Pologne - Argentine : Calculs et streaming en tribunes pour l’épilogue dingo du groupe C
FOOTBALL•Les Polonais se sont qualifiés au terme d’un match affreux contre l’Argentine (défaite 2-0) après avoir longtemps été à égalité avec le Mexique à la différence de butWilliam Pereira
De notre envoyé spécial à Doha,
Fêter une défaite, situation oxymorique comme le sport sait nous en offrir. Mercredi soir au stade 974, il y avait deux vainqueurs sur la pelouse. Un naturel, l’Argentine, qui s’est imposé 2-0 au terme d’un match de football auquel les Polonais ont refusé de prendre part. Et la Pologne, donc, vainqueure à la roulette russe. Tout s’est joué dans les arrêts de jeu d’Arabie saoudite - Mexique, l’autre affiche du Groupe C, où personne n’était éliminé et tout était permis en début de soirée. En réduisant le score dans les derniers instants, les Saoudiens ont achevé les espoirs du Tricolor (vainqueurs 2-1) et envoyé la Pologne droit dans les bras de la France. Avant ce pion crépusculaire, voilà où on en était de ce groupe de déglingos.
1) Argentine, 6 pts
2) Pologne, 4 pts, +/-0, 2bp, 2bc
3) Mexique, 4 pts, +/-0, 2bp, 2bc
4) Arabie saoudite, 3 pts
A égalité parfaite entre Polonais et Mexicains, le fair-play a fini par devenir le critère prédominant. En tribune presse, tout le monde s’agite et spécule. « Qui a le plus de cartons ? » « Je dirais le Mexique, non ? » Effectivement, les Mexicains ont payé au prix fort la boucherie du match précédent, et comptaient 7 cartons jaunes contre 4 pour les hommes de Czeslaw Michniewicz.
Des chiffres et des lettres
Ayant abandonné toute ambition de réduire la marque contre des Argentins bien trop costauds, la Pologne devait s’assurer de verrouiller son but à double-tour, prier pour que l’Arabie saoudite ne bazarde pas sa fin de Coupe du monde et, enfin, garder le contrôle sur les cartons. Ce dernier point a failli échapper au sélectionneur polonais quand Krychowiak a concédé un carton jaune - le 5e de l’équipe, si vous avez bien suivi - à la 78e. Là, c’est panique sur le banc de touche, d’autant plus que le ballon ne sortira plus pendant cinq minutes. Si l’ancien Parisien en concède un second, c’est rouge, et qualif pour le Mexique. Petite immersion dans l’article 12 du règlement de la Coupe du monde pour mieux comprendre.
- Un carton jaune = 1 point
- Un carton rouge direct = 4 points
- Un carton rouge par accumulation de jaunes = 3 points
Si Krychowiak prenait un 2e jaune, le classement du fair-play aurait donné :
Pologne : 5x1 pt + 3pts = 8 pts
Mexique : 7x1pt = 7 pts
Autrement dit, game over pour Lewandowski et compagnie. « On savait que les cartons jaunes pouvaient compter, a résumé Czeslaw Michniewicz, aka Laurent Romejko. On a contrôlé ce qui se passait dans l’autre match. Ça a été dur. A un moment, j’ai donné des infos sur l’autre match à Lewandowski et à d’autres. Je leur ai dit ce qui se passait. Krychowiak était averti et mon coeur battait fort. On a fait un changement car il était en danger. On savait qu’il y avait seulement deux ou trois cartons de différence, c’était risqué. »
Douce défaite
On remonte dans la DeLorean à 88 Mph jusqu’au coup de sifflet final qui scelle la victoire argentine. 2-0, les Polonais ont fait le taf sur les cartons. Il reste 5 minutes de temps additionnel à disputer dans l’autre rencontre. 2-0, le Mexique pousse. 26 tirs, 11 cadrés, 61 % de possession. Le bouchon saoudien menace de sauter. En tribune, c’est la bagarre pour choper un streaming. Coup de bol, notre voisin est sur le dossier. Moins coup de bol, nos confrères polonais sont en avance et nous spoilent le but saoudien d’un hurlement rageur.
Sur le terrain, Robert Lewandowski et sa clique soufflent un bon coup et se félicitent timidement. « Ça a été une douce défaite, dira l’attaquant du Barça. On savait qu’on jouait contre l’Argentine, que ça allait être un match très dur pour nous. Mais à l’arrivée, on peut être contents parce qu’on va jouer le prochain tour ». Ça sera contre la France. Michniewicz est déjà dans son match. « Tous ceux qui affrontent la France ont des problèmes, on a en aura aussi. J’aimerais voir un France-Brésil, mais il va déjà falloir qu’ils battent la Pologne. » A la régulière, sans histoire de cartons ou de petits calculs.