Petit guide de survie pour suivre l'épreuve de curling
VANCOUVER2010•Toutes les réponses aux questions que vous vous posez sur cette discipline obscure...Romain Scotto
D'un de nos envoyés spéciaux à Vancouver
Leurs balayage frénétique fait désormais partie du folklore des Jeux. Souvent incompris, parfois raillés, les joueurs de curling profitent tous les quatre ans de la trêve olympique pour démystifier leur sport, en apparence assez obscure. Pour l’équipe de France, 5e des derniers championnats d’Europe, il pourrait pourtant être à l’origine d’une belle surprise. Décryptage...
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Pourquoi balayer la glace avec tant d’entrain?
Non, la patinoire n’est pas sale et n’a pas besoin d’être lustrée. Le balayage sert simplement à chauffer la glace pour faire avancer la pierre si elle n’est pas lancée avec assez de puissance (trois à quatre mètres pour les meilleurs). Si elle atteint une vitesse idéale, il permet de tenir une ligne plus droite. «Concrètement, on fait fondre des petites particules en eau pour que la pierre accroche moins la glace, décrit Richard Ducroz, le «second» des Bleus. Elle glisse mieux vers l’endroit où on veut la placer.»
Quelles sont les qualités d’un bon balayeur?
A la base, l’exercice demande des gros bras. L'as du balai produit un mouvement très rapide tout en mettant beaucoup de poids sur son balai. «Mais il ne faut pas être bourrin non plus, embraye Tony Angiboust, autre membre de l’équipe de France. Il y a une technique et il ne faut pas balayer n’importe quand. C’est à nous de voir où la pierre va s’arrêter. Donc à un moment, il faut aussi faire marcher sa tête.»
Peut-on comparer le curling à la pétanque?
A défaut de cochonnet, les joueurs de curling ont une cible à viser (la maison). La finalité des deux sports est donc sensiblement la même. «Cela rappelle aussi les fléchettes puisqu’il faut aller à un endroit précis de la cible, précise Richard Ducroz. Et puis il y a un aspect stratégique qui rappelle les échecs.»
En quoi consiste la préparation mentale des athlètes?
Sophrologie, imagerie mentale, respiration font partie du quotidien des Bleus. L’équipe de France s’est adjoint un coach spécifique depuis deux ans. «On travaille surtout avec des mots clés, détaille Hervé Poirot, l’un des entraîneurs de l’équipe. Ils apprennent des listes de mots. On a cerné le problème de chacun, ce qui pourrait les gêner sur la glace. Dès qu’ils se sentent mal, ils les lisent.» Parmi les mots qui font mouche: «foule» ou «adversaire». «Saleté» et «acariens» ne font pas partie de la liste.
Peut-on en vivre en France?
Sûrement pas. Au Canada, les meilleurs joueurs sont professionnels. Mais les membres de l’équipe de France sont barman, conducteurs d’engins, moniteurs de ski ou gérant d’une exploitation touristique. Le projet olympique représente un gros sacrifice pour les quatre Bleus. «On n’a plus de boulot, on a presque tous perdu nos copines, commente Richard Ducroz. Donc quand j’entends encore que le curling ce n’est qu’un sport de femmes de ménage, ça me fait bien rire. Non, je ne passe pas le balai chez moi, j’ai un aspirateur.»