JO de Paris 2024 : La réalité virtuelle, un partenaire d’entraînement efficace pour les athlètes
numérique•Les sportifs enfilent casque et capteurs pour répéter un geste en conditions (presque) réelles ou analyser leur techniqueLise Garnier
L'essentiel
- La réalité virtuelle permet aux sportifs de reproduire une action à plusieurs reprises en limitant le risque de blessures.
- Des relayeurs au 4 x 100 m masculin s’y sont essayés et ont tout de suite cerné l’utilité du dispositif.
- A l’approche des JO, le but est d’améliorer les performances des athlètes.
«Une médaille olympique se joue au millième près. La technologie apporte un plus qui permet d’aller chercher le petit centième qui va permettre de gagner », lance Richard Cursaz, responsable national du relais 4 x 100 m masculin. Depuis début 2022, la réalité virtuelle (VR) trouve toute sa place dans cette discipline. « Elle permet de s’entraîner avec plus de précision et de réaliser beaucoup plus de répétitions. La dernière fois qu’on a utilisé les casques, on a fait au moins 50 passages, car on court deux ou trois foulées au lieu de 40 mètres : quelque chose d’irréalisable en vrai avec la question de l’effort et le risque de blessure », explique Mohammed Badru, membre du relais 4 x 100 m.
Une application vraiment utile
Une fois équipé d’un casque et de capteurs, le sportif se retrouve sur une piste avec un avatar qui arrive en courant derrière pour lui passer le témoin. C’est cette action, cette « prise de décision » pour partir au bon moment, qui est analysée. « J’ai tout de suite compris l’utilité du projet, car je savais que le rôle du receveur était très difficile à aborder. La VR est le seul moyen de développer cette compétence, de mesurer la distance parcourue, la portée du regard, etc., sans s’exposer aux blessures », renchérit Richard Cursaz.
« Il n’y a pas de magie »
Si le projet est récent dans l’athlétisme, d’autres sports ont recours à ces technologies depuis plusieurs années. Dans le cas du football, « le gardien est équipé d’un casque et de capteurs de mouvements. Sa réaction est analysée quand des ballons virtuels lui arrivent dessus. On voit alors s’il est capable de les arrêter. Grâce à ce travail, réalisé par Franck Multon à l’Institut national de recherche en sciences et technologiques (Inria), on peut mettre autant de joueurs qu’on veut et contrôler l’orientation du ballon », précise Lionel Reveret, chercheur au sein du même établissement. Le principe est étonnamment similaire pour la boxe. « Un joueur virtuel va mettre des coups à l’athlète avec le même enjeu : parfaire la gestuelle. » En collaboration avec l’Institut national du sport, de l’expertise et de la performance (Insep), l’Inria œuvre à l’amélioration des résultats sportifs des athlètes à la suite d’un appel à projets de l’Agence nationale de la recherche (ANR) lancé en 2019 pour préparer Paris 2024.
Travailler la précision, mais aussi le mental des athlètes fait partie des avantages de la VR : « J’ai été mis en confiance car j’ai fait de bons scores. Et puis, lorsqu’on met le casque, on se retrouve dans le Stade de France avec le public, donc cela permet aussi une mise en contexte intéressante pour apprendre à gérer son stress », témoigne le relayeur Mohammed Badru. Ici, pas question de parler de solution miracle, mais plutôt d’un outil parmi d’autres pour atteindre des records. « La technologie ne dit pas quel est le geste parfait, il n’y a pas de magie. Une performance, c’est plein de facteurs : préparation, état de forme physique, réglage de l’équipement, etc. Nous, on apporte des outils pour guider et accompagner les entraîneurs. C’est comme avec un chrono : on ne fera pas courir plus vite, mais on apportera une information sur une prouesse », explique Lionel Reveret. Reproduire une prouesse, c’est à ça qu’on reconnaît les vrais champions.
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