VANCOUVER2010Pourquoi Lizeroux ne veut pas prononcer le mot «pression»?

Pourquoi Lizeroux ne veut pas prononcer le mot «pression»?

VANCOUVER2010A la veille du slalom olympique, le Français n'aime pas aborder le sujet. Et pourtant...
Le skieur français Julien Lizeroux, lors des JO de Vancouver, le 10 février 2010.
Le skieur français Julien Lizeroux, lors des JO de Vancouver, le 10 février 2010. - M.Kappeler/AFP
Romain Scotto

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A force de répondre aux questions sur le sujet, il a décidé de ne plus en parler. «Parce que cela devient rébarbatif» de répéter des centaines de fois la même chose et que la polémique lui passe au dessus du bonnet. Julien Lizeroux en a sa claque d’entendre le mot «pression» sortir de la bouche de tous ses interlocuteurs. Après la 5e place de Sandrine Aubert vendredi, c’est pourtant sur ses spatules que reposera le dernier espoir de médaille du ski alpin français. S’il passe à côté, samedi, les Bleus quitteront Vancouver sur un sinistre zéro pointé. Une première depuis les Jeux de Lillehammer, il y a seize ans.


«Franchement, ce serait prétentieux de dire que je me sens investi d’une responsabilité, confie le slalomeur. Cette question, si j’étais à la place des autres, elle me ferait mal au cul.» Mermillod-Blondin, Missillier et Tissot savent pourtant se faire oublier. Même s’il refuse de l’admettre, l’attente est forcément décuplée sur le double médaillé d’argent de Val d’Isère. «Depuis ces Mondiaux, on ne me parle que de la pression. Mais c’est notre moteur. C’est ce qui fait qu’on vit des grands moments et qu’on se transcende sur les skis.»


Seul pendant sa course


Pourquoi le sujet l’agace-t-il autant? Parce qu’il n’en serait pas un, soit disant. Lizeroux balaye aussi l'idée que ce mot à ne pas dire éveille en lui des idées sombres. Méthode Coué ou non, on ne saura jamais si la question touche un point sensible: «Ce sont des choses auxquelles on n’accorde pas d’importance. La pression, ça sonne comme quelque chose de négatif: «oh t’as la pression». Quand un lycéen va passer son bac, il a la boule au ventre. Quand on a son premier rendez-vous avec une fille, on ressent la même chose. Ben nous, c’est pareil mais on s’entraîne toute l’année pour ça.»


Sauf que jusqu’à présent, les résultats ne sont pas là. Après deux semaines de compétition, la comparaison avec le bilan comptable du biathlon (six médailles) est douloureuse. Et les critiques font forcément mal. «Ce qui me chagrine, c’est que du jour au lendemain, on passe d’une super équipe à des merdes qui ne savent plus skier. Ce n’est pas le cas. Il ne faut pas tout remettre en question.» Dans cette discipline individuelle, difficile de parler de naufrage collectif. Entre les piquets, les athlètes ne dépendent de personne, se défend Lizeroux. Face à la pente, le skieur est seul. Les résultats des autres, il n'a pas le temps de s'en soucier. «Bien sûr que ça me fait mal au cœur de voir mes coéquipiers déçus en bas d’une course. Mais je ne cours pas pour eux. Et puis, ce n’est pas la fin du monde.» Juste celle des rêves d’une équipe de France, pourtant pleine d'ambitions.