Roland-Garros : Monfils, Sabalenka, Alcaraz… Nos sept grandes émotions de la quinzaine
TENNIS•Roland-Garros 2023, c’est terminé. Novak Djokovic et Iga Swiatek sont les lauréats d’une édition dont on retiendra plusieurs épisodes, du match épique de la Monf au 23e sacre de NoleWilliam Pereira
L'essentiel
- Roland-Garros s'est terminé avec les victoires de Novak Djokovic et Iga Swiatek.
- La cuvée 2023 n'aura pas été bonne pour les Français, qui ont disparu trop vite des différents tableaux, mais non dénuée d'émotions dans l'ensemble.
- 20 Minutes vous livre ses sept moments forts de la quinzaine.
A Roland-Garros,
Il y a une certaine nostalgie à tourner le dos au stade Roland-Garros le dernier dimanche de la quinzaine, après avoir slalomé entre les petites mains affairées à plier boutique dans l’urgence sous le crépuscule parisien. Contrairement aux jours précédents, il s’agit d’un départ sans retour, d’un soir sans après. Quand il n’y a plus rien devant soi, on jette fatalement un coup d’œil dans le rétro. Roland-Garros 2023 est terminé, donc. C’était nul, une fois de plus, d’un point de vue strictement chauvin, mais pas si mal dans l’ensemble. On aura eu ce qu’on était venu chercher : notre dose annuelle d’adrénaline tennistique et de poussière ocre dans les bronches. Avec quelques souvenirs mémorables en prime. Sans les classer, on vous livre nos grandes émotions de cette cuvée 2023.
La night session de la Monf au premier tour
Les organisateurs du tournoi savaient ce qu’ils faisaient en planifiant Gaël Monfils en night session pour son entrée en matière. Il n’y a rien de tel qu’un contexte électrique pour permettre au showman français de se surpasser face à un adversaire qui avait la faveur des pronostics. Sebastian Baez était un client redoutable que seul l’irrationnel pouvait aider la Monf à surmonter. A deux sets partout – dont un 6-1 sévère pour l’Argentin dans le 4e – on s’était résigné au pire. En fait, le Français avait bazardé la quatrième manche pour tenter de gagner à la rivière, le 5e.
« « A Roland-Garros, j’ai réussi mentalement à me dire ''Non mais t’inquiète, je vais récupérer et je vais le niquer dans le cinquième'', analysait-il à chaud. T’imagines le malade que je suis. Je me suis dit que si je faisais le contraire et que je perdais 6-4 le quatrième set, j’allais prendre 6-1 au cinquième. Si ça ne passe pas pour X raisons, je suis mort. Le fait est que ça a été un choix payant. » »
On a quand même tremblé à 4-0 (et balle de 5-0) pour l’Argentin dans le 5e, avant de se laisser porter par l’impensable. Le seul regret dans cette affaire ? Son forfait le jour suivant, alors que se profilait un alléchant combat face à Holger Rune.
La remontada d’Altmaier sur Sinner
On se revoit jeter un œil à notre écran et annoncer, sûrs de nous, la victoire de Jannik Sinner « dans cinq minutes, max ». Elle n’arrivera finalement jamais. Martyrisé par le 79e mondial Daniel Altmaier et lâché par ses nerfs au moment de conclure, l’Italien aura été l’une des premières têtes de série à tomber à Paris. Deux balles de matchs caviardées dans le 4e, dont une à cause de la bande du filet, le tie-break et le set perdu dans la foulée, les quatre balles de matchs sauvées qui laissaient croire que le vent avait de nouveau tourné dans le bon sens pour Sinner. Mais non. L’Italien a vendangé, cassé sa raquette et loupé de peu le super tie-break. Un scénario fou, comme on les aime.
La disqualification injuste puis la victoire en double mixte pour Kato-Sutjiadi
Alizé Cornet dit avoir eu envie de « tout casser » après la disqualification en double de la paire Miyu-Sutjiadi. Nous aussi. Perdre sur tapis vert pour une balle écartée par Miyu Kato ayant atterri bien malencontreusement sur une ramasseuse de balle et sous une pression adverse dégueulasse, à l’opposé des valeurs de fair-play censées véhiculer le sport… Il y avait de quoi pleurer. C’est exactement ce qu’a fait la pauvre Japonaise au moment du verdict ridicule, on le répète, au vu des images. Heureusement, le karma a fait son œuvre : Miyu Kato remportera le titre en double-mixte et Sorribes Tormo, qui avait poussé pour la disqualification de l’adversaire, tombera en simple le jour suivant (voir plus bas).
Le match marathon quasi record entre Sorribes Tormo et Haddad Maia
L’Espagnole, agréablement surprise de ne pas avoir été huée par le public du Lenglen le lendemain après-midi lors de son 8e de finale face à la Brésilienne Beatriz Haddad Maia, restera sous le feu des projecteurs. Pour de bien meilleures raisons, cette fois. Avec son adversaire du jour, elle disputera le troisième match le plus long de l’histoire de Roland-Garros, en 3h51. Un marathon de folie dans un court bouillonnant où le chemin comptait plus que le résultat. Un match sans perdantes. « Pour être honnête, j’ai adoré ce match, concèdera l’Espagnole. C’était dur mais j’ai vraiment adoré. J’étais tellement bien que je n’avais pas la sensation qu’on avait joué autant. »
Sabalenka qui lâche Loukachenko en plein tournoi
Une émotion vécue en coulisses, dans les sous-sols du court Philippe-Chatrier, où se trouvent les salles de conférences de presse. Où la Biélorusse n’est pas toujours passée, comme l’oblige normalement le protocole. Mais, pour sa santé mentale – et esquiver les questions sur la guerre en Ukraine - les organisateurs lui avaient octroyé un droit de boycott à deux reprises. La fois suivante, après sa victoire face à Elina Svitolina, qu’elle avait fait mine d’attendre au filet après sa victoire, elle ne s’est pas défilée. Mieux, elle a fini par lâcher en mondovision Alexandre Loukachenko, le dictateur biélorusse, pour qui elle était jusqu’ici soupçonnée de rouler. Dans le texte : « si je dis que je ne soutiens pas la guerre, ça veut aussi dire que je ne soutiens pas Loukachenko. » Pan, le fracas dans une salle dégoulinant de journalistes au mètre carré. La réponse ne peut pas être plus claire. Sabalenka vient de renier le pouvoir.
Les crampes d’Alcaraz, le sommet avorté
Maudit court Philippe-Chatrier. Deux ans de suite qu’il nous flingue la demi-finale la plus attendue. L’an passé, le pied de Sascha Zverev. Cette année, les crampes de Carlos Alcaraz, fauché en plein vol en pleine demi-finale épique contre Novak Djokovic. Un scénario que nul n’aurait pu prévoir à la fin du 2e set, une poignée de minutes à peine après le tweener divin de Carlitos. Les points disputés trahissaient alors un léger déclin physique du Serbe quand son jeune rival continuait de courir partout. Il y a bien eu cette légère crampe au bras, passée un peu inaperçue, mais rien d’inquiétant. Jusqu’à ce que tout le corps d’Alcaraz lui mette un stop définitif. Ni les massages, ni le break de fin de 3e set ne suffiront à le remettre sur pied. Par respect par son adversaire et aussi sans doute pour faire un peu comme Rafa, il boira le calice jusqu’à la lie. Maudit Court central, pour ce sommet avorté.
La 23e victoire en GC de Novak Djokovic
Le match en soi n’a pas été fabuleux, en dehors d’un premier set accroché. Mais la joie et le soulagement de Novak Djokovic ne pouvaient laisser insensible. Lui à qui il a si souvent été reproché de faire semblant pour s’acheter une cote de popularité s’est paré de sa plus belle sincérité pour célébrer son 23e titre du Grand Chelem avec le public parisien. Toujours avec humour, comme lorsqu’il dit « encore chercher un prof de français » pour se justifier de basculer sur l’anglais ou cale une dédicace à Mbappé, Giroud et Zlatan, témoins de son exploit. Mais sans en faire des caisses. Il ne s’est pas forcé à pleurer, ni à faire pleurer. Il a juste kifé son moment, quitte à prendre en otage le micro de Marc Maury. « Désolé, j’ai parlé très longtemps, je sais ». Sans rancune, Novak. Ce n’est pas tous les jours qu’on devient le plus titré de tous les temps.