TENNISContre Tsitsipas, l’état de grâce d’Alcaraz… « Tout était facile »

Roland-Garros : Contre Tsitsipas, l’état de grâce d’Alcaraz… « Tout était facile »

TENNISL’Espagnol admet avoir joué l’un des meilleurs matchs de sa jeune carrière face à Stefanos Tsitsipas, en quarts de finale de Roland-Garros. Novak Djokovic est prévenu
William Pereira

William Pereira

A Roland-Garros,

A voir Carlos Alcaraz vaciller sans raison sous la pression d’un public parisien plus favorable à un quatrième set contre Tsitsipas qu’il n’était hostile à l’Espagnol, on n’a pas pu s’empêcher de refaire un petit saut dans le temps. Souvenez-vous, en 2021. Carlitos, à peine majeur et vacciné, s’effondrait devant Hugo Gaston à Bercy sous l’effet étourdissant de la foule, malgré un début de match parfait. A l’époque, le poulain de Juan Carlos Ferrero en voulait à ses nerfs de l’avoir trahi. « Cela me fait mal de ne pas avoir su gérer cette pression, écrivait-il après la rencontre. Mais comme tout dans la vie, quand on tombe il faut savoir se relever. Le plus important est d’apprendre de ces situations et je suis sûr que je vais revenir plus fort une fois la leçon apprise. »

Ces paroles sonnent juste, deux ans plus tard, à Roland-Garros. Malgré un trou d’air et moult balles de match vendangées face à un adversaire revenu à contre-courant des rives du Styx, Alcaraz ne s’est pas laissé envahir par ses démons parisiens. Mieux, il a géré le tie-break du 3e set comme un vétéran du Vietnam. « J’ai bien réussi à me reconcentrer », s’est félicité le jeune homme au micro de Marion Bartoli après sa victoire. Signe de sa maîtrise totale, il n’a jamais été mené lors du jeu décisif, et a brillamment conclu au filet un match qui aurait pu prendre une tournure inattendue. Le patron, c’est lui. Point.

Tout est trop facile pour Alcaraz

Une question nous chiffonne néanmoins. Si le projet Alcaraz est déjà mûr à 20 ans sur le plan mental, quelle marge de progression lui reste-t-il ? . « Il y a énormément de choses où je ne suis pas très fort », jure pourtant le n°1 mondial. Mais quoi ? La technique, le physique, la tactique ? Non ! Sur chacun de ces aspects, le curseur est déjà à un niveau irréel, comme en attestent les deux premiers sets. On se demande bien comment Stefanos Tsitsipas, visiblement noyé dans sa mauvaise foi, a pu déclarer après la rencontre qu’Alcaraz a « été grand mais pas exceptionnel », et que tout ceci n’était que la faute d’une sieste mal programmée dans la journée du Grec.


Oui, il y a eu retard à l’allumage, non, Tsitsi ne bougeait pas bien et oui, il ratait trop de coups faciles. Mais, grand dieu, en face, on croyait voir Rafael Nadal époque pantacourt à carreaux et débardeur. Des coups droits de fou furieux, des défenses de Martien, une mobilité à toute épreuve et la même aisance à casser du revers à une main que tonton Rafa. Sans le sursaut d’orgueil de Tsitsipas – tout à son honneur – l’affaire était pliée en une heure et demie, grand maximum. C’est dire la boucherie. Alcaraz ne s’y trompe pas en affirmant tenir là « un de mes meilleurs matchs de ma carrière. » Avec un passage intéressant sur l’étonnante justesse et sensation de facilité émanant de son jeu.

« « Aujourd’hui, je dirais que tout ce que j’ai fait était facile, semblait facile pour tout le monde et même pour moi. J’ai essayé de faire simple. Quand j’entreprends de faire un coup, cela signifie que je suis très à l’aise, je suis certain que ça va être dedans. C’est donc simple pour moi. » »

Face à Djoko, jeunesse contre expérience

Les choses le seront probablement moins contre Novak Djokovic, bien que l’on commence à se faire du souci pour papi gluten-free, à qui la filiation Alcaraz-Nadal n’a pas échappé. « Il me fait penser à quelqu’un qui joue bien de la main gauche dans son pays, se marrait-il après sa victoire contre Karen Khachanov. Il mérite ses réussites, il n’y a aucun doute là-dessus. Il travaille d’arrache-pied. C’est un joueur très complet. En tout cas, je pense que beaucoup de personnes voudront voir ce match. »

Un constat partagé par Carlos Alcaraz et qui plaît particulièrement à l’Espagnol. « J’attends avec impatience ce match pour en profiter entièrement. Pour moi, c’est incroyable d’écrire l’histoire, de jouer la demi-finale contre un joueur tel que Novak. Ce sera un grand match pour moi. » Un pronostic pour finir, Carlitos ? « J’aimerais penser que ce soit ma jeunesse [qui l’emporte], mais ce sera sa 45e demi-finale en Grand Chelem et ce sera ma deuxième. Je dirais que l’expérience prime par rapport à cela. Je ne vais pas trop y réfléchir. » A juste titre. Trop réfléchir à Paris, ça ne lui réussit pas.