Depuis plusieurs semaines, Cédric Sorhaindo peine à trouver le sommeil. Son avenir professionnel l’obsède. Le champion du monde, relégué en mai dernier en D2 avec Paris, pensait quitter le club depuis bien longtemps. Si tout se passe comme prévu, il rejoindra le FC Barcelone en juin prochain, à la fin de son contrat avec Paris. Mais en attendant, il ronge son frein. Les yeux rougis par la fatigue, il confie son profond mal-être à 20minutes.fr.
La saison a démarré depuis deux mois et vous n’avez toujours pas quitté le club. Vous vous êtes fait une raison?
J’attends certaines réponses. Tant que je suis ici, je continue à travailler. Mon choix premier reste de partir vers l’élite. Des solutions vont arriver. J’espère que ça va se faire au plus vite.
Avec un club français ou étranger?
Il me faut un club transitoire pour les six sept mois à venir. Un club de Première division. Le club qui me permettra de faire des matchs de haut niveau le week-end et qui me laisser bosser physiquement pour être prêt à partir en Espagne (ndlr, en juin prochain). Je demande juste à pouvoir travailler à part de temps en temps.
Aujourd’hui, cela signifie que vos valises sont prêtes? Vous vous êtes fixé une date butoir?
Non. Une fois que la situation évoluera, je serai amené à faire des choix. J’attends une réponse. En fonction de cette réponse, je ferai mes valises assez vite. Je ne suis pas bloqué à Paris, mais les deux parties veulent tirer le meilleur parti et ça retarde les décisions. Ce n’est pas un problème financier, mais contractuel. D’ici à la semaine prochaine, je pense que ce sera fini.
En attendant, jouer en D2 quand on est champion du monde, ce n’est pas courant…
C’est frustrant. Chaque week-end, c’est un gros combat. Je prends énormément de coups. En D2, physiquement, on laisse vraiment des plumes. A certains moments ça devient pesant.
Peut-on dire que les stages de l’équipe de France sont votre bouffée d’oxygène?
Oui, mais c’est à double tranchant. Si j’arrive à me maintenir à un niveau correct, ça va. Mais l’équipe doit être compétitive. Ce sont les performances qui font qu’on se respecte mutuellement. A un moment, si je ne suis pas bon et si je n’apporte pas assez à l’équipe, ce n’est pas possible. Il faut être objectif.
Avez-vous l’impression de ne pas progresser?
Je reste sur ce que j’ai fait en fin de saison. C’est une année transitoire mais je voulais passer un cap. Si ce n’est pas sur le plan physique, ce sera sur le plan mental. J’essaie de gérer au mieux. Pour y laisser le moins d’énergie possible.
Ou vous sent touché moralement…
Je veux partir pour ne plus être là à réfléchir, à douter, à perdre confiance en moi comme c’est le cas ces-temps-ci. Le plaisir qui m’animait pour le handball est parti. J’essaie de le retrouver. Sur le terrain, je rigole, mais au fond… Je ne suis pas malheureux pour autant, mais je ne joue plus avec passion. Je ne ressens plus de joie, ce côté émotionnel. Je suis très peu épanoui. Je fais du hand pour faire du hand.
Vous sentez vous quand même soutenu par votre entourage, vos coéquipiers?
Je constate une seule chose: il y a énormément de personnes qui parlent, mais aucun n’a vécu ma situation. Au final, la seule personne qui est dans cette situation, c’est moi. Je suis capable de dire que c’est difficile, par ce que je le vis. Pour moi, ce que certains disent, ce n’est pas objectif. Oui, il faut être fort mentalement. Combien de personnes peuvent être dans la tête de quelqu’un qui n’est pas au mieux? Aucun sportif n’est identique à un autre. Je ne me sens pas bien, je le dis, mais ce n’est pas pour cela que je suis dépressif, que je vais me suicider, que je n’arrive pas à vivre correctement ma situation.
En dehors du hand, que faites vous pour oublier cette épreuve?
A l’heure actuelle, je ne fais pas grand-chose. Je suis un solitaire. On peut penser que j’ai énormément d’amis, mais ma façon de me retrouver, c’est de rester chez moi. Certains me disent que c’est pour cela que je me prends la tête. Mais chez moi je me sens en sécurité parce que c’est comme une forteresse. Je m’évade comme je peux. J’essaye d’entretenir un réseau social. J’ai des amis qui passent chez moi. On va faire un tour de temps en temps. Je n’ai pas forcément très envie de sortir de chez moi pour entendre toujours les mêmes questions.