le Portugal (24-23).
  • Ils retrouveront l’Angleterre dimanche prochain à Marseille, après l’avoir battue à Twickenham en match de préparation au Mondial, le 26 août (22-30).
  • Totalement méconnaissables, les Flying Fijians semblent incapables d’atteindre pour la première fois de leur histoire les demi-finales de la compétition. Mais gare à leur légendaire imprévisibilité…

Au Stadium de Toulouse,

« Ils vont en prendre une belle à Marseille, les Fidji… » Ce pronostic sévère a été émis par un collègue de la tribune de presse dimanche soir, pendant que les coéquipiers de Waisea Nayacalevu écrivaient une copie pleine de vilaines ratures face au Portugal. Difficile de donner tort à ce copain journaliste, alors que se profile dimanche un quart de finale contre l’Angleterre au Vélodrome que les îliens aborderont dans les pires conditions.

A Toulouse, « Os Lobos » ont signé un succès historique (24-23) et les Fidjiens ne sont sortis des poules qu’à la grâce du point de bonus défensif, qui n’a parfois tenu qu’à un fil, lorsqu’ils se sont retrouvés menés de sept longueurs à deux reprises. Suffisant pour doubler l’Australie in extremis, mais sûrement pas pour espérer briser le plafond de verre des quarts, auquel se sont déjà heurtés leurs aînés de 1987 et 2007.

« On a appris beaucoup de choses aujourd’hui, on a besoin d’améliorer pas mal de trucs pour la semaine prochaine, a vaguement lâché le 3e ligne Levani Botia en zone mixte. Récupérons d’abord, et ensuite on reviendra sur ce match pour voir ce qu’il faut corriger. » Six jours risquent de ne pas être suffisants devant l’ampleur du chantier. Alors qu’une équipe est censée monter en puissance au cours d’une compétition, les collègues du concasseur rochelais s’éteignent rencontre après rencontre.

« Ils nous sont rentrés dans la gueule »

Séduisants face au pays de Galles malgré la défaite (32-26) avant de dominer avec panache l’Australie (22-15), les Flying Fijians font depuis du rase-mottes. Ils ont bien galéré contre la Géorgie (17-12), puis affiché d’immenses faiblesses contre le Portugal. « Je pensais qu’ils prendraient davantage les espaces, mais ils nous sont rentrés dans la gueule et au final, ça ne leur a pas trop servi », analysait, de manière crue mais juste, le pilier Francisco Fernandes dans le camp d’en face.

Réputés pour leur virtuosité, les Sylvain Mirouf du Pacifique Sud ont cette fois oublié baguettes et lapins sortis du chapeau pour jouer les coffres à ballon, avec deux fois moins de passes après contact que les Portugais (sept contre 14). Les rares fois où le jeu s’est déployé, des mauvais choix ou des maladresses ont plombé leurs initiatives, malgré quelques éclairs de l’arrière de Bayonne Sireli Maqala.

L'arrière Sireli Maqala, l'un des rares Fidjiens à échapper au naufrage face au Portugal.
L'arrière Sireli Maqala, l'un des rares Fidjiens à échapper au naufrage face au Portugal. - Charly Triballeau

Avec une charnière renouvelée (Lomani-Botitu) et sans les trois-quarts virtuoses Wainiqolo (a priori blessé) et Radradra (choix), les Fidjiens ont montré autant de flair que Rantanplan parti à la chasse aux Dalton. Et pourtant, on parle bien de la même équipe qui a maté les Anglais à Twickenham le 26 août, en match de préparation du Mondial (22-30), une première historique. L’excellent ouvreur Caleb Muntz avait alors passé 15 points au pied, avant de déclarer forfait pour la Coupe du monde, ce qui n’avait pas empêché les Fidjiens de démarrer la compétition en trombe.

Retour à la maison ou sursaut ?

Depuis, alors qu’Owen Farrell et ses amis se sont gentiment refait la cerise, le jeu fidjien s’est donc inexplicablement liquéfié, et il ne faut pas trop compter sur le taiseux sélectionneur Simon Raiwalui pour fournir des débuts de pistes devant ce mystère. « Je crois qu’il faut qu’on revienne aux fondamentaux, a tenté l’ouvreur castrais Botitu. Porter les ballons, avoir la possession, construire phase après phase et exécuter notre plan de jeu. » Un plan de jeu actuellement aussi localisable que le monstre du Loch Ness ou feue la bête du Gévaudan.

Présentée par les anciennes gloires, telles Waisale Serevi, comme la meilleure génération fidjienne de tous les temps, cette équipe a réussi en 80 minutes à saper sa confiance et à sérieusement amputer son capital sympathie, dans un Stadium il est vrai rempli de Portugais à l’accent de Lisbonne ou du Sud-Ouest de la France. Alors bien sûr, pendant toute la semaine, les Anglais vont nous servir le mythe de l’équipe imprévisible, et on va avoir envie d’y croire.

Le 26 août dernier, les Fidjiens avaient signé un exploit face aux Anglais à Twickenham (22-30).
Le 26 août dernier, les Fidjiens avaient signé un exploit face aux Anglais à Twickenham (22-30). - Steve Haag Sports / Shutterstock

Pourtant, le plus probable à ce jour reste une grosse raclée au Vélodrome suivie d’un retour à Suva. Mais bon, sait-on jamais, avec les Dumbledore de l’ovalie, qui de plus n'auront pas cette fois l'étiquette de favoris accrochée au paletot qui a semblé si lourde à porter contre la Géorgie puis le Portugal.