Basket : « Ambiance mystique » et démesure, plongée dans la hype Victor Wembanyama en France
betclic elite•Depuis la tournée des Mets, qui affrontent l’Asvel ce lundi, à Las Vegas, Victor Wembanyama est devenu une véritable rockstar dans le championnat de FranceAntoine Huot de Saint Albin
L'essentiel
- Avec les Metropolitans de Boulogne-Levallois, Victor Wembanyama affronte son ancien club, l’Asvel, ce lundi soir.
- Dans la salle Marcel-Cerdan, les places pour le match, comme depuis quelques mois, sont parties en quelques minutes, car tout le monde veut voir le prodige français avant son départ aux Etats-Unis.
- Partout où il passe, Wemby est accueillie comme une rockstar. Et les dirigeants du basket français espèrent que cela se répercute sur le championnat.
Le Radeau de la méduse, La Liberté guidant le peuple et la Vénus de Milo ont beau rayonner à leur façon, il n’en est rien. Demandez à n’importe qui, et surtout à un Américain, quelle œuvre lui vient en tête lorsqu’on évoque le musée du Louvre, la réponse sera toujours la même chose : La Joconde. Et bien, c’est à peu près la même chose avec le championnat de France de basket. Oubliez Nando De Colo (Asvel), Mike James (Monaco) ou Juhann Begarin (Paris), tout le monde n’a d’yeux que pour Victor Wembanyama. Et pas uniquement parce que le garçon, du haut de ses 2,21 m, est visible à 30 km à la ronde.
Annoncé n°1 de la prochaine draft NBA, le joueur des Metropolitans de Boulogne-Levallois, qu’il a rejoint cet été après une petite année passée à l’Asvel, qu’il retrouve ce lundi soir, est le joueur à voir absolument avant qu'il ne décolle définitivement pour les Etats-Unis, la saison prochaine. Plus attendu que le dernier iPhone, plus populaire que le vieillissant Paul McCartney, plus talentueux que la majorité de ses pairs, Victor Wembanyama ne peut quasiment plus faire trois mètres sans être interpellé.
Las Vegas a tout changé
« C’est historique ces vingt dernières années, car c’est historique qu’un joueur français soit annoncé n° 1 de la Draft aussi longtemps à l’avance et qu’il soit déjà une star en France, indique Fabrice Jouhaud, directeur général de la Ligue nationale de basket. Il y avait un plan à l’échelle du basket français, mais la tournée des Mets à Las Vegas [en octobre] a complètement changé la perspective pour tout le monde. » Et bouleversé tout un championnat.
Dans la ville du péché, face à une sélection de jeunes prospects et de vétérans, le Français de 19 ans a confirmé tout le bien qu’on pensait de lui pour ses premiers pas aux Etats-Unis devant quelque 200 représentants des 30 franchises NBA venus le scruter. Et a lancé cet élan de folie qui l’entoure désormais à chaque sortie. A son retour d’Amérique, pour la première fois, la salle Marcel-Cerdan (2.800 places), où jouent les Mets, a affiché complet. Et, depuis, les billets pour les matchs se vendent en quelques minutes, nous annonce le club francilien.
Des demandes par milliers pour venir voir Wembanyama
A Nancy, qui affrontait Boulogne-Levallois le 26 novembre, les places sont parties en moins d'une demi-heure. « L’attente autour de ce match nous a surpris, surtout chez les plus jeunes, nous explique Quentin Lozzia, responsable communication au SLUC Nancy. On a eu des 15-25 ans qu’on n’avait jamais vus. On est une salle de 6.000 places (avec 4.000 abonnés) et on estime qu’on a eu une demande de 20.000 places. Des places à la revente sont parties en une minute trente. » Même chose à Strasbourg, où les murs du Rhénus et ses 8.000 places auraient pu être repoussés de plusieurs mètres.
Et évidemment, quand il y a une star qui vient à domicile, tout le monde veut être de la fête. « On a eu des gens qui n’avaient pas de billets qui nous appelaient en disant qu’ils tenaient un blog ou une page Instagram et demandaient une accréditation médias, assure Franklin Tellier, responsable des opérations sportives à la SIG. C’est la rencontre pour laquelle on a le plus de demandes. »
« On a eu deux trois mecs assez connus qui ont voulu venir, comme des rappeurs, ajoute Quentin Lozzia. Un mec a demandé qu’on crée des places spécialement pour lui en bord terrain. Il était prêt à mettre 500 € la place, et en voulait quatre. On a un joueur à nous qui a acheté des places au prix d’or. On a aussi deux trois hommes politiques qui nous ont demandé si on pouvait donner des places à leur neveu. On n’a fait aucun cadeau.” »
Lionel Jospin et Michael Douglas en guest
A Boulogne-Levallois, les stars ont aussi décidé de se montrer, comme Mister V ou Lionel Jospin, venu assister au premier match de Victor Wembanyama post Las Vegas. Le public de Marcel-Cerdan a aussi eu la surprise de voir Michael Douglas en bord terrain. « C’est lui-même qui a contacté le service billetterie du club pour avoir une place », assure-t-on au club. Et, dans les salles, les spectateurs ne jurent que par lui.
« A son arrivée, il y avait 300 personnes derrière le panier à le regarder, alors que d’habitude, il n’y a personne une heure et demie avant le match, reprend le Nancéien. Sur son premier ballon, il fait un énorme step back, la salle se lève. Et, quand il sort, il se fait ovationner. Il se passait un truc dans la salle, c’était assez mystique. J’avais vécu la période où Batum était dans notre équipe, mais là, ça n’a rien à voir. C’est multiplié par 200. »
Un effet de levier pour le championnat de France
Cet effet Wembanyama, la LNB compte bien surfer dessus. « Cela permet aussi de montrer à ceux qui ne s’intéressaient pas forcément au basket français, qu’à côté de lui, il y a de très bonnes équipes et de très bons joueurs, commente Fabrice Jouhaud. On essaie de se mettre dans la roue le plus possible. On attire un nouveau public, plus jeune, souvent fan de NBA, qui a une méconnaissance, voire une forme de mépris ou de condescendance vis-à-vis du championnat de France. Notre objectif c’est qu’ils se disent que c’est vachement bien. »
La plateforme OTT qui diffuse les matchs du championnat, sur le site de la LNB, a vu ses audiences grimper, même en dehors des matchs des Mets. « Entre 7 et 11.000 personnes supplémentaires par match », détaille le DG. Des personnes se mettent également à regarder les matchs qualificatifs des Bleus grâce à la présence du géant français. « Depuis son passage, on a dû convertir 300 personnes qui continuent à venir voir nos matchs, affirme Quentin Lozzia. Les autres, c’était l’effet TikTok, l’effet Las Vegas, l’effet “je veux le voir avant qu’il parte”. »
« Le championnat de France a une valeur »
Sur les réseaux sociaux, justement, le « produit » Wembanyama est largement mis en valeur, notamment par la NBA, qui emploie un photographe/vidéaste pour produire du contenu bord terrain focalisé sur Wemby les jours de match. « Ils envoient aussi parfois un journaliste au match ou aux entraînements pour du contenu additionnel ou du reportage inside », selon Fabrice Jouhaud. Le championnat de France est d’ailleurs devenu le premier championnat non affilié à la NBA à être diffusé en direct sur la NBA App. Si tous les matchs de Betclic Elite sont éligibles, à raison d’une rencontre par journée, les Américains ont pour le moment choisi uniquement de diffuser les matchs des Mets.
« C’est une promotion très importante pour nous, pour les joueurs, pour les clubs, se réjouit le dirigeant de la LNB. Ça montre que le championnat de France a une valeur. On voit au niveau de la Ligue, depuis deux mois, quatre nouveaux partenaires alors que ça faisait des années qu’on en n’avait pas eu de nouveaux. Ce sont des contrats pluriannuels. Ils ne s’engagent pas seulement parce qu’ils vont pouvoir diffuser des images de Victor. » »
Au niveau marketing, Victor Wembanyama emporte, là aussi, tout sur son passage. « Chez nous, 90 % des maillots vendus sont floqués au nom de Wembanyama », assure-t-on du côté de Boulogne Levallois. Et, même à Nancy, on espérait surfer sur les longs bras du Frenchie. « Des gens nous ont même demandé si, nous au SLUC, on pouvait vendre des maillots Wembanyama, s’étonne encore Quentin Lozzia Des marques m’ont aussi demandé si on pouvait faire des partenariats avec Victor. » C’est donc ça la démesure.