Volontaires, avec le sourire
VANCOUVER2010•Ils travaillent longtemps et ne sont pas payés. Mais ils ne regrettent pas leur expérience...Romain Scotto
De notre envoyé spécial à Whistler,
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Emery a rentabilisé sa journée. Il pourra dire «j’y étais». Dans les tréfonds du Pacific Coliseum de Vancouver, le gaillard venu d’Ottawa observe émerveillé les Canadiens Virtue et Moir remporter l’or olympique en danse sur glace. Dans les tribunes, le public chavire pour son couple de patineurs. Emery, lui, trépigne au sous-sol devant un écran de télé. Il est censé être là pour assurer la sécurité. Mais pour ce fan de patinage, impossible de ne pas être décontenancé: «Regardez ça si c’est pas fantastique. Quelle chance de voir ça. Il n’y a que les Olympics (sic) pour nous faire voir ça.»
A Vancouver, il est l’un des 25.000 volontaires réquisitionnés pour les Jeux. Les petites mains bénévoles, reconnaissables n’importe où avec leur anorak et leur bonnet bleu. A leur badge «Bonjour», aussi, pour ceux qui peuvent tenir une conversation en français. Ces hommes et femmes de tous âges sont ici pour travailler huit heures par jour et effectuer une tâche bien précise. Celle-ci ne varie pas jamais. Accueillir des spectateurs à un arrêt de bus, orienter les médias, vérifier des tickets, ou même guider le public avec un haut parleur. Les blousons bleus sont partout, sur tous les sites des compétitions.
Un ticket repas le midi et des pin’s
En théorie, personne ne choisi son affectation. «Mais si tu connais quelqu’un haut placé, c’est bon, tu peux aller où tu veux», sourit Emery, tout en se vantant d’avoir déjà porté la flamme olympique des Jeux de Montréal. Michael et sa femme, eux, n’ont pas eu cette chance. Ils rêvaient d’atterrir aux matchs de hockey. Ils guident finalement des bus sur un parking de Vancouver. «Ce n’est pas grave. On est bien là, c’est chouette, confie le mari, qui a pris un mois de congés pour faire le voyage d’Ottawa. De toute façon, il faut bien quelqu’un pour faire ce travail. En plus, on a croisé des stars. Ouais, j’ai vu Christie Yamagushi l’autre jour.»
On se contente de ce qu’on peut. Et il vaut mieux. En contrepartie de leur activité, les volontaires ne sont pas payés. Tous leurs frais sont à leur charge. Ils reçoivent juste un ticket repas le midi et des cadeaux de temps en temps. Un pin’s, un porte-clés, une paire de gants ou un chapeau. Les échanges sont courants entre ces milliers de bénévoles, Canadiens pour la plupart. Mais on croise toutes les nationalités.
Sourires permanents
Pendant leur temps libre, ils sont aussi ici pour profiter de l’ambiance des Jeux. Les concerts gratuits, les soirées à thèmes et, bien sûr, les épreuves olympiques. Avant de prendre part à la quinzaine, tous ont passé un test de recrutement, entamé il y a deux ans. Une formation de quatre heures et l'affaire était pliée. D’où ces sourires si travaillés, ces amabilités systématiquement distribuées. Pour être sélectionné, mieux vaut ne jamais être contrarié. Les volontaires se savent bien encadrés. A travers leurs douces paroles et leur faculté à rendre service, c’est avant tout l’image de l’olympisme qui est véhiculée.