VANCOUVER 2010Raymonde Joubert: «Mon fils n'est pas un assassin»

Raymonde Joubert: «Mon fils n'est pas un assassin»

VANCOUVER 2010La mère de Brian Joubert revient sur les critiques qui ont été faites à son fils...
Propos recueillis par Matthieu Payen

Propos recueillis par Matthieu Payen

Il le dit lui-même. Qu’il gagne, qu’il perde, Brian Joubert peut compter sur une personne, sa mère Raymonde. Rentrée avec lui de Vancouver, elle est toujours là. Elle veille sur son fils «en train de monter une nouvelle paire de bottines» en attendant de reprendre l’entraînement. Interrogée par 20minutes.fr, Raymonde Joubert défend son fils. Mais sans éluder ses erreurs.
Brian Joubert peut compter sur une personne, sa mère Raymonde
Il le dit lui-même. Qu’il gagne, qu’il perde, Brian Joubert peut compter sur une personne, sa mère Raymonde. Rentrée avec lui de Vancouver, elle est toujours là. Elle veille sur son fils «en train de monter une nouvelle paire de bottines» en attendant de reprendre l’entraînement. Interrogée par 20minutes.fr, Raymonde Joubert défend son fils. Mais sans éluder ses erreurs.

Êtes-vous déçue de l’échec de Brian aux JO?
l’échec de Brian aux JO
Êtes-vous déçue de l’échec de Brian aux JO?

J’étais déçu parce que lui l’était, mais pas par ses performances. Je suis à l’entraînement tous les jours, je suis lucide. Je sais ce qui a été fait, ce qu’il aurait dû faire aussi. Lui-même a fait une analyse très juste. Il s’est dispersé.

C’est rare de voir un sportif faire son autocritique…

Vous savez, nous sommes une famille dans laquelle la franchise prime. Brian est un garçon courageux, qui a du caractère, du cran. Quand il gagne, il gagne avec tout le monde, quand il perd, il assume seul. C’est toujours facile de dire que c’est la faute des autres, mais dans ces conditions, on n’évolue pas. On est une équipe avec des maillons. Le maillon principal, c’est Brian. On peut donc faire le maximum, quand le maillon est défaillant, le maillon est défaillant. Il en a pris conscience.

Qu’avez-vous pensez des critiques qui ont suivi sa mauvaise performance?

Avant tout, mon fils n’est pas un assassin. Qu’on critique quand on fait une mauvaise performance, je connais, c’est la presse française. Ca a été Laure Manaudou, les footballeurs, et quand ce n’est pas eux, ce sont les tennismen ou bien Brian Joubert. C’est le lot de tous les sportifs. Il faut s’y faire, mais je crois que je ne m’y ferais jamais.

Comprenez-vous le terme de «petit con» employé par Didier Gailhaguet à l’encontre de Brian?

Il faut remettre les choses dans le contexte. Brian et Didier ont un lien très fort, amical. Quand Didier dit que Brian est un petit con, c’est purement amical. Il le considère un peu comme son fiston, il lui parle comme si c’était son fiston. Donc, je peux vous assurer que c’est amical et Brian le sait très bien. Didier a employé ces mots-là, comme il les emploierait avec Brian, mais ça a été mal interprété par la presse. Pas par moi, ni par Brian.

C’est surprenant de voir un lien si fort entre un président de fédération et son athlète…

Mais ça fait pratiquement douze ans qu’ils se côtoient, donc les liens ont eu le temps de se tisser. Et franchement, quand Didier dit ça, on sait ce que ça veut dire. Il a été déçu, c’est normal pour un président de fédération. Didier est quelqu’un de très honnête, de très droit.

On a tendance à expliquer l’échec de Brian par son attachement à Poitiers. Ca vous semble juste?

Brian me dit: “l’année 2007, j’étais à Poitiers, j’ai tout gagné”. Quand il gagne tout, Poitiers ne pose pas de problème. Alors que quand ça va moins bien, on remet tout en question. Il n’y a pas de raison de remettre en question.
l’année 2007, j’étais à Poitiers, j’ai tout gagné
Brian me dit: “l’année 2007, j’étais à Poitiers, j’ai tout gagné”. Quand il gagne tout, Poitiers ne pose pas de problème. Alors que quand ça va moins bien, on remet tout en question. Il n’y a pas de raison de remettre en question.

Brian pourrait partir?

Oui, je pense qu’il pourrait partir. Ca peut être quelque chose d’envisageable pour lui. Moi, je suis prête à le laisser s’en aller, mais c’est lui qui insiste pour rester. L’an dernier, Didier Gailhaguet a proposé à Brian que je parte avec lui. Mais lui a répondu: “Je ne veux pas partir, je ne veux pas partir. Même avec maman, je ne veux pas partir. Je veux rester.”

Pourquoi s’accroche-t-il?

C’est très personnel. Je pense que ce sont ses racines. Il me dit que s’il va ponctuellement dans un autre centre d’entraînement, il n’est pas sûr que les entraîneurs sur place donneraient le meilleur d’eux-mêmes pour quelqu’un qu’ils ne suivent pas tout au long de l’année. Je pense que cette analyse est juste. Et puis, il est très attaché à Poitiers parce que la ville a fait beaucoup de choses pour lui. Il a de bonnes conditions d’entraînement, quand même. Et on va encore les améliorer. (elle fait un pause). Mais c’est vrai que son attachement est viscéral. Il ne supporte pas d’être loin. On a passé deux mois aux Etats-Unis, il est devenu tout tristounet, il n’avait qu’une envie, c’est de rentrer. Et même quand on va à Courchevel l’été, rapidement il a envie de rentrer. Moi, je ne peux pas l’expliquer. Il a ses animaux, son chien, ses poissons…

Il a aussi évoqué une histoire d’amour. C’est quelque chose qui l’a affaibli?
une histoire d’amour
Il a aussi évoqué une histoire d’amour. C’est quelque chose qui l’a affaibli?

J’ai mon opinion sur le sujet mais je ne la donnerai pas.

Le retour de Brian au plus haut, vous y croyez?

Je l’espère. Je ferai tout dans ce sens-là. Et j’espère pour lui que ce sera rapide. Moi, j’ai un métier, j’ai d’autres enfants, donc ça va. Mais pour lui, le patinage, c’est sa raison de vivre. Il est malheureux et je souhaite que cette période soit la plus courte possible. Je ne voudrais pas que ce malaise perturbe tout le monde. Maintenant, je pense aussi que ça peut être positif qu’une telle chose lui arrive. Rester sur ses lauriers, ce n’est pas toujours très bon. J’espère qu’il va rebondir.