France-Argentine : Souriez, la relève tricolore est déjà prête à tout dégommer
FOOTBALL•Les entrées de Kolo Muani, Thuram et Fofana laissent entrevoir un futur toujours aussi brillant, malgré la défaite des Bleus en finale de Coupe du mondeWilliam Pereira
L'essentiel
- Forcé par les événements, Didier Deschamps a envoyé de jeunes joueurs au front pour (presque) réussir une remontada improbable en finale de la Coupe du monde.
- Le réservoir tricolore et la moyenne d'âge des 26 joueurs tricolores laissent deviner un avenir doré malgré une défaite dure à digérer.
De notre envoyé spécial à Doha,
Tout est parti de là. Un double changement à la 40e, un all-in de Didier Deschamps aussi paumé que son équipe, totalement apathique en première période de sa finale contre l’Argentine. « Je n’étais pas satisfait de ce que je voyais », a confié en toute simplicité le sélectionneur. Alors il a sorti Olivier Giroud et Ousmane Dembélé, rien que ça, pour laisser place à Marcus Thuram et Randal Kolo Muani. Les graines de révolte ont germé en seconde période et ont été impliquées sur les deux premiers buts de Kylian Mbappé. Un coaching gagnant en forme de promesse. Si une génération – celle de Lloris et Giroud – est sur le point de s’éteindre, une autre « menée par Kylian », dixit le capitaine, est peut-être née à Lusail. Zoom sur les cinq, six qu’on a envie de voir s’installer durablement en Bleus.
Randal Kolo Muani (24 ans - Eintracht Francfort)
Face au Maroc, il n’a eu besoin que d’une minute pour rentabiliser sa rentrée. Contre les Argentins, ça a été un peu plus poussif, ne serait-ce que parce qu’il s’est greffé à une équipe de zombies. Mais son activité et son audace dans les prises de balles, capables de l’amener dans de grandes chevauchées en diagonale loin de sa zone, ont fini par donner des maux de crâne à Tagliafico, puis à Molina et Montiel. Point culminant de sa soirée, le penalty qu’il va chercher pour offrir à Mbappé la réduction du score. Et dire qu’Otamendi n’a même pas pris de jaune sur cette action. Après tout ça, comment lui reprocher la balle de match ratée en face-à-face avec Dibu Martinez ? Le geste est le bon, mais en face, c’est Lev Yachine. Les Bleus s’en remettront, et on espère que Kolo Muani reviendra.
Marcus Thuram (25 ans - Borussia Monchengladbach)
On n’a pas toujours été tendre avec lui, sans doute parce qu’on en attendait plus. Mais force est de constater que ses entrées, et surtout celle de dimanche, ont remis une pièce dans le jukebox Thuram. Le voir casser des reins avec Mbappé nous a rendu nostalgiques de l’été 2016 où les deux gamins avaient brutalisé l’Europe (avec Jean-Kévin Augustin) pour s’offrir l’Euro U19. Il lui a manqué un petit truc sur sa prise de balle pour se présenter seul face à Martinez. Il reste encore du boulot, et sa marge de progression ne semble pas non plus infinie. A moins que la Coupe du monde lui ait servi de déclic ?
Eduardo Camavinga (20 ans - Real Madrid)
Doudou est tellement bon qu’il peut dépanner en latéral gauche en étant moins fébrile que le pauvre Jules Koundé de l’autre côté (dont ce n’est pas le poste aussi, il est vrai). Il a certes laissé des espaces à gauche, mais au prix d’incursions dans la surface adverse. Et, donc, on se dit qu’on aimerait le voir un peu plus sur le terrain, et, tant qu’à faire, à son poste. L’ancien Rennais est toujours juste techniquement, vif et capable d’éliminer, en somme un formidable joker, comme au Real. Encore un peu gourmand balle au pied sur certaines séquences, mais il faut bien que jeunesse se passe.
Youssouf Fofana (23 ans - AS Monaco)
Quand il fait son apparition dans la liste de Didier Deschamps à l’automne, à l’occasion de rendez-vous en Ligue des nations déjà plombés par les absences, on se dit qu’il sera seulement de passage. Quelques photos depuis le banc du Stade de France, des stories à Clairefontaine et hop, ça repart sur le rocher pour ne plus revenir. Le truc, c’est qu’à chaque apparition, le bonhomme fait preuve de caractère. Sauf lors du match des coiffeurs contre la Tunisie, mais faisons comme s’il n’avait jamais existé. Bref, du caractère, et aucune hésitation à l’heure de tenter des grandes percées au milieu. De la projection de box to box à l’ancienne, comme on les aime.
Aurélien Tchouaméni (20 ans - Real Madrid)
Sa frappe à mi-distance contre l’Angleterre a tout pour devenir un classique récurrent au milieu de terrain, d’autant plus que, de son propre aveu « c’est quelque chose [qu’il] travaille avec Carlo Ancelotti ». Tout n’est pas encore réuni pour faire oublier Paul Pogba sur des matchs niveau finale de Coupe du monde, mais son profil multiple est déjà précieux. Meneur de jeu reculé, box to box, gratteur de ballons il n’y a qu’à demander, il fera. Et bien, en plus. Merci au Real Madrid de continuer à le faire progresser pour faire de lui une machine indestructible.
La charnière Upamecano - Konaté (24 ans et 23 ans, Bayern Munich et Liverpool)
Le meilleur pour la fin. On voit mal Didier Deschamps – ou le prochain sélectionneur – déboulonner Varane, parce qu’il a de la bouteille et qu’il faut bien un capitaine pour cette équipe qui va bientôt perdre Lloris. Mais bon sang, ces deux-là derrière, qu’est-ce qu’ils envoient. Upamecano, dont on commençait à douter au plus haut niveau, en tout cas chez les Bleus, a tout simplement été le meilleur défenseur français de la Coupe du monde. Et Ibrahima Konaté a fait au moins aussi bien quand il a été question de le remplacer face au Maroc à cause du mystérieux virus qui a décimé les Bleus. Si l’on ajoute à cela le fait que les deux évoluent dans deux clubs européens majeurs, il y a de quoi rêver quant à leur marge de progression.