OL-Arsenal : Comment les championnes d’Europe en titre ont-elles pu connaître un naufrage historique ?
FOOTBALL FéMININ•Les Lyonnaises ont été balayées comme jamais (1-5 face à Arsenal), mercredi pour leur entrée en lice en Ligue des championsJérémy Laugier
L'essentiel
- L’OL a vécu un véritable cauchemar, mercredi soir à Décines, pour ses débuts européens cette saison contre Arsenal (1-5).
- Cette claque historique pose de nombreuses questions autour des octuples championnes d’Europe, qui joueront déjà une grande partie de leur qualification pour les quarts de finale de cette C1, la semaine prochaine à Turin.
- 20 Minutes se penche sur les principaux problèmes rencontrés par un groupe pourtant encore sur le toit de l’Europe il y a cinq mois.
Le 21 mai, l’OL retrouvait le toit de l’Europe en remportant sa huitième Ligue des champions depuis 2011, au Juventus Stadium de Turin. Cinq mois plus tard, les Lyonnaises seront de retour dans l’enceinte turinoise (le 27 octobre), mais cette fois pour éviter de compromettre quasi définitivement leurs chances de qualification pour les quarts de finale de cette C1. Car mercredi soir au Parc OL, les joueuses de Sonia Bompastor ont sombré comme jamais dans leur histoire européenne, en s’inclinant (1-5) face à Arsenal pour leur premier match de groupe. Comment une telle débâcle a-t-elle pu frapper la référence européenne du football féminin, qui avait encaissé moins de cinq buts sur l’intégralité de 10 de ses 15 campagnes de Ligue des champions jusque-là ?
Une interminable série noire de blessées
La moitié de l’équipe qui avait dompté le FC Barcelone (3-1) lors de la dernière finale de C1 était out mercredi soir. Toutes blessées, et pour une longue durée, Ellie Carpenter, Griedge Mbock, Catarina Macario, Delphine Cascarino et Ada Hegerberg sont d’indiscutables titulaires dans ce groupe. On peut ajouter à la liste la recrue phare de l’été, la milieue allemande venue du PSG Sara Däbritz, déjà gravement touchée à la cheville et espérée pour février 2023. Ainsi que Dzsenifer Marozsán et Amel Majri, en reprise après des ruptures des ligaments croisés au genou.
« On est forcément impactées par le nombre de blessures, notait Sonia Bompastor, mercredi soir sur OL Play. Elles concernent énormément de joueuses cadres. En Ligue des champions, l’expérience et le talent sont primordiaux. Là, on a un groupe rajeuni par ce contexte. » Dans les faits, les seules véritables invitées surprises de la déroute contre Arsenal sont la défenseuse Alice Sombath (19 ans) et la recrue Inès Jaurena (ex-milieue des Girondins de Bordeaux), âgée de 31 ans mais inexpérimentée au niveau européen.
Un mercato insuffisant
La galère vécue mercredi par Inès Jaurena, à un poste qui n’est pas du tout le sien (latérale droite), avant sa sortie dès la 37e minute de jeu, symbolise le mercato estival insuffisant de l’OL. L’Australienne Ellie Carpenter, out jusqu’à la fin de l’année 2022, n’a pas de réelle remplaçante dans l’effectif lyonnais. Et ce encore moins depuis la blessure de Griedge Mbock avec l’équipe de France le mois passé, qui a poussé la cellule de recrutement à s’activer pour signer un renfort défensif indispensable.
L’internationale canadienne Vanessa Gilles est bien arrivée en prêt d’Angel City (NWSL)… mais elle était blessée dès sa signature, et ne pourra pas être alignée pendant encore quelques semaines. Pour un club aussi attractif que l’OL, l’absence d’un renfort fiable interpelle donc dans ce secteur de jeu, où le départ de Kadeisha Buchanan (Chelsea) s’est clairement fait sentir lors de l’opération portes ouvertes contre les Gunners.
Des internationales en méforme après l’Euro
En quinze années au plus haut niveau, Wendie Renard ne s’était quasiment jamais montrée aussi fébrile que mercredi soir. A l’origine du coup franc victorieux de Beth Mead (1-3, 45e+1), et clairement responsable du quatrième but de Caitlin Foord (1-4, 67e), la capitaine lyonnaise a assumé face aux micros : « Il faut prendre ses responsabilités. Je n’ai aucun problème à prendre la défaite pour moi. » Sa méforme individuelle, tout comme les prestations en dedans de Selma Bacha, Melvine Malard, Danielle van de Donk et Janice Cayman, toutes présentes à l’Euro en juillet, laisse entrevoir un été qui a été délicat à gérer, après une saison déjà riche en émotions avec le doublé D1-C1. Wendie Renard n’a pas éludé le sujet.
« « On n’a pas réellement eu de préparation physique. On est sorties de l’Euro, on a eu très peu de jours de vacances et on a enchaîné direct par des matchs. Donc c’était compliqué d’avoir une vraie prépa. On fait avec les moyens du bord. On aime jouer, enchaîner les matchs, moi la première, mais si on ne travaille pas la caisse, à un moment, on peut être embêtées. Mais avant de penser au physique, on peut faire beaucoup mieux dans la qualité du jeu, dans les erreurs techniques, dans nos choix. Et puis beaucoup de joueuses d’Arsenal ont enchaîné elles aussi. » »
Une déroute qui va laisser des traces ?
Même quand on a une histoire aussi brillante que l’OL dans la compétition, peut-on se remettre d’un départ aussi catastrophique en Ligue des champions ? « On avait imaginé des débuts différents, rappelle Janice Cayman sur OL Play. C’est dur, il faut se remettre en question avant d’affronter la Juve. On sait qu’on va rebondir. » Sa coach Sonia Bompastor a sans surprise tenu à aller de l’avant elle aussi, rappelant qu’il « reste cinq matchs pour aller chercher la qualification », dans un groupe qui a aussi vu la Juventus Turin l’emporter sans surprise à Zürich (0-2).
« L'aspect mental va être très important, il faudra une réaction d’orgueil, insiste Sonia Bompastor. C’était une soirée sans mais il ne faut pas tout remettre en question ce soir, même si on a un peu la tête dans le seau. Il faut repartir en redonnant confiance à tout ce groupe qui a de la qualité. Il ne faut donc pas être alarmistes. » Wendie Renard, qui évoque « une soirée à oublier », conclut en réfutant cette idée de fin de règne que cette claque suggère : « Ce n’est qu’un match de foot. Rien ne peut remettre en cause tout ce qu’on a fait. C’est vrai qu’on n’a pas l’habitude de voir l’OL perdre de cette manière. Ça fait ch…, mais on se doit de relever la tête ». On a hâte de découvrir la réaction des octuples championnes d’Europe, piquées comme jamais.