INTERVIEWMax Guazzini: «Avec Jean-Bouin, on est à la ramasse grave»

Max Guazzini: «Avec Jean-Bouin, on est à la ramasse grave»

INTERVIEWLe patron du Stade Français tape du poing sur la table pour obtenir la rénovation de son stade
Recueilli par Magali Gruet

Recueilli par Magali Gruet

L'enquête publique pour la rénovation du Stade Jean Bouin (16e) se termine ce soir. Comment expliquez-vous la polémique autour de ce projet?

Nous sommes dans un débat politique. Ceux qui avaient voté pour la rénovation du stade quand il était dans le projet olympique sont aujourd'hui contre, car ils sont rentrés dans une logique d'opposition politique. Les Verts ont voté pour en 2005 mais ils sont désormais en campagne pour les régionales, et ils se démarquent. Le paradoxe c'est qu'ils retoquent le premier stade écologique de France, qui récupérera les eaux de pluie et produira de l'électricité. Moi je veux bien, mais je ne peux pas être l'otage des politiques. Je pense qu'en matière de sport, on doit dépasser ça. Il y a aussi l'opposition du maire du 16e, qui a toujours été contre tout. Et même le maire de Boulogne s'y met. Mais de quoi il se mèle ? Est ce que la Ville de Paris se mèle de ses affaires? D'ailleurs, pratiquement tous nos joueurs habitent Boulogne. Je suis sidéré. Que les politiques déposent leurs insignes aux portes du stade.


En quoi la rénovation est-elle nécessaire?

Jean Bouin doit être détruit. Le béton est pourri, il s'effrite. II n'y a pas encore de problème de sécurité, mais il y en aura bientôt. Depuis dix ans je me bats pour que le stade soit rénové, car la moitié des places sont à l'air libre. On joue demain contre Edimbourg, et comme chaque semaine on guette la météo en espérant qu'il ne pleuve pas. Le problème de la France c'est que ses stades sont sous équipés. Le Stade Français est quand même à la ramasse grave en matière d'équipement, alors qu'on est cinq fois champions de France en dix ans. Même Toulon a un stade plus grand que nous.

Des riverains sont vent debout contre le projet. Comment l'expliquez vous?

Ils sont désinformés et manipulés. L'emprise du nouveau stade sera la même, il n'y a pas un gros champignon qui va naître dans le quartier. Ce sera simplement joli et fonctionnel. Ce sera un plus pour le quartier, un beau monument urbain au lieu de la ruine actuelle. Jean Bouin va valoriser les appartements qui sont autour. De plus, le rugby n'a jamais été une nuisance pour le quartier. Il n'y a jamais de policiers lorsque l'on joue. Les commerçants de l'arrondissement sont favorables au rugby. Le maire du 16e sous estime beaucoup la popularité de ce sport dans le 16e.


Pourquoi y aurait-il manipulation?

Certains veulent récupérer Jean Bouin pour en faire autre chose. Un grand dôme consacré au tennis par exemple et dans lequel on pourrait faire aussi des concerts, un Bercy bis. Ca, on oublie de le dire aux riverains.


Il y a même une opposition des autres utilisateurs du stade.

Les gens du Paris Jean Bouin n'ont jamais supporté qu'on y joue. On est tolérés, on n'a jamais été acceptés. Le site de Jean Bouin est confisqué depuis des années par des gens qui en ont fait leur précarré, qui veulent faire leur petit footing ou leur partie de bridge. C'est pourtant le rugby qui amène du monde à Jean Bouin.


Quelles seraient les autre solutions?

Une solution inimaginable serait de détruire Charléty pour en faire un stade de rugby. Mais on ne peut rien toucher du stade actuel, c'est protégé par les droits d'architectes. Si il était possible d'y jouer en l'état, on le ferait, on n'est pas débiles.


Que répondez-vous à ceux qui suggèrent que Bertrand Delanoë vous fait une faveur?

C'est mal connaître Delanoë. La Ville ne fait pas un mauvais investissement car elle se remboursera à long terme sur les loyers, les locaux commerciaux, les parkings, les redevances que nous paierons. De plus la revendication que Jean Bouin soit rénové est antérieure à l'arrivée de Delanoë. Même Sarkozy avait dit qu'il fallait le faire. Ce projet, ce n'est pas une question de personnes, mais si c'est ça la condition pour que le stade se fasse, je suis prêt à démissionner. Je souhaite juste qu'il y ait un stade de rugby à Paris.