INTERVIEWJean-Marc Mormeck: «La boxe se nourrit de défis»

Jean-Marc Mormeck: «La boxe se nourrit de défis»

INTERVIEWLe boxeur français disputera son premier combat en lourd le 20 novembre...
Propos recueillis par Mathieu Goar

Propos recueillis par Mathieu Goar

Engoncé dans un pull en laine dans le hall d'un hôtel parisien, Jean-Marc Mormeck n'a pas changé. La voix posée, encore un peu plus baraqué, le Français sait où il va. A 37 ans, l'ancien champion du monde des lourds-légers tente un défi de classe: monter en lourds, la catégorie-reine. Histoire d'oublier sa défaite de 2007 face à David Haye et de promouvoir une certaine idée de la boxe. Premier combat: le 20 novembre contre l’Américain Vinny Maddalone (35 ans, 32 succès, 5 revers) à la Halle Carpentier à Paris. Rencontre.

>> La préparation et le combat de Mormeck seront à suivre toutes les semaines sur 20minutes.fr

Comment avez-vous muri ce retour?

D’abord je ne suis jamais parti. J’ai juste fais un break. J’avais besoin de mettre de l’ordre dans ma boxe, de changer mon environnement en quittant Don King. L’idée est maintenant de promouvoir mes combats moi-même. Le faire à ma façon en m’entourant de gens compétents et d’aider d’autres boxeurs comme Daouda Sow et Khedafi Djelkhir (qui combattront en ouverture de sa soirée le 20 novembre, ndlr) pour essayer de leur donner tout ce que la boxe m’a apporté. Si je suis là en train de vous parler, c’est grâce à la boxe.


A 37ans, le défi de passer en lourd n’est-il pas immense?

Non c’est la suite logique d’une carrière. J’ai commencé en mi-lourds. Je suis ensuite passé en lourd-légers. C’est bien français d’avoir des a priori sur ces montées en catégorie. Mais la boxe se nourrit de défis. Regardez un boxeur comme Roy Jones (champion du monde dans quatre catégories différentes, ndlr). Idem pour l’âge. Foreman est redevenu champion du monde à 46 ans (en 1995, contre Michael Moorer). Même chose pour Hollyfield.

Y a-t-il des boxeurs qui vous inspirent?

Dans les années 80, l’actualité de la boxe a été dominée par les grands combats des moyens. Puis il y a eu les lourds avec Mike Tyson. Je suis admiratif de ce boxeur. Son ascension puis sa décadence. Sur un ring, il avait la rage et pourtant il n’avait pas forcément le physique adéquat. Il faisait seulement 1,79m pour 100 kilos. Aujourd’hui les boxeurs sont différents avec les frères Klitschko, plus posés et techniques, ou encore Nikolai Valuev.


Avez-vous changé votre façon de boxer?

Ma préparation physique a été la même. Par contre, il a fallu que je prenne du poids. Environ une dizaine de kilos. Avant je boxais à 90. Maintenant, j’oscille entre 98,5 et 105 kilos. J’ai demandé des conseils au nutritionniste du Stade Français pour ne pas devenir un bodybuilder mais prendre du poids intelligemment. Pendant mes footings, je ressens les kilos à déplacer, je m’essouffle plus vite. Et pourtant, en montant en lourd, il faudra que je sois plus mobile car je ne pourrai pas encaisser beaucoup de coups.


Dans votre livre «A poings fermés», vous racontez que votre manager Louis Acariès vous avait proposé de mystérieuses gélules avant un combat. Le milieu de la boxe est-il pourri?

D’abord, je n’ai jamais su ce qu’il y avait dans ses gélules que je n’ai pas prises. Ce n’est juste pas ma façon de faire. Un jour en Afrique du Sud, je souffrais de l’altitude et quelqu’un m’a proposé des piqures de vitamine B12 pour récupérer. J’ai refusé. Si c’est ce que vous me demandez: non je ne cautionne pas tout ce qui se passe dans la boxe.


En devenant promoteur de vos combats, n’avez-vous pas peur des récentes déconvenues comme celle de Mahyar Monshipour qui a perdu beaucoup d’argent?

Mahyar n’est pas un exemple. Il n’a pas accepté d’aide. Je lui avais même proposé mon expérience. On ne peut pas réussir comme ça. Il faut savoir s’entourer. Des amis qui ne connaissent rien à la boxe m’accompagnent dans mon projet. Moi je suis incapable de négocier avec une chaîne de TV. Eux, ils savent faire.


Le 20 novembre, vous allez combattre à la Halle Carpentier à Paris, une salle mythique de la boxe parisienne…

Oui. C’est un choix important. Je n’oublie pas et je remercie Levallois (lieu de son dernier combat en lourds-légers en 2007) qui est la ville de la boxe et qui m’a accueilli à deux reprises. Mais c’est bien de faire revivre des lieux qui font rêver les passionnés. J’ai boxé au Madison Square Garden. C’est une sensation incroyable.

Tout le monde parle d’une possible revanche contre David Haye qui vous avait battu en 2007 (monté en lourds lui aussi, le Britannique combat Nikolai Valuev, le 7 novembre, ndlr). Y pensez-vous?

Ce serait mentir que de dire que la défaite de 2007 ne m’est pas restée en travers de la gorge. Mais je vais d’abord me concentrer sur mon premier combat.