AGressionLa dérive « pathologique » d’Aminata Diallo

Agression de Kheira Hamraoui : La dérive « pathologique » d’Aminata Diallo

AGressionLe Parisien révèle des éléments de l’enquête qui ont conduit à l’incarcération d’Aminata Diallo dans l’affaire de l’agression de son ancienne coéquipière Kheira Hamraoui
Adrien Max

A.M.

L'essentiel

  • Aminata Diallo, ancienne joueuse du PSG, a été mise en examen et écrouée dans l’affaire de l’agression à coups de barre de fer de son ex-coéquipière, Kheira Hamraoui, le 4 novembre 2021.
  • Le Parisien révèle ce mardi des éléments du rapport d’enquête de la BRB de la PJ de Versailles.
  • Selon ces enquêteurs, Aminata Diallo s’est inscrite dans « une lente dérive psychologique devenue pour ainsi dire pathologique » qui l’a mené à commanditer cette agression.

Une série d’éléments troublants, pour ne pas dire accablants. Le Parisien révèle ce mardi des extraits du rapport d’enquête de la Brigade de répression du banditisme de la police judiciaire de Versailles, dans l’affaire de l’agression de Kheira Hamraoui. Selon les enquêteurs, « il a été prouvé de manière irréfutable qu’Aminata Diallo [la coéquipière d’Hamraoui au PSG] nourrissait une véritable haine à l’encontre de sa partenaire de club qu’elle considérait comme un obstacle à sa propre carrière sportive ».

De nombreux éléments leur permettent d’arriver à cette conclusion. Les enquêteurs ont par exemple retrouvé dans deux téléphones d’Aminata Diallo des messages teintés de jalousie envers sa coéquipière, trois mois avant l’attaque subie par Hamraoui : « Elle ne s’est pas entraînée depuis le match de la Roma avec nous, elle revient titulaire contre le Bayern pendant que toi le temps qu’elle n’était pas là t’as fait ce qu’il fallait ! » C’est à ce moment qu’un projet violent est évoqué par Dialllo, avec l’aide d’un de ses proches surnommé « Jaja » : « Si j’étais mauvaise, jalouse et calculatrice comme elle… Je lui dis « '' détruis-la, il la détruit '' ».

Cette idée semble devenir plus sérieuse au mois d’octobre, après un rassemblement de l’Equipe de France lors duquel Diallo est appelée pour remplacer Hamraoui, blessée. « Je vais devenir sans scrupule maintenant ! J’ai besoin de personne mais me niquer mon travail gratuitement j’accepte pas. Je leur souhaite tous du mal, je n’ai besoin que de mes proches », écrit-elle à « Jaja ». Avec en fond de toile, la volonté de prolongation d’Aminata Diallo au PSG. Pour la PJ, le mobile de l’agression d’Hamraoui vient de cette volonté de prolongation avec un salaire de « 25.000 ou 30.000 euros bruts, pas moins ».

« On aurait vraiment dit qu’elle savait comment cela allait se passer »

Dès les premiers jours de l’enquête, les soupçons s’étaient orientés vers Aminata Diallo. Kheira Hamraoui se confie notamment aux policiers sur l’étrange comportement de sa coéquipière, au retour de ce fameux repas de « cohésion » entre les joueurs du PSG le 4 novembre 2021. « Je n’ai pas compris pourquoi elle ne m’avait pas déposée en premier lors de notre retour du restaurant alors que nous étions à quelques centaines de mètres de mon domicile. Ce qui me paraît aussi après coup très bizarre, c’est que lors de l’agression, Aminata roulait très doucement, à 5 ou 10 km/h quand les agresseurs ont surgi devant le capot. On aurait vraiment dit qu’elle savait comment cela allait se passer », explique-t-elle aux policiers, selon le rapport d’enquête consulté par Le Parisien.

Lors de sa première garde à vue, le 10 novembre, Aminata Diallo oriente les enquêteurs sur la piste d’un différend amoureux en révélant l’existence d’une relation entre Hamraoui et Eric Abidal : son ex-épouse aurait voulu se venger.

Snapchat

Mais les enquêteurs sonorisent l’appartement et le véhicule de Diallo, et s’aperçoivent que la joueuse déverse sa haine envers Hamraoui à l’une de ses connaissances, agent de joueuses officieux. En imaginant même des changements dans l’organigramme de la section féminine du PSG afin d’obtenir une prolongation de contrat avec le PSG. D’où l’élargissement de l’enquête à des faits de « tentative d’escroquerie en bande organisée ».

Les policiers s’aperçoivent également qu’Aminata Diallo a supprimé son application Snapchat de ses deux téléphones deux jours après l’agression. Et elle s’inquiète du fait de pouvoir être localisée par l’application.

Les enquêteurs établissent, après réquisition judiciaire auprès de Snapchat, que trois lignes ont quitté ce soir-là, à la même heure le Val-de-Marne, pour rejoindre Chatou, le lieu de l’agression. Avant de faire le trajet inverse à l’heure où l’agression se termine. Il s’agit de trois jeunes d’une vingtaine d’années originaires de VIlleneuve-Saint-Georges et le téléphone de l’un d’eux, saisi dans une autre enquête fait apparaître qu’une recherche sur l’adresse exacte de l’agression a été faite sur Waze, pile au moment ou Diallo, Hamraoui et Karchaoui quittent le restaurant.

Empêcher Hamraoui de jouer contre le Real

Placés en garde à vue le 14 septembre dernier, ils ont rapidement reconnu avoir été embarqués par un ami du quartier appelé, et un cinquième homme pour réaliser « le travail » contre de l’argent : empêcher Hamraoui de disputer le match de Ligue des champions contre le Real Madrid.

Placé en garde à vue le 16 septembre, Aminata Diallo rejette toute implication. Les policiers ne découvrent aucun élément matériel permettant de la rattacher aux jeunes de Villeneuve-Saint-Georges mais elle est mise en examen et écrouée dans l’attente de son débat devant le juge des libertés et de la détention ce mercredi. Pour les enquêteurs, Aminata Diallo s’est inscrite dans « une lente dérive psychologique devenue pour ainsi dire pathologique ».