Mathieu Bozzetto: le bronze du retraité
VANCOUVER2010•Le Français termine à la troisième place du Slalom Géant parallèle...M. Go. à Cypress Mountain
De notre envoyé spécial à Cypress Mountain
Il y a deux semaines, la délégation française fêtait sa première médaille avec le bronze de la biathlète Marie Dorin que personne n’attendait. Samedi, ultime compétition à Cypress Mountain et Mathieu Bozzetto récolte peut-être la dernière médaille de ces JO (en le 50 km des fondeurs dimanche). Cette fois-ci, c’est surtout lui qui ne l’attendait pas. «Je déteste cette neige. Ce ne sont vraiment pas des conditions que j’aime. Moi je viens des Alpes, pas des Vosges», rale Bozzetto à la fin des qualifs qu’il termine derrière son coéquipier Sylvain Dufour le Vosgien. Quelques tonnes de pluie sur le casque plus tard et quelques tours passés en surfant à l'envers («Ma technique n’est pas du tout adaptée à ce genre de conditions», Mathieu Bozzetto remporte le bronze du Slalom géant parallèle à 36 ans. Le garçon a de la bouteille.
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Et de la patience. Taulier du circuit, la Bozzett’, a attendu ses quatrième JO pour tâter du métal. L’année où on l’attend le moins. Evidemment. Favori en 2002 et 2006, le grand frère de l’alpin avait terminé 6e et 4e (fixation cassée). En 2010, sorti de sa retraite pour goûter une nouvelle fois aux Jeux, Bozzetto n’est qu’un outsider avec un long passé. «J’aimerais juste faire un petit coup de Trafalgar. Je n’ai pas eu de supers entraînements, je ne suis pas en super forme, je ne suis même pas énervé», rigolait-il à deux jours de son épreuve. Malgré sa défaite en demie, il remporte la petite finale et monte sur un podium olympique. L’ancien favori qui gagne en tant qu’outsider. Bozzetto résume à lui tout seul la quinzaine olympique française.
Une médaille de guerrier
La belle histoire en plus. Car Bozzetto ne serait pas revenu à la compet’ si son amie Karine Ruby (disparue en montagne l’année dernière) ne l’avait pas poussé en pariant avec lui qu’il était capable de décrocher une médaille aux Jeux de Vancouver. Création d’un groupe Facebook, reprise de l’entraînement («franchement, j’en ai bavé»), quelques épreuves de Coupe du monde avant d’arracher le bronze. «Quelque part c’est aussi un peu la médaille de Karine. Je pense souvent à elle. C’était une guerrière, elle aurait adoré ce genre de conditions», sourit Bozzetto, la médaille autour du cou.
Pas sûr pourtant que la médaille change le bonhomme qui rangera le snow à la fin de la saison, à quelques semaines de ses 37 ans («Sotchi ? Oui en curling.»). Juste après le podium, samedi, Bozzetto ne s’est pas fait prier pour recadrer la Fédération. «On peut très bien surfer sur de la neige molle mais ils ont peur alors ils balancent des tonnes de produits chimiques et la neige devient glace» Puis une petite leçon à un journaliste qui l’interrogeait sur le piètre spectacle à cause de la pluie et du brouillard. «Ces gars-là sont présents tout l’hiver et ils font des courses incroyables. Aujourd’hui ce n’était pas terrible mais un sportif ne se mesure pas seulement à sa performance aux JO. Ca c’est pour les médias.» Avec un tel leader, l’équipe de curling française risque de cartonner à Sotchi.