INTERVIEWJean-Baptiste Grange: «J'ai les armes pour gérer la pression»

Jean-Baptiste Grange: «J'ai les armes pour gérer la pression»

INTERVIEWA la veille du début de la Coupe du monde à Sölden, le slalomeur de Valloire dit avoir appris de ses échecs passés...
Propos recueillis par Romain Scotto

Propos recueillis par Romain Scotto

Un globe du slalom en 2008, douze podiums en Coupe du monde, une déconvenue aux Mondiaux de Val d'Isère.… A 25 ans à peine, Grange a déjà tout connu. Rencontre avec le meilleur skieur français qui débute ce week-end une saison olympique.


A peine la page des Mondiaux refermé, vous voilà tourné vers la nouvelle saison de coupe du monde et les JO. Vous avez eu le temps de souffler?

Ça enchaine pas mal, mais c'est bien après des Mondiaux plus ou moins ratés. Aux Jeux, je vais pouvoir me servir de cette expérience, j'ai envie de prendre ma revanche. Dans ma préparation, il n'y a pas eu de gros changements. On a essayé de se professionnaliser un peu plus en améliorant des détails. Sinon, le fond reste le même. C'est important de conserver tout ce qu'on a mis en place depuis trois ou quatre saisons en Coupe du monde. On est sereins.


Avant la première épreuve de Coupe du monde ce week-end à Sölden, avez-vous déjà retrouvé vos sensations?

Non, c'est difficile, il y a toujours une part de doute. Ça fait six mois qu'on n'a pas couru. Donc on ne sait pas forcément si dès la première manche on va être capable d'allier ce qu'on a travaillé techniquement cet été, et d'être à 100% physiquement. On a toujours le doute même si on a des points de repères par rapport aux entraînements.


Et comment va votre dos? Vous souffrez, mais vous ne vous en plaignez jamais.

J'ai une hernie discale depuis que j'ai onze ans, j'ai porté un plâtre puis corset. A onze ans, je marchais comme un petit vieux. Voilà avec quoi j'ai dû apprendre le ski. Des douleurs au dos, j'en ai toujours. En fin de saison, quand je ne fais pas de sport, je suis dans mon lit, je me retourne j'ai des douleurs. Parfois, c'est difficile pour s'entraîner. C'est intégré, ça fait partie de ma vie donc la douleur ne me gêne plus, je n'y fais plus attention.


Après le globe du slalom cette année, vous pouvez aller chercher celui du général?

Pour l'instant, les objectifs restent le slalom, le géant et le combiné. J'ai passé une semaine au Chili pour mettre un pied dans la descente. J'espère que cette semaine va me permettre de gagner quelques dixièmes dans cette discipline. Il y a encore un gros boulot à faire aussi sur le géant. Donc j'ai vraiment envie de stabiliser ces deux disciplines avant de passer peut-être au cap supérieur sur le gros globe.

Vous restez prudent parce qu'il y a cette année les Jeux en ligne de mire?

Non, non, simplement parce qu'on a vu beaucoup de coureurs qui se mettaient à la descente, qui jouaient le gros globe, et qui ont beaucoup perdu en slalom. Miller, Raich. Les coureurs qui se mettent à toutes les disciplines, le font au détriment de leur discipline forte. Je pense que j'ai beaucoup de belles choses à faire en technique et je n'ai pas envie de plonger trop vite sur le gros globe et les disciplines de vitesse.


Avec le recul, ce globe du slalom était-il vraiment indispensable pour vous relancer après Val d'Isère?

Ça m'a fait du bien parce que je restais sur un échec en 2008. Ce n'était pas évident parce que j'avais fait ce qu'il fallait. Je tombe à quatre portes de l'arrivée. Ça a été dur à digérer. Dur aussi de porter le dossard rouge (de leader, ndlr) toute la saison. J'ai laissé beaucoup d'énergie au mois de janvier. Derrière il y a eu les Mondiaux. Il y a à la fois une pression supplémentaire que je n'ai pas su gérer par manque d'expérience. Si ça ne l'a pas fait cette année, ça le fera les suivantes. Maintenant, c'est sûr que ce globe me permet d'aborder les courses plus sereinement maintenant.