VI Nations: Lionel Nallet simple et heureux soldat
RUGBY•Libéré du brassard de capitaine, le deuxième-ligne virevolte depuis le début du Tournoi...Alexandre Pedro
Au rythme où il enchaîne les performances cinq étoiles avec le XV de France, Lionel Nallet va finir par faire croire à l’existence de la fontaine de Jouvence dans un des sous-bois du domaine de Marcoussis. Féroce dans le combat et toujours disponible en attaque, le deuxième ligne des Bleus croque dans ce Tournoi des VI Nations à pleines dents. «Je le trouve allégé. Il est toujours aussi fort dans les phases statiques, mais se déplace beaucoup mieux. Il reste toujours la poutre du pack, mais une poutre en aluminium», analyse l’ancien entraîneur de Bayonne, Jean-Pierre Elissalde.
Redevenu simple fantassin à 33 ans, Nallet paraît libéré depuis que le brassard de capitaine entoure l’épaule droite de Thierry Dusautoir. Un choix assumé par Marc Lièvremont à l’automne dernier. «Cette décision n'a pas été facile à prendre, car Lionel n'a jamais démérité durant cette période de reconstruction», insistait alors le sélectionneur. Si le capitaine ne déméritait pas malgré son peu d’appétence pour les grands discours, le joueur lui rayonnait moins. «Quand tu es capitaine, tu es le berger qui cherche à rameuter ces moutons. Lionel doit se sentir plus disponible maintenant, il est redevenu le papa du cinq de devant et ça lui va très bien», abonde Jean-Pierre Elissalde.
«L’âge c’est dans la tête»
Capitaine des Bleus à 24 reprises, Fabien Gatlhié affiche un avis moins tranché. «C’est peut-être une raison, mais je ne suis pas sûr que le brassard freine la performance d’un joueur. Pour moi au contraire il m’a aidé», remarque le consultant de France Télévisions. Pour expliquer cette seconde jeunesse, le principal intéressé avance un autre facteur: son arrivée et sa saison réussie au Racing-Metro: «L'année dernière, quand j'abordais le Tournoi, Castres était quasiment en position de descente… Moi, je partais pour un Tournoi durant lequel le club continuait à jouer. Je ne sais pas si ça pollue mais ça reste présent.»
Après plusieurs saisons galères dans le Tarn, Nallet a donc rebondi du côté de Colombes où il n’en finit plus d’épater l’un de ses entraîneurs, Simon Mannix. «Capitaine ou pas, Lionel est dans la continuité de ce qu’il montre avec nous. Depuis le début de la saison, il m’impressionne par son envie et son implication sur chaque match.» Et ne parlez surtout pas de l’âge de son deuxième-ligne au Néo-Zélandais. «L’âge, c’est dans la tête. Lionel a envie de tout bouffer à l’entraînement. Ce mec m’impressionne». A 33 ans, Lionel Nallet ne se sent pas encore l’âme d’un crucifié. Le rugby français ne va pas s’en plaindre.