BASKET« Il monte en puissance »… Comment Gobert a musclé son jeu en attaque

France-Italie : « Je peux encore monter en puissance »… Comment Gobert a musclé son jeu en attaque

BASKETCritiqué depuis des années pour sa palette offensive limitée, Rudy Gobert a beaucoup travaillé pour devenir un atout pour son équipe en attaque, même s’il lui reste encore des progrès à faire
Aymeric Le Gall

Aymeric Le Gall

L'essentiel

  • Passée tout proche de la sortie face à la Turquie en 8es de finale, samedi, l’équipe de France affronte l’Italie en quart, mercredi, à 17h15.
  • Critiqué en début d’Euro, Rudy Gobert a su hausser son niveau de jeu pour sauver les Bleus d’une piteuse élimination dans les derniers instants du match.
  • Parfois critiqué pour sa palette offensive pas assez riche, Gobert a pourtant beaucoup travaillé pour devenir un atout en attaque chez les Bleus et en NBA.

Pas touche à « Gobzilla » ! Après le match de mammouth de notre sauveur Rudy Gobert en 8e de finale contre la Turquie, samedi, Timothée Luwawu-Cabarrot a sorti les griffes pour défendre le pivot de l’équipe de France, qu’il jugeait trop critiqué par la plèbe depuis le début de l’Euro. « Il y a énormément de pression sur lui. Le voir faire un match comme ça nous rend fiers. Tout le monde parle, dit de la merde, mais il a rappelé qu’il était Rudy Gobert et pourquoi il est ce qu’il est », a lâché l’ailier tricolore.

Ce jour-là, en effet, le nouveau géant des Wolves a sorti une perf' de dératiseur. Sa meilleure depuis qu’il porte le maillot bleu avec 20 points, 17 rebonds (dont sept offensifs), deux passes et sept fautes provoquées. Pourtant, si critiques il y a eu depuis le début de la compète - comme lors de ce post up manqué sur l'Allemand Schröder pas mal moqué sur les rézosocio - les dernières en date sont venues du principal intéressé himself. « Ça peut vous paraître bizarre mais je ne suis pas vraiment content de mon match, a-t-il ainsi débriefé à chaud samedi. J’ai mis vingt points mais j’aurais pu en mettre trente et j’ai raté trop de lancers (6 réussis sur 11). Je peux faire beaucoup mieux ».

« Il monte en puissance de match en match », applaudit Vincent Collet

Quand on lui rapporte ces propos, George Eddy calme le jeu. « C’est bien qu’il soit exigeant avec lui-même mais c’est quand même lui qui nous a permis de sauver la face, et les meubles avec, rappelle celui qui sera aux commentaires du quart de finale face à l’Italie, mercredi, sur Canal + (17h15). Sans sa claquette à la dernière seconde du match, il n’y a pas de prolongations, et sans ses dunks ensuite, il n’y a pas de victoire. » Un avis partagé par Vincent Collet, qui a rappelé que si sa tour de contrôle « a pu rater des choses faciles en attaque », elle « monte en puissance de match en match. »

C’est là tout le paradoxe quand on analyse les perf' de Rudy Gobert. On a parfois tendance à oublier le formidable joueur qu’il est pour se focaliser sur ses défauts (en attaque, au poste bas, sur les tirs à mi-distance et le jeu dos au panier), et qui l’empêchent encore aujourd’hui d’être un joueur complet. Face à la Turquie, l’ancien d’Utah a encore eu les mains qui glissent au moment de réceptionner les dernières passes et de finir sous le panier.

« Il n’a pas de super bonnes mains en attaque, le ballon lui échappe trop souvent », concède Mister George. C’est d’ailleurs cette réputation qui lui a valu d’être salement snobé en attaque par ses coéquipiers du Jazz ces dernières années, Donovan Mitchell en tête, qui préférera toujours déchirer une action plutôt que de trouver Rudy sous le cercle. Quitte à parfois friser le ridicule, comme ici, lors d’un match face aux Warrios.


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Conscient de ses lacunes, le natif de Saint-Quentin s’est adjoint les services d’un coach de neuro-training, à temps plein, pour progresser dans ces domaines. Ce qui n’est pas pour déplaire à Collet, dont le « fantasme » inavoué, selon l’ancien coach et consultant Canal + Christophe Denis, est « d’avoir un Rudy Gobert qui arrive à faire du Durkic avec la Bosnie, c’est-à-dire un mec phénoménal en point de fixation et dans sa capacité à dominer le poste bas en attaque ». Une sorte de Joël Embiid français en somme, en attendant le vrai.

Gobert à la recherche de la confiance perdue au Jazz

« C’est différent comme méthode mais c’est intéressant, et ça lui a manifestement apporté des choses qu’il n’avait pas, comme on a pu le constater lors des JO de Tokyo », jugeait à ce titre le sélectionneur en début d’année dans L’Equipe, qui a pu assister à plusieurs séances de son joueur avec son coach perso. « On se rapproche de ce nouveau rôle, analyse Christophe Denis. Il a fait d’énorme progrès ces dernières années dans sa capacité à prendre une grosse position au poste bas, à recevoir la balle dans la raquette et porter le danger direct. Maintenant, je pense qu’on n’est pas au maximum du potentiel de Rudy à ce niveau ». Un constat que validait l’intéressé lorsque nous l’avons rencontré à Bercy avant le début de l’Euro.

« « Je fais tout le travail nécessaire depuis des années pour me développer d’un point de vue offensif et mieux maîtriser mon sujet. En NBA je tournais quand même à 16 points par match mais c’est clair que par rapport à mon potentiel et au travail que je fournis, je sens que je peux encore monter en puissance. C’est ça qui est beau : Je vais démarrer ma dixième saison NBA et je pense que mes plus belles années sont devant moi. » »

Si ces nouveaux potos de Minnesota acceptent de lui octroyer un peu plus de confiance que chez les mormons, comme c’est le cas aujourd’hui en Bleu, on risque de ne pas être déçu. C’était d’ailleurs l’une des consignes de Vincent Collet avant cet Euro, comme nous l’a expliqué Guerschon Yabusele avant de s’envoler en Allemagne : « Aujourd’hui c’est une de nos pièces majeures, pas seulement sur le plan défensif mais aussi en attaque. C’est pour ça qu’essaye de lui donner un maximum de confiance, on lui dit de jouer, de se libérer, de pousser en attaque parce qu’on a besoin de lui dans ces phases de jeu. »

Trouver le bon équilibre pour éviter le déchet

Et ça paye visiblement. « Je me sens de plus en plus à l’aise, j’ai la chance d’avoir un coaching staff qui a confiance en moi et qui me pousse à être encore plus dominant dans cet aspect-là du jeu, nous confiait-il fin août. Et c’est super pour moi d’avoir la possibilité de faire des erreurs pour progresser et de sentir que l’équipe a besoin que je sois vraiment agressif pour gagner.  » Le tout étant de trouver le bon dosage entre les prises de risques et les moments où il faut assurer le coup car, comme le montre son évolution statistique en Bleu ces dernières années, la « Gob » perd de plus en plus de ballons par match.


Les stats l'attestent, si Gobert a progressé offensivement, cela se fait aussi au détriment d'un plus grand déchet technique.
Les stats l'attestent, si Gobert a progressé offensivement, cela se fait aussi au détriment d'un plus grand déchet technique.  - Sofascore

Comme le reste de l’équipe, vous nous direz. Face à la Turquie, les Français ont croqué VINGT-ET-UN ballons qui auraient pu leur coûter la qualif’. Et George Eddy de conclure : « Rudy a parfois envie de faire plus, de sortir de sa zone de confort, mais c’est souvent là où il commence à rater des choses faciles et à perdre des ballons. Ça part d’une bonne intention, mais quand on est dans des matchs importants et que chaque possession vaut de l’or, il vaut mieux se reposer sur ses points forts. » Et continuer à claquer du dunk comme face aux Turcs en 8es.