VOILECoupe de l'America: Entre Alinghi et BMW Oracle, c'est Règlement de comptes à OK Corral

Coupe de l'America: Entre Alinghi et BMW Oracle, c'est Règlement de comptes à OK Corral

VOILEDepuis 2007, les deux équipes ont passé plus de temps au tribunal que sur l'eau...
Philippe Berry

Philippe Berry

Traditionnellement, la Coupe de l'America est une course de gentlemen. De chevaliers, même. Un challenger jette le gant, le défenseur relève le défi et les deux parties négocient les détails de l'affrontement. Mais pour cette 33e édition, la lutte entre le tenant du titre Alinghi et BMW/Oracle a tourné à la mauvaise farce. A l'heure actuelle, la course est toujours censée se tenir à Valence, en Espagne, en février prochain. Mais rien n'est vraiment sûr.

Pour ceux qui auraient raté les deux ans de bataille judiciaire, petit rappel des faits. Pour comprendre les événements, il faut savoir que la Coupe de l'America, plus vieille compétition internationale moderne, n'a pas d'organe directeur comme la FIFA pour le foot. Toutes les règles reposent sur les quatre pages du Deed of Gift, un document de 1852. Il stipule notamment que le challenger propose le type de bateau pour la course et que le défenseur choisi le lieu et la date, avec certaines restrictions.
Deed of Gift
Pour ceux qui auraient raté les deux ans de bataille judiciaire, petit rappel des faits. Pour comprendre les événements, il faut savoir que la Coupe de l'America, plus vieille compétition internationale moderne, n'a pas d'organe directeur comme la FIFA pour le foot. Toutes les règles reposent sur les quatre pages du Deed of Gift, un document de 1852. Il stipule notamment que le challenger propose le type de bateau pour la course et que le défenseur choisi le lieu et la date, avec certaines restrictions.
>> Lire le reportage à la rencontre du bateau de BMW/Oracle à San Diego ici
2007. Les Suisses remportent la 32e édition face à Team New Zealand. Aussitôt, un syndicat espagnol (CNEV) se met en place à Valence pour devenir le challenger et conserver la course en Espagne, ce qu'Alinghi accepte. Les Américains de BMW/Oracle déposent un recours en justice. Un porte-parole de l'équipe affirme à 20minutes.fr que
  • le syndicat espagnol est «bidon» (sans bateau ni même club)
  • la Société nautique de Genève (SNG) /Alinghi essaient simplement de garder la main sur une organisation l'avantageant
  • les règles mises en place par CNEV/Alinghi étaient «les pires» jamais écrites
Alors qu'Alinghi continue de discuter avec 18 équipes pour organiser une course à plusieurs challengers, BMW/Oracle obtient gain de cause devant la Cour suprême de New York et récupère le titre de challenger officiel pour un duel directement contre Alinghi, sans autres participants.
Duel de milliardaires
D'un côté, Larry Ellison, patron et fondateur d'Oracle. Fortune personnelle: entre 20 et 25 milliards de dollars. De l'autre, Ernesto Bertarelli, qui a développé puis vendu à Merck le laboratoire pharmaceutique familial. Fortune personnelle? Environ 8 milliards de dollars. Tous les deux sont passionnés de voile. Tous les deux dépensent sans compter. Tom Ehmans, pour BMW/Oracle, estime qu'environ 130 millions de dollars ont été investis dans le projet, «en immense majorité grâce à l'argent de Larry».
Larry Ellison
D'un côté, Larry Ellison, patron et fondateur d'Oracle. Fortune personnelle: entre 20 et 25 milliards de dollars. De l'autre, Ernesto Bertarelli, qui a développé puis vendu à Merck le laboratoire pharmaceutique familial. Fortune personnelle? Environ 8 milliards de dollars. Tous les deux sont passionnés de voile. Tous les deux dépensent sans compter. Tom Ehmans, pour BMW/Oracle, estime qu'environ 130 millions de dollars ont été investis dans le projet, «en immense majorité grâce à l'argent de Larry».
Ernesto Bertarelli
D'un côté, Larry Ellison, patron et fondateur d'Oracle. Fortune personnelle: entre 20 et 25 milliards de dollars. De l'autre, Ernesto Bertarelli, qui a développé puis vendu à Merck le laboratoire pharmaceutique familial. Fortune personnelle? Environ 8 milliards de dollars. Tous les deux sont passionnés de voile. Tous les deux dépensent sans compter. Tom Ehmans, pour BMW/Oracle, estime qu'environ 130 millions de dollars ont été investis dans le projet, «en immense majorité grâce à l'argent de Larry».
De cette lutte sont nés deux monstres des mers, deux multi-coques de 90 pieds (un catamaran pour Alinghi, un trimaran pour BMW/Oracle). «Les Américains ont voulu effrayer les autres challengers», estime le porte-parole d'Alinghi Paco Latorre. «On n'a indiqué qu'une dimension maximale», se défend Tom Ehmans, qui pensait que «dans l'esprit de la Coupe, un consensus plus raisonnable émergerait».
Cette course technologique a poussé Alinghi à installer un moteur remplaçant les gros bras des Winchers pour tirer sur les voiles. BMW/Oracle a contesté, mais a fini par suivre. Puis par installer une «aile», une voile rigide révolutionnaire début novembre. «S'ils décident de l'utiliser, il faudra voir si elle respecte vraiment l'esprit du Deed of gift», menace à demi-mot Paco Latorre.
Valence, les Emirats arabe unis ou l'Australie?
L'été dernier, Alinghi surprend tout le monde et annonce avoir finalement choisi Ras al-Khaimah aux Emirats arabes unis. Un lieu, selon BMW/ORacle, avec «à peine 5 noeuds de vent» et «dangereux» pour toute délégation américaine, à 28 kilomètres des côtes iraniennes. «Faux et archi faux», se défend Paco Latorre. Selon lui, depuis qu'elle s'entraine, l'équipe navigue avec un vent de «5 à 10 noeuds» alors que «la mer à Valence en février est imprévisible».
Ras al-Khaimah
L'été dernier, Alinghi surprend tout le monde et annonce avoir finalement choisi Ras al-Khaimah aux Emirats arabes unis. Un lieu, selon BMW/ORacle, avec «à peine 5 noeuds de vent» et «dangereux» pour toute délégation américaine, à 28 kilomètres des côtes iraniennes. «Faux et archi faux», se défend Paco Latorre. Selon lui, depuis qu'elle s'entraine, l'équipe navigue avec un vent de «5 à 10 noeuds» alors que «la mer à Valence en février est imprévisible».
Du côté de BMW/Oracle, on estime qu'Alinghi/SNG est coincé par des engagements auprès du cheikh Saud bin Saqr. Les Suisses, eux, rétorquent que les Américains «n'avaient aucun problème avec l'avantage donné à l'organisateur pendant les plus de 100 ans où ils en ont tenu le rôle». Paco Latorre conclut: «On dirait qu'ils essaient désormais de gagner au tribunal ce qu'ils ne peuvent gagner sur l'eau».
Saud bin Saqr
Du côté de BMW/Oracle, on estime qu'Alinghi/SNG est coincé par des engagements auprès du cheikh Saud bin Saqr. Les Suisses, eux, rétorquent que les Américains «n'avaient aucun problème avec l'avantage donné à l'organisateur pendant les plus de 100 ans où ils en ont tenu le rôle». Paco Latorre conclut: «On dirait qu'ils essaient désormais de gagner au tribunal ce qu'ils ne peuvent gagner sur l'eau».
D'appel en appel, la montre tourne, et Alinghi s'expose au risque d'être dessaisi de son rôle d'organisateur de la 33e «Cup». Ajoutez à ça le fait que le capitaine de BMW/Oracle, Russell Coutts, a remporté le trophée avec Alinghi en 2003 avant de se faire virer par Ernesto Bertarelli, et vous obtenez un climat explosif. Reste à espérer que tout se règle sur l'eau.
Russell Coutts
D'appel en appel, la montre tourne, et Alinghi s'expose au risque d'être dessaisi de son rôle d'organisateur de la 33e «Cup». Ajoutez à ça le fait que le capitaine de BMW/Oracle, Russell Coutts, a remporté le trophée avec Alinghi en 2003 avant de se faire virer par Ernesto Bertarelli, et vous obtenez un climat explosif. Reste à espérer que tout se règle sur l'eau.