Encore un peu de crédit en relais
VANCOUVER2010•Le relais féminin, 2e derrière la Russie, apporte sa sixième médaille au biathlon français...Romain Scotto
De notre envoyé spécial à Whistler,
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«Ça, c'est la marque des très grandes!» La lèvre inférieure pincée, Jean-Paul Giachino n'est pas loin de pleurer quand il voit Sandrine Bailly débouler sur la ligne d'arrivée. La dernière relayeuse des Bleus, au fond du trou après ses épreuves individuelles, vient de conclure un dernier tour comme une fusée pour avaler l'Allemande Andrea Henkel et offrir à la France une nouvelle médaille d'argent. La sixième du biathlon français, qui repartira donc de Vancouver les valises bien chargées.
Avant le départ, les filles s'étaient fait la promesse de finir en beauté. Pour que toutes quittent ces Jeux médaillées. Pas seulement Marie Dorin et Marie-Laure Brunet, déjà bronzées en individuel. Mais aussi la grande soeur, Sylvie Bécaert et Sandrine Bailly, la leader des Bleues, toujours prête à se mettre la rate au court-bouillon quand le destin du groupe est entre ses mains. Un phénomène physiologique qu'elle n'explique même pas: «Le relais, c'est différent. Je parviens toujours à me surpasser».
«Marie était vraiment tendue au départ»
Il fallait au moins ça de la part de «Sansan», mal embarquée au moment de prendre son relais pour rattraper le retard accumulé par Marie Dorin, juste avant elle. Sans le tir couché désastreux de la médaillée du sprint (5 fautes et 2 tours de pénalité!), les Bleues auraient peut-être pu s'accrocher au wagon russe, qui aligne au passage un troisième titre olympique consécutif en relais.
A l'arrivée, la troisième relayeuse française était en pleurs. Effondrée et rongée de remords dans les bras de Sandrine Bailly. Ce n'est que sur le podium, en recevant son bouquet, qu'elle a esquissé un timide sourire. «Je n'ai jamais foiré un relais, et c'est celui des Jeux que je fous en l'air. Mais les copines ont été géniales. Elle m'ont consolé, et m'ont bien dit que ce n'était pas grave. Aujourd'hui, je suis passée par toutes les couleurs de l'arc-en-ciel.» Du noir ébene au rose clair.
Ses copines, justement, n'osaient pas lui reprocher quoi que ce soit après la course: «Je ne vous dirai pas ce que je lui ai dit, mais on l'aime quand même», sourit Bécaert. Celle qui a fait chuter la France de la 2e à la 9e place en un seul passage au tir, voulait juste trop bien faire. Depuis qu'elle a décroché le bronze en sprint, son seul objectif était d'offrir aux filles de l'équipe le titre dont elles rêvaient. «C'est normal qu'elle soit déçue, je pense qu'elle a des regrets, mais c'est le jeu, enchaîne Brunet. Ce qui compte, c'est cette médaille d'argent qu'on a gagnée ensemble et non ce qu'on a fait dans la course. On ne va pas la blâmer.» Comme punition, on a connu bien pire qu'une médaille d'argent.