22 avril 2011. Cette date lointaine correspond au jour où David Attoub pourra à nouveau fouler un terrain de rugby et pousser une mêlée. Jugé à Dublin pour avoir commis une fourchette le 12 décembre dernier sur un joueur de l’Ulster en Coupe d’Europe, le pilier du Stade Français a écopé d’une suspension de toutes compétitions de 70 semaines. Déjà impitoyable avec son coéquipier Julien Dupuy (suspendu 23 semaines pour le même geste lors du même match), la Commission de discipline de l’ERC a pris en compte le «casier disciplinaire» d'Attoub, déjà pris pour une fourchette lors d'un match de Challenge européen en 2005 avec Clermont.

«C'est le pire cas en terme de contact avec les yeux que j'aie eu à traiter. C'était un cas de fourchette délibérée», atteste le Juge Jeff Blanket en charge de la Commission. Déjà révolté par la sanction infligée à Dupuy, Max Guazzini ne cherchait pas à cacher son incompréhension face à l’ampleur de la peine. Le président parisien n’hésite pas à parler de justice à deux vitesses, une justice où les Français seraient les éternels dindons d’une mauvaise farce. «Les juges raisonnent sur un système britannique. On a à faire à quelqu'un (NDLR : Blanket) d'excessif et, à mon avis, de mal intentionné vis-à-vis des Français», avance-t-il. «Le Sud-Africain Burger avait pris huit semaines pour le même geste contre les Lions Britanniques l'été dernier, Attoub prend soixante-dix semaines. Cherchez l'erreur», illustre par l’exemple le président parisien.

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Pour le Stade Français, le dossier monté contre David Attoub ne tient pas. Les dirigeants parisiens estiment que la photo de l’action qui accuserait Attoub ne prouverait pas l’intentionnalité de son geste sur le 3e ligne Stephen Ferris (déjà victime et accusateur de Dupuy). Des doutes insuffisants. Pour l’ERC, Attoub et le Stade Français ne renversent pas la preuve constituée par le témoignage de Ferris. A 28 ans, la carrière de David Attoub – déjà éloigné des terrains plusieurs mois en 2006 à cause d’un staphylocoque doré – a du plomb dans l’aile.