Bruno Mingeon: «Une piste de bob rapide, mais pas adaptée»
INTERVIEW•Le coach de Monaco, porte-drapeau de la délégation française en 2006, s'indigne de la dangerosité de la piste...Propos recueillis par Romain Scotto
De notre envoyé spécial à Whistler,
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Sacré champion du monde de bob à quatre avec l’équipe de France en 1999, Bruno Mingeon s’occupe aujourd’hui de l’équipe de Monaco de bob à 2, classée 19e de l’épreuve dimanche. Le porte drapeau de la délégation française à Turin dénonce la dangerosité de la piste de Whistler, alors que les compétitions de bob à quatre ont débuté mardi.
Depuis quelques jours, plusieurs entraînements ont été annulés pour procéder à de nouveaux aménagements sur la piste. Quels en sont les dangers?
Elle est vraiment très rapide. Notamment l’enchaînement des virages 11, 12 et 13. Dès qu’on s’écarte de la trajectoire idéale, ça devient dangereux. Ils ont voulu faire une piste rapide mais les virages ne sont pas adaptés. C’est dommage.
Cette piste n’est donc pas adaptée au bobsleigh?
C’est très difficile de trouver une piste adaptée aux trois disciplines des Jeux (luge, skeleton et bobsleigh). Ça complique le travail des concepteurs. Pour le bob à quatre, ils ont procédé à des aménagements. Ils ont raboté la glace. Le but est de la rendre plus tendre pour que le bob reste dans la ligne. Il faut rallonger les sorties de virages et incliner les entrées. Il faut mettre de la difficulté en haut de la piste, mais pas dans la partie basse.
Vous avez déjà vu une piste aussi rapide et aussi piégeuse?
Oui, il y avait celle de Lake Placid, il y a dix ans, où on avait vu énormément de chutes. Finalement, ils ont amélioré son profil en demandant à des experts allemands de s’en occuper. Celle de Kitzbühel est aussi dangereuse. Pour celle de Whistler, on était venu l’essayer en octobre et les aménagements n’avaient pas été effectués.
Vu le nombre de blessés depuis le début des Jeux, la fête est gâchée pour les bobeurs...
Non, on ne peut pas dire cela. C’est un sport à risques, oui. Maintenant, vu le nombre de chutes auxquelles on a assisté, on se dit effectivement qu’il aurait fallu penser à certaines choses avant, pour la rendre plus facile et plus sécurisée.
La mort du lugeur géorgien doit aussi avoir un effet traumatisant pour tout le monde...
C’est clair, ça jette un froid sur une piste qui faisait déjà peur. Malheureusement, ce qui est arrivé au lugeur est déjà arrivé à d’autres sur d’autres pistes. Je crois qu’il ne faut pas trop accabler la piste. On essaye de ne pas trop y penser. Il y a déjà assez de difficultés comme ça sur le tracé.
Quel discours avez-vous tenu à vos athlètes?
On a bien préparé les points tendus. Le but, c’est d’assurer les passages à chaque fois. Dans le virage le plus dangereux, on n’a pas essayé de gagner trois ou quatre centièmes à cet endroit. Pour nous, ça s’est pas mal passé. On voulait entrer dans le top 15. On est 19e. Ce n’est pas une contre-performance, mais il y a quand même une petite déception.