Mondiaux sur piste : L’or pour Gros, l’argent pour Landerneau, les promesses pour la France
CYCLISME•Mathilde Gros et Melvin Landerneau ont remporté l’or en vitesse et l’argent sur le kilomètre aux mondiaux de cyclisme sur piste de Saint-Quentin-en-Yvelines, à moins de deux ans des JO de Paris 2024William Pereira
Un regard de tueuse pour une remontada légendaire. Mathilde Gros avait les meilleures jambes, vendredi soir sur le vélodrome de Saint-Quentin, mais il en fallait plus pour renverser une demi-finale mal embarquée contre la championne du monde en titre. Alors la Française a décidé de rentrer dans le cerveau d’Emma Hinze en la fixant bien droit dans les yeux. Le regard, d’une violence intense, n’aurait pas fait tache dans un bon vieux western et on regrette seulement que la scène n’ait pas été filmée par Clint Eastwood. Avec notre Matoche nationale dans le rôle de la méchante. Celle qui écrase les pédales et ses adversaires pour un morceau d’or mondial en vitesse individuelle, le premier de sa jeune et déjà brillante carrière.
La finale a été plus tranquille. Deux manches sèches pour venir à bout d’une autre Allemande, Lea Sophie Friedrich, spectatrice de son propre naufrage face à une adversaire déjà beaucoup trop forte malgré son jeune âge. 23 ans, c’est peu, surtout pour une athlète qu’on a l’impression de connaître depuis dix piges. Le lot des talents précoces. Mais sa joie en zone mixte, le sourire jusqu’aux oreilles, les étoiles plein les yeux, et l’enthousiasme du discours sont des signes de fraîcheur évidente.
Paris 2024, le but ultime
« Je pense que je vais en rêver toute la nuit. C’est vraiment un rêve de chanter la marseillaise à la maison, sur ma piste, dans notre vélodrome », hallucine-t-elle, avant de redescendre très vite. « Ce n’était pas mon but ultime. Le but ultime, c’est les JO de Paris 2024. Mais je pense que ça sera un des plus beaux souvenirs de ma vie. C’est juste trop bien, quoi. »
Pour laver les affronts des JO et des précédents mondiaux, le staff tricolore lui avait conseillé de se relâcher et de s’amuser, encore plus à domicile, où l’expérience promettait d’être folle. Elle l’a été. « Le public a été incroyable. Tant qu’on ne le vit pas on ne peut pas savoir. On ne s’en rend pas compte quand on regarde à la télé, on ne peut pas ressentir tout ça. Là j’entendais ‘Mathilde, Mathilde ‘ en tribunes donc forcément ça te pousse. A la fin j’avais l’impression de voler. »
Landerneau en argent
Sagement assis à côté du podium en attendant de recevoir sa médaille d’argent sur le kilomètre hommes, Melvin Landerneau a vécu le succès de sa coéquipière aux premières loges. Lui aussi avait des jambes de feu, mais il est tombé sur le Martien Hoogland. Le seul à pouvoir le battre autour de l’anneau. Le seul à pouvoir lui mettre deux secondes dans le nez avec une facilité dégoûtante.
« « Mais je suis content de cette médaille d’argent, sourit-il en zone mixte. Hoogland était hyper favori. Pour le moment c’est difficile d’aller le chercher, il y a quand même un grand gap. Il est sur une autre planète pour l’instant et on va retourner au travail pour essayer de faire partie de cette planète, aussi. » »
Landerneau a deux ans pour faire mieux. Mais s’il se pare encore d’argent aux JO, on ne lui en voudra pas trop. Il est à vrai dire à compter parmi les encore trop rares satisfactions de ces Mondiaux de Saint-Quentin-en-Yvelines. Avec seulement trois médailles – une de chaque couleur – pour le moment, la France du cyclisme sur piste n’est pas encore tout à fait sur la voie de la rédemption à l’horizon 2024. Les déceptions Thomas Boudat sur la course par points et Clara Copponi sur l’omnium sont là pour le rappeler, même s’il reste de la marge. Charge à Benjamin Thomas et Sébastien Vigier de dénicher du métal ce week-end pour enjoliver le bilan français et s’armer de confiance à moins de deux ans des JO.
À lire aussi