NATATIONLeveaux nage en plein spleen

Leveaux nage en plein spleen

NATATIONAprès le décès de son père, le sprinteur n'est pas certain de s'aligner sur 50m, vendredi...
Romain Scotto

Romain Scotto

De notre envoyé spécial à Rome,


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Le géant de Mulhouse clopine tête baissée vers les vestiaires. Les séries du relais se terminent à peine, dimanche dernier, quand une voix interrompt sa marche silencieuse. «Ça va Amaury?, tu sens que t'en as encore un peu sous le pied?» Réponse immédiate, à demi-mots: «Ouais, ouais...» Leveaux a donc opté pour la méthode Coué pour masquer son mal-être. Il ne savait pas à ce moment-là que ses Mondiaux étaient peut-être déjà terminés.


A quelques heures de son entrée en lice sur le 50m nage libre, l'élève de Lionel Horter n'est pas certain d'être au départ de sa série, vendredi matin. Mardi, Amaury Leveaux a appris le décès de son père, dont il n'était pas forcément très proche. Un coup de massue supplémentaire pour enterrer celui qui était déjà «au bout du rouleau», selon son entraîneur.

Privé de sa combi


Mercredi, Horter n'a pas souhaité s'épancher sur le sujet, à l'issue de la demi-finale d'Aurore Mongel, qu'il entraîne également. «Je n'ai rien à dire. Si ce n'est qu'Amaury est dans un moment difficile de sa vie. Il est ici pour l'instant. En ce qui concerne les jours suivants, c'est lui qui décide.» Touché, le vice-champion olympique du 50m n'a pourtant pas attendu ce drame pour vaciller.


Leveaux a débuté ses championnats dans l'inconnu, la tête noyée par les histoires de combinaisons. Sponsorisé par Tyr, il ne disposait que d'une Jaked bardée de trous, après un envoi à la Fina pour homologation. La veille du relais, Leveaux ne savait toujours pas avec quoi il allait plonger. Il a finalement opté pour une Arena X-Glide. Un équipement qui le relègue à près d'une seconde des meilleurs et lui coute sa place en finale.

«Des petits gestes, des petites paroles»


Selon Horter, il prend cette mise à l'écart avec philosophie. Mais rarement Christian Donzé, qui a vu débarquer Leveaux chez les juniors, n'a vu le sprinter aussi marqué. «La première fois que je l'ai côtoyé, c'était en 2002, à Linz dans un bassin en inox. Il avait fait 24'75 au 50m pap. Sixième.» Côté stats, le DTN français est un vrai disque dur: «tu veux son temps en 2003? 54'21 au 100m pap et 50'20 au 100m nage libre.» On l'a compris, le franc-comtois sait de qui il parle.


«Il fait partie de ces gens avec qui on n'a pas besoin de parler longtemps pour savoir ce qu'il pense, décrit Donzé. Il suffit de le croiser pour comprendre ce qu'il se passe, ce qu'il a envie de dire. Ce sont des petits gestes, des petites paroles.» Comme un «ouais, ouais», lâché à la sauvette au bord d'un bassin.