NATATIONAlain Bernard: «Je suis quelqu'un de rare»

Alain Bernard: «Je suis quelqu'un de rare»

NATATIONLe nageur français sera l'une des têtes d'affiche de l'Open EDF en juin...
Propos recueillis par Matthieu Payen

Propos recueillis par Matthieu Payen

Le public parisien devrait se partager entre les deux grandes stars de la natation qui pourraient s’affronter lors de l’Open EDF. Alain Bernard, champion olympique du 100 mètres, face à Michael Phelps, 14 titres olympiques à son palmarès, c’est du lourd. Mais le sprinter français prévient: tout dépendra de son état de forme. Et ça tombe bien, il va mieux…

A l’occasion de l’Open EDF, vous allez probablement rencontrer Michael Phelps sur 100 mètres. Une première en individuel. Comment appréhendez-vous cette course?

Je suis assez curieux. Mais ça ne me fait pas peur. Bien que Phelps soit un nageur polyvalent, il est comme tout le monde, il a ses forces et ses faiblesses. Après, tout dépendra de ma forme du moment. Mon véritable objectif de la saison, ce sont les championnats d’Europe qui se déroulent en août [du 9 au 15 en Hongrie, Ndlr]. C’est très tard dans la saison, donc il ne faut pas se brûler les ailes avant.

Pourtant, se retrouver face aux meilleurs sprinters, comme Bousquet, Leveaux ou le Brésilien Cielo doit être motivant…

Oui, c’est toujours bon de prendre des repères. On n’a pas souvent l’occasion de rencontrer les meilleurs, donc je vais profiter de cette émulation pour bien me régler. Mais c’est beaucoup plus valorisant de remporter les championnats d’Europe que l’Open. Maintenant, l’un n’empêche pas l’autre. Si je peux tout gagner, je ne vais pas me gêner. J’ai prouvé aux championnats de France que je pouvais m’arracher pour gagner.

En effet, cet hiver, votre préparation n’a pas été facile. Comment vous l’expliquez?

Avec Denis [Auguin], on a décidé de tout changer. C’était une profonde remise en question. Par exemple, au premier trimestre, je n’avais qu’un entraînement par jour, avec forcément moins d’endurance. C’était nécessaire pour continuer à s’épanouir et à progresser. En contrepartie, j’ai eu une période de doutes parce que les résultats ont mis du temps à arriver. Il a fallu attendre les championnats de France [qu'il remporte avec la meilleure performance mondiale de l'année, ndlr] pour que je me prouve que j’étais toujours là.

Le fait de voir d’autres sprinters français comme Frédérick Bousquet vous battre et passer sur le devant de la scène, ça vous a posé un problème?

Non, au contraire, ça m’enlève pas mal de pression, ça me permet de me concentrer sur moi. L’important reste de donner le maximum. Si on donne le maximum et qu’on ne termine pas premier, on n’a rien à regretter.

En parlant de concurrence nationale, Amaury Leveaux vient de choisir un nouvel entraîneur. Philippe Lucas, ça vous semble un bon choix?

S’il y croit, c’est un bon choix. De toute façon, avec qui d’autres aurait-il pu aller? Je ne vois pas grand monde. Après, on ne peut pas dire qu’il ait été très patient avec son précédent entraîneur. On ne peut pas changer d’entraîneur et être performant en trois mois. Si on veut construire quelque chose, on ne peut pas se permettre de changer sans arrêt. Sans faire de mauvaise comparaison, quand on regarde le parcours de Laure [Manaudou], on se rend compte qu’en changeant sans cesse, on peut mettre en péril son avenir sportif.

De votre côté, on vous sent plus posé…

J’ai l’impression de moins subir les choses par rapport à l’an passé. A l’époque, je sentais une énorme attente, c’était très difficile. Je ne veux plus revivre ça, donc j’ai appris à avoir confiance en moi, à canaliser la pression. J’accepte aussi ce que je suis aux yeux des gens. (il hésite) Je suis quelqu’un de rare. Et il faut que je me préserve pour le rester.