RUGBYOlivier Villepreux: «Max Guazzini aime bien être à part»

Olivier Villepreux: «Max Guazzini aime bien être à part»

RUGBYLe co-auteur d'une biographie du président du Stade Français décrit un personnage complexe et qui a révolutionné l'image du rugby...
Propos recueillis par A.P.

Propos recueillis par A.P.

Max Guazzini méritait bien une biographie. L'oubli est réparé avec « Guazzini: I will survive» d'Olivier Villepreux et Romain Allaire, bio non autorisée du plus emblématique des présidents du rugby hexagonal.


Qu'avez-vous découvert sur Max Guazzini lors de votre enquête?

J'ai beaucoup appris sur son passage à NRJ qui dévoile ses manières de faire. Il a imprimé ses méthodes éprouvées à la radio au rugby. On voit déjà à l'oeuvre ses méthodes de travail très personnelles. C'est quelqu'un qui s'est fait au contact des autres, qui a appris et digéré de ses rencontres. Il a aussi un carnet d'adresses énorme depuis l'époque où il était secrétaire particulier de Dalida.


Comment arrive-t-il dans le monde du rugby qu'il lui est étranger, même s'il a un peu pratiqué ce sport plus jeune?

Encore une fois, c'est une histoire de relations. Au moment où il s'ennuie à NRJ, il ressent le besoin de construire autre choses avec d'autres personnes, il se lie d'amitié avec des rugbymen et tout démarre. Plus que le rugby en lui-même, il a surtout trouvé un milieu favorable à sa personnalité. Contrairement à ce qu'on peut penser, le milieu du rugby a compris qu'il pouvait être une locomotive pour un sport qui commençait à se professionnaliser. Il fallait changer de la gestion «à la papa».

Pourtant, il se voit comme une pièce rapportée...

Il aime bien être à part. Mais c'est vrai qu'au départ, il n'est pas du tout comme les autres, on le regarde comme un ovni. Le rugby est un sport de tradition, lui n'a pas le bagage. Avant, le rugby c'était une école de discrétion où tout se faisait en famille. Guazzini arrive et fait tout péter.


Vous décrivez un personnage assez sentimental mais aussi très opportuniste...

C'est un opportuniste dans le sens littéral. Il sent les moments où il faut faire les choses. Il est très fort à ce niveau. Mais d'un autre côté, il a un naturel désarmant. Il n'aime jamais à moitié. Il oscille toujours entre des sentiments très forts, parfois il perd pied. Il peut être d'une ironie mordante ou s'écrouler en larmes. C'est quand il perd pied qu'il devient intéressant. Il l'est moins quand il fait ses grands exercices de communication. Il s'identifie aussi beaucoup à sa marque: quand on touche à NRJ ou au Stade Français, on le touche personnellement.

Est-il nostalgique des premières années du Stade Français quand il reprend un club que personne ne veut et qu'il propulse en quelques mois au sommet?

Je crois que l'époque est moins adaptée à son plaisir. Max Guazzini est plus dans la création que dans la gestion. Gérer le quotidien, ça l'intéresse beaucoup moins.


Peut-on imaginer un Stade Français sans lui? Ou un Max Guazzini sans Stade Français?

Je ne vois que Bernard Laporte pour reprendre le Stade Français. En attendant, jamais il ne lâchera le club dans de mauvaises conditions. Tant que le bateau tanguera, il sera là.


Au regard de toutes les entraves qu'il rencontre dans le cadre de la rénovation du stade Jean Bouin, la droite parisienne ne lui fait-elle pas payer ses amitiés socialistes?

C'est une histoire politique. Le rugby passe au second plan dans cette histoire. Je ne discute pas les arguments des deux clans, mais à travers Max Guazzini c'est son ami Bertrand Delanoë qui est visé par la droite parisienne. Le risque pour lui, c'est de voir le président du Racing-Metro, Jacky Lorenzetti arrivé à construire son stade avant lui. Malheureusement pour Guazzini, ça risque fort d'être le cas.

«Guazzini : I will survive» de Romain Allaire et Olivier Villepreux, aux éditons Hugo&Cie